Hong-Kong défend son arrimage au dollar malgré la flambée immobilière

L’autorité de l’île est contrainte de multiplier les interventions sur le marché des changes, qui engendrent une hausse de l’immobilier et des actions
Patrick Aussannaire

Hong-Kong reste solidement accroché au dollar (peg). L’autorité monétaire de l’île Etat (HKMA) est intervenue hier sur le marché des changes pour la cinquième fois en deux semaines en cédant 2,71 milliards de sa propre devise (270 millions d’euros) pour la maintenir sous la borne haute de fluctuation autorisée contre le billet vert. L’autorité était intervenue à hauteur de 603 millions de dollars le 19 octobre pour la première fois depuis 2009. «Les interventions récentes du HKMA consistent à émettre de l’argent frais pour le céder ensuite», explique la société de gestion Riskelia.

De quoi maintenir le dollar local à 7,7501, alors que la parité anticipée à 2 ans se renforçait à 7,7397 pour une fluctuation bornée entre 7,75 et 7,85. «Nous resterons très vigilants sur la situation afin de maintenir la stabilité du taux de change dans le cadre du mécanisme établi par le comité de pilotage de la politique de change», a indiqué le HKMA.

Une politique qui n’est pas sans conséquence dans la mesure où elle «transmet mécaniquement la politique monétaire très accommodante de la Fed, ce qui conduit à un afflux massif de fonds dans l’immobilier», explique la société de gestion GaveKal. Selon une étude conjointe de Daiwa Capital Markets et de CBRE, malgré une hausse des prix immobiliers de 20% depuis le début de l’année favorisée par une forte présence d’acheteurs chinois, l’île manquera de 9 millions de mètres carrés de bureaux commerciaux d’ici à 2020 pour répondre à la demande croissante de locaux des sociétés étrangères, estimée à 4% par an. De quoi alimenter la hausse des prix «pour un certain temps» comme le reconnaît le HKMA, et ceci malgré l’instauration d’une taxe de 15% frappant les investissements des non-résidents dans l’immobilier local.

La défense du peg s’est également accompagnée d’une surperformance du Hang Seng par rapport à l’ensemble des indices asiatiques, comme l’indique Riskelia. L’indice a progressé de 8,4% en un mois, contre 4,5% pour le Sensex indien et une baisse de 1,2% pour l’indice de Shanghai.

L’ancien directeur du HKMA, Joseph Yam, milite depuis plusieurs mois en faveur d’une indexation basée sur un panier de devises. Mais GaveKal estime qu’une politique monétaire indépendante «reste peu probable tant que le yuan ne sera pas entièrement convertible», et doute de la capacité actuelle des autorités à gérer les conséquences d’un tel système.

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