La BCE annonce le retour d’une tendance à l’intégration des marchés

Le mouvement, imprimé par la monnaie unique puis stoppé par la crise, se manifeste surtout sur le marché obligataire.
Florence Autret, à Bruxelles

Nous observons un rebond dans l’intégration financière», explique le directeur général adjoint en charge de la recherche à la Banque centrale européenne. Philipp Hartmann présentait hier les résultats du 8e rapport de la BCE sur le sujet. L’indice composite Fintecs qui agrège des indicateurs sur les marchés obligataire, monétaire, d’action et bancaire est pratiquement revenu au niveau où il était au moment du crack de 2008. Avait suivi un mouvement de fragmentation lié tant à la crise bancaire qu’à celle de l’euro. L’inflexion a commencé à se faire sentir à partir de 2013 suite aux premières mesures de politique monétaire non conventionnelles de 2012 et signale, selon la BCE, les premiers effets de l’union bancaire.

C’est dans le secteur obligataire que le mouvement est le plus net. «Les indicateurs sur le marché du souverain suggèrent une segmentation du marché résiduelle limitée, sinon inexistante», relève la BCE. Une appréciation tempérée par Karel Lannoo, directeur du CEPS. «Cela s’améliore mais on reste très en dessous de 2008», constate-t-il. Les détentions transfrontalières de titres par des institutions financières restent inférieures à 2008: un peu moins de 25% pour les souverains dans la zone euro (contre 37% environ en 2008), un peu moins de 15% (contre 20%) pour les titres corporates.

Sur le marché bancaire, les spreads de taux des prêts aux entreprises qui avaient atteint un sommet en 2013, reculent. Mais le degré d’intégration reste dramatiquement bas: les prêts bancaires transfrontaliers aux entreprises représentent moins de 10% des encours, ceux aux institutions financières sont remontés à 27% après avoir atteint 35% en 2008 et la concurrence transfrontalière dans le marché du détail (prêts à la consommation et immobilier) est quasiment nulle. De surcroît, «on assiste à un recul des activités transfrontalières des groupes», note Karel Lannoo, recul dont le dernier signe est le retrait de Barclays du marché espagnol avec la vente cette année de sa filiale à Caixa.

Enfin, la normalisation du marché monétaire avec «la baisse du niveau de l’excès de liquidité» soulignée par la BCE, va de pair avec une généralisation du recours aux collatéraux, qui était l’exception avant 2008. «C’est un changement majeur car ces titres, qui servent de lubrifiant aux marchés, ne sont plus utilisables sur d’autres segments», relève l’économiste.

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