La concentration dans les télécoms inquiète en Grande-Bretagne

Le régulateur Ofcom estime que passer de 4 à 3 opérateurs fera monter les prix sans favoriser l’investissement.
Antoine Landrot

La concentration en cours du secteur des télécoms au Royaume-Uni, qui vient de vivre deux transactions majeures cette année, inquiète les autorités. Dans un discours prononcé mercredi soir à l’occasion d’une conférence à la London School of Economics and Political Science, Sharon White, directrice générale d’Ofcom, le régulateur des communications britannique, s’est ouvertement alarmée des conséquences néfastes du phénomène. Depuis le début de l’année, deux opérations majeures sont en cours au Royaume-Uni: l’acquisition d’EE, la filiale britannique d’Orange et de Deutsche Telekom, par BT et la vente d’O2 (filiale de l’espagnol Telefonica) au hongkongais Hutchison Whampoa (qui contrôle déjà Three Mobile). «Si la vague actuelle de fusions continue, des risques pèsent sur les consommateurs et les entreprises, qui ont bénéficié de l’un des marchés les plus concurrentiels de ces dernières années», a déclaré Sharon White.

Ofcom a déjà notifié à l’Autorité des marchés et de la concurrence britannique (CMA) ses réserves concernant l’opération de BT, qui réduirait la concurrence dans le mobile, puisque, par l’acquisition d’EE, l’opérateur historique dans le fixe ne serait plus un nouvel entrant à proprement parler, à même de bousculer le marché. Concernant la fusion entre O2 et Three Mobile, qui créerait le numéro un britannique avec 40% de parts de marché (selon Analysys Mason), Sharon White a également exprimé de fortes réserves: «L’opération réduirait le nombre d’opérateurs mobiles de quatre à trois. Three ne pourrait en outre plus être considéré comme un nouvel entrant. [...] L’opération a été notifiée à la Commission européenne et nous lui apporterons des éléments factuels concernant les conséquences pour les consommateurs».

Elle confirme l’opinion émise par la commissaire européenne Margrethe Vestager la semaine dernière, selon laquelle la réduction du nombre de fournisseurs à trois peut faire monter les prix, mais ne conduit pas à accroître l’investissement par abonné, contrairement à ce qu’affirment les opérateurs. «La concentration peut en théorie avoir des avantages – comme améliorer les économies d’échelle et faciliter le financement de l’investissement. Mais l’expérience d’Oxfom montre que c’est la concurrence – et non la concentration – qui motive l’investissement et conduit à baisser les prix», poursuit Sharon White.

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