La Chine va se doter d’une bourse des terres rares

Pékin continue de réorganiser la filière de ces minerais très convoités pour garder la main sur un secteur stratégique
Olivier Sasportas, à Pékin

La ville de Baotou, en Mongolie Intérieure, devrait d’ici le mois d’août se doter d’une bourse dédiée aux terres rares, ces minerais utilisés aussi bien dans la fabrication des moteurs hybrides, des turbines à vent ou des missiles. Deux entreprises, dont la Baotou Steel Rare Earth Group Hi Tech, le premier producteur du pays, seront en charge de la future plateforme censée apporter transparence et stabilité des prix.

La Chine qui détient 37% des réserves mondiales de terres rares mais contrôle 97% de la production actuelle, réaffirme ainsi le tournant stratégique opéré en 2010 avec l’instauration de quotas à l’exportation. La volonté affichée par Pékin de réguler un secteur jusque là très profitable à ses partenaires commerciaux avait alors provoqué une levée de boucliers diplomatiques et l’inquiétude des industries consommatrices.

Au vu des derniers développements orchestrés par Pékin, la flambée des prix consécutive au chamboulement du marché devrait se poursuivre. Sur la première moitié de 2011 les quotas d’exportations ont encore été baissés de 35% par rapport à 2010. Et rien que pour le mois d’avril, selon les douanes chinoises les exportations auraient chuté de 53% par rapport à l’année dernière.

Toujours dans le registre des contraintes, plus tôt ce mois-ci le ministère du Commerce a décidé de soumettre aux quotas les alliages ferreux contenant au moins 10% de terres rares. Les taxes imposées ont été fortement revues à la hausse et la semaine dernière le cabinet a annoncé le gel de l’expansion des sites de production par séparation pour les cinq prochaines années.

Premier consommateur et importateur de minerai de fer au monde, la Chine a très mal vécu son incapacité à s’organiser face aux trois géants miniers, Rio Tinto, BHP et Vale. Incapable d’imposer ses conditions malgré son statut, elle se voit également distancée par l’Inde et Singapour dans le nouveau processus de financiarisation de ce marché.

C’est avec ce passif que les autorités ont récemment dévoilé leur volonté de concentrer 80% de l’industrie des terres rares lourdes – la plus lucrative – entre les mains de trois champions nationaux, pour mieux défendre les intérêts du pays. La future bourse des terres rares s’inscrit dans ce projet.

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