La Cour portugaise met Lisbonne en difficulté face à la Troïka

La décision de la Cour constitutionnelle annulant des mesures budgétaires tombe mal alors que le Portugal veut renégocier sa dette
Krystèle Tachdjian

Les marges de manœuvre de Lisbonne sont réduites. Après le rejet vendredi dernier par la Cour constitutionnelle portugaise d’une série de mesures d’austérité budgétaire, le gouvernement n’a pas le choix. Il va devoir procéder à de sévères coupes de dépenses dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la sécurité sociale. C’est ce qu’a indiqué le premier ministre portugais Pedro Passos Coelho. Le dirigeant a cependant précisé qu’il n’augmenterait pas davantage les impôts.

La décision de la Cour portugaise crée un manque à gagner de 1,3 milliard d’euros ce qui représente plus de 20% du total des mesures planifiées pour cette année, et environ 0,8% du produit intérieur brut. Les juges portugais ont considéré comme discriminatoire la suppression du quatorzième mois de salaire versé aux fonctionnaires, la baisse des primes des retraités et la réduction des allocations chômage et maladie. Cette décision complique la donne pour le gouvernement qui table sur un déficit budgétaire de 5,5% en 2013 mais légitime aussi des réformes structurelles profondes, jusque-là difficiles à faire passer.

Le verdict de la Cour constitutionnelle rend aussi la position du Portugal «plus fragile» face à ses créanciers internationaux, a déclaré Pedro Passos Colelho. La Troïka se rendra à Lisbonne à la suite de l’invalidation des mesures budgétaires, a annoncé hier le ministre des finances portugais.

Cela tombe au plus mal alors que le pays souhaite négocier un allongement des délais de remboursement des prêts accordés par la Troïka (FMI, Union européenne, Commission européenne) dès la fin de cette semaine lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Dublin. La révision de cet échéancier est cruciale car elle est censée faciliter le retour complet du pays sur les marchés obligataires en 2013.

«Le Portugal doit faire face à des remboursements importants en 2014 et 2015, souligne Jesus Castillo, analyste chez Natixis. Dans les conditions actuelles, l’ampleur des besoins de refinancement augmentée d’une réduction plus lente du déficit pourrait hypothéquer le retour du pays vers un mode de financement normal via les marchés de capitaux comme il a tenté de le faire avec une première émission de titres à 3 ans et 5 ans au début de l’année». Dans ce contexte, les taux d’intérêt des obligations portugaises à 10 ans se sont tendus hier d’environ 3,5 points de base sur le marché secondaire à quelque 6,2%.

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