H2O AM et ses dirigeants encourent des sanctions historiques

Le collège de l’AMF a requis une sanction record de 75 millions d’euros contre la société de gestion, et de 18 millions contre ses dirigeants, avec interdiction d’exercer pour son fondateur Bruno Crastes.
AMF,  Autorité des marchés financiers
AMF, Autorité des marchés financiers  -  RK.

L’Autorité des marchés financiers sort le bazooka contre H2O AM et ses dirigeants. Le collège du gendarme boursier a requis vendredi une amende de 75 millions d’euros ainsi qu’un blâme contre la société de gestion, qui avait dû geler plusieurs de ses fonds en 2020 après avoir investi dans des actifs illiquides liés au sulfureux financier allemand Lars Windhorst. Il s’agit d’une sanction record dans les annales de l’AMF.

Les deux cofondateurs de H2O AM, Bruno Crastes et Vincent Chailley, ne sont pas en reste. Le premier encourt une amende de 15 millions d’euros, le maximum prévu par la loi, ainsi qu’une interdiction d’exercer une activité de gérant ou de dirigeant d’une société de gestion pendant 10 ans en Europe. Le second écoperait d’une amende de 3 millions d’euros et d’un blâme si la commission des sanctions suit les réquisitions du collège.

Ex-affilié de Natixis IM qui en détient toujours 23,4% du capital après avoir dénoué une partie de ses liens en 2022, H2O AM a piégé des milliers d'épargnants en gelant des fonds investis en obligations illiquides du groupe Tennor, lié à Lars Windhorst. Un article du Financial Times, en juin 2019, avait révélé ces liens, déclenchant des retraits massifs. L’affaire avait assombri le mandat du directeur général de Natixis à l'époque, François Riahi, remplacé un an plus tard par Nicolas Namias.

D’autres procédures à venir

Le collège de l’AMF reproche à la société de gestion d’avoir violé les règles d’investissement figurant dans les prospectus de ses fonds. H2O AM a aussi cassé le ratio d’emprise qui interdit à un fonds de détenir plus de 10% d’un même actif. L’asset manager a enfin mené des opérations d’achat/vente avec Tennor sur les titres émis par la galaxie Windhorst, une pratique jugée illicite. La commission des sanctions devrait rendre son verdict dans les toutes prochaines semaines.

Cette procédure n’est que la première d’une longue série. Au Royaume-Uni, le gendarme financier britannique, la Financial Conduct Authority, a aussi engagé des poursuites, un risque que H2O AM a provisionné dans ses comptes. En France, un procès au civil intenté par le Collectif Porteurs H2O, qui dit rassembler désormais 1.600 investisseurs particuliers et professionnels floués, est attendu début 2023. Une sanction lourde de l’AMF leur donnerait des arguments.

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