La facture totale des besoins de l'économie chypriote fait boule de neige

Un document préparatoire à la réunion de l’Eurogroupe aujourd’hui fait état d’une hausse des besoins de 17,5 à 23 milliards d’euros
Patrick Aussannaire

La situation de Chypre est encore plus grave que prévu. Un document préparatoire de la troïka et de la Commission européenne à la réunion des ministres des Finances européens qui se tiendra aujourd’hui dresse un état des lieux alarmant de la situation économique de Chypre, avec une facture totale des besoins de l'île qui a augmenté à 23 milliards d’euros d’ici la fin 2016, au lieu des 17,5 milliards prévus jusqu’ici. Et c’est le pays qui en supportera le coût, puisque sa contribution personnelle passe de 7,5 milliards d’euros prévus dans le mémorandum de novembre à 13 milliards. La Troïka apportant les 10 milliards restants dans le cadre du plan conclu le mois dernier.

Si le document confirme l’engagement de Nicosie de céder des réserves d’or pour un montant de 400 millions d’euros, l’essentiel de sa contribution proviendra des ponctions sur les dépôts supérieurs à 100.000 euros dans les deux principales banques du pays, qui devraient finalement rapporter 10,6 milliards et non plus 5,8 milliards. Les hausses d’impôts permettraient de récolter 600 millions d’euros et les privatisations, 1,4 milliard.

Mais une aggravation de la récession dans le pays pourrait entrainer une nouvelle hausse des besoins. Leur estimation est actuellement calculée sur la base d’une contraction de l’activité de 8,7% cette année et de 3,9% en 2014, soit 12,5% sur deux ans. Des estimations qui paraissent néanmoins optimistes, les économistes craignant une rafale de défauts de paiement des ménages et des entreprises qui alourdirait la facture des banques, et des comptes publics. Dans ce contexte, Nomura prévoit une récession de 20% sur les deux exercices. Et la prévision de retour à une croissance de 1,1% en 2015 et 1,9% en 2016 reste très incertaine.

Hier, les autorités ont allégé partiellement les mesures de contrôle des changes mises en place le 28 mars pour éviter une ruée vers les guichets en autorisant les transactions bancaires internes supérieures à 300.000 euros et relevant le plafond des paiements à l'étranger sans autorisation pour les sociétés à 20.000 euros, contre 5.000 auparavant.

Signe de l’ambiance délétère qui règne dans le pays: dans une lettre adressée hier soir au président du pays, le président de la BCE, Mario Draghi, a pris la défense de son homologue chypriote, Nicos Anastasiades. Celui-ci subit les attaques du gouvernement qui souhaite lui faire endosser la responsabilité de la faillite du secteur bancaire et réclame sa démission.

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