La croissance américaine affiche un rebond en trompe-l'œil

Le restockage a tiré à 2,8% le rythme de croissance annualisé au troisième trimestre. Pas de quoi inciter la Fed à baisser la garde
Alexandre Garabedian

Les statistiques de l’emploi américain, publiées cet après-midi, s’annoncent difficiles à lire. Le consensus des économistes table sur 120.000 créations d’emploi en octobre, mois où le «shutdown» de l’administration a pris effet pendant 15 jours, et une remontée du taux de chômage de 7,2% à 7,3%. De quoi brouiller les prévisions autour de la date de début de l’assouplissement quantitatif de la Fed.

Les chiffres de la croissance du troisième trimestre, publiés hier en première estimation, ne sont guère plus éclairants. En apparence, la croissance du PIB a largement dépassé les attentes (2%) et a accéléré à 2,8% en rythme trimestriel annualisé, contre 2,5% au deuxième trimestre. La décomposition de cette statistique invite cependant à la prudence. La variation des stocks a apporté à elle seule 0,8 point de hausse. La contribution nette des exportations a eu un effet positif de 0,3 point. Deux données susceptibles d’être révisées à la baisse en deuxième estimation, lorsque les statistiques définitives pour le mois de septembre seront disponibles.

Dans le même temps, le rythme de croissance de la demande domestique a ralenti d’un trimestre à l’autre, et les dépenses d’équipement des entreprises sont en baisse. «Les statistiques sont en ligne avec le scénario d’une croissance modeste pour la première partie de l’année 2013 en raison des effets du durcissement budgétaire puis d’un renforcement progressif dans la deuxième partie de l’année, estime Inna Mufteeva, économiste chez Natixis. Nous voyons cependant des vents contraires, tels que les incertitudes budgétaires liées aux négociations politiques catastrophiques d’octobre, qui pourraient ralentir la croissance du quatrième trimestre».

Le rythme de croissance de l’économie américaine, qui ferait pâlir d’envie les pays de la zone euro, reste par ailleurs insuffisant pour accélérer la baisse du chômage, boussole de la Fed. «En termes nominaux, le taux de croissance annuel du PIB américain depuis le début de l’année reste remarquablement stable à 3,1%, souligne Alexandra Estiot, chez BNP Paribas. Cela explique pourquoi les conditions sur le marché du travail ne s’améliorent pas significativement». Avec un taux de participation constant – le nombre d’Américains sur le marché de l’emploi – ajusté des évolutions démographiques, le «vrai» taux de chômage aux Etats-Unis atteindrait 9,3% et non pas 7,2%, rappelait récemment M&G Investments.

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