La BoE demande plus de transparence aux chambres de compensation

La banque centrale britannique s’inquiète de la procyclicité potentielle des modèles de calcul de marges initiales
Solenn Poullennec

La Banque d’Angleterre (BoE) appelle les chambres de compensation à donner plus de détails sur la façon dont elles calculent les marges appliquées aux portefeuilles de dérivés pour mieux prévenir les risques de déstabilisation du système financier.

Une étude publiée par la banque centrale la semaine dernière souligne que les modes de calcul des marges initiales «peuvent varier assez largement en termes de procyclicité» et suggère de les rendre plus transparents pour aider «les membres des chambres de compensation et leurs clients à anticiper des augmentations potentielles des marges et à se préparer en conséquence».

Aux yeux des auteurs de l'étude, il est essentiel que les acteurs puissent mieux anticiper les exigences auxquelles ils devront potentiellement faire face car le système de marges de chambres de compensation peut être procyclique. Les marges augmentent en période de crise et lorsqu’elles «ne peuvent pas être respectées grâce à de la liquidité à portée de main, elles provoquent soit des ventes d’actifs, soit des défauts, lesquels sont tous deux déstabilisateurs». L’incapacité d’AIG à répondre à ses appels de marges a ainsi conduit l’assureur à devoir être sauvé par la Réserve fédérale en 2008.

La question de la procyclité potentielle des marges des chambres de compensation est d’autant plus importante que la compensation centralisée de nombreux produits financiers est déjà obligatoire ou en passe de le devenir aux Etats-Unis et en Europe. Par ailleurs, l'étude publiée par la BoE fait valoir que les marges sont imposées par les chambres de manière unilatérale : les clients n’ont d’autre choix que de s’y conformer.

En ayant plus d’informations sur les «propriétés procycliques» des calculs de marges, les régulateurs pourraient avoir une idée des besoins potentiels par rapport au collatéral disponible, selon le rapport. Les autorités pourraient aussi étudier la possibilité de limiter la procyclicité de ces modèles de calcul, par exemple en imposant des «limites de vitesse» sur les appels de marge.

Les chambres de compensation pourraient accueillir cette demande de plus de transparence avec circonspection. L’organisation internationale des régulateurs de marchés, Iosco, a lancé une consultation l’année dernière sur les informations que les chambres pourraient être amenées à rendre publiques. Dans sa réponse, l’association européenne des chambres de compensation explique que bon nombre d’informations doivent rester confidentielles.

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