Julius Baer fait les frais de la crispation suisse sur les salaires des patrons

Les actionnaires ont rejeté hier à 63,9% le rapport des rémunérations des dirigeants. La banque espère intégrer 80% des actifs rachetés à BoA cette année
Alexandre Garabedian

Credit Suisse et UBS, qui tiennent leurs assemblées générales annuelles respectives le 26 avril et le 2 mai, peuvent se faire du souci. Les actionnaires de leur concurrent Julius Baer ont rejeté hier en AG le rapport de rémunération 2012 de la banque privée suisse, à 63,9%. «Le conseil d’administration prendra les mesures appropriées pour obtenir un vote positif à la prochaine assemblée générale», a déclaré le groupe.

Le vote d’hier était simplement consultatif, mais il illustre la crispation croissante des Suisses face aux rémunérations de certains grands patrons. Il s’agit du premier rejet du genre depuis que le pays a approuvé le mois dernier par référendum le principe d’un «say on pay» contraignant sur les rémunérations des administrateurs et des dirigeants de sociétés cotées.

Dans le cas de Julius Baer, les principaux dirigeants se sont vu attribuer au titre de 2012 une rémunération totale de 15,2 millions de francs suisses, en hausse de 17% sur un an. Le directeur général Boris Collardi a obtenu à lui seul 6,67 millions (+13%), dont 800.000 francs de prime exceptionnelle pour l’acquisition l’an dernier des activités de banque privée de Bank of America Merrill Lynch hors des Etats-Unis.

Deux associations suisses d’actionnaires, Actares et Ethos, prônaient le rejet du rapport des rémunérations. Le caractère discrétionnaire de la prime pour la transaction BoA Merrill Lynch, l’absence de plafond aux rémunérations variables, et le fait que la part différée des bonus ne le soit qu’à moins de 3 ans, constituaient autant de pommes de discorde.

L’action Julius Baer, en hausse de près de 13% sur 2013, a affiché un total return négatif de 10% l’an dernier. Les coups de canifs portés au secret bancaire suisse valent au groupe une enquête du département de la Justice américain en compagnie de dix autres banques et le forcent à passer à un modèle de gestion onshore. «Cela conduira sans nul doute à quelques ajustements douloureux», a indiqué hier son président Daniel Sauter.

D’où le rachat des activités de BoA Merrill pour diversifier sa base de revenus. La filiale suisse de la banque américaine (11 milliards de francs sous gestion) a intégré le giron de Julius Baer à Zurich le 1er février. Monaco et le Luxembourg ont suivi le 2 avril. Boris Collardi a précisé hier que 80% des actifs repris pourraient être traités sur la plate-forme de Julius Baer d’ici à fin 2013.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...