
Gestion d’actifs : le récap du mois d’août

Précédemment en août… Si vous étiez en vacances, L’Agefi vous propose un récapitulatif non exhaustif des principaux événements survenus pendant le mois d'été.
La saga de l’été, autour de l’avenir de GAM, a tenu le secteur en haleine pendant tout août, avec de multiples rebondissements.
Pour mémoire, la société de gestion suisse, en difficulté depuis plusieurs années, se cherchait un acquéreur pour sortir de l’ornière. En avril, elle annonce avoir entamé des discussions avec son homologue britannique Liontrust, qui finit par lancer une offre d’acquisition en juin, soutenue par la direction. Un groupe d’investisseurs réfractaires, incluant Xavier Niel et regroupés au sein de Newgame, surgit alors pour s’opposer à ce rachat et proposer une alternative.
Début août, après plusieurs reports, Liontrust a de nouveau prolongé son offre, au 23 août, entretenant un peu plus longtemps le suspense sur l’issue de cette opération. Une décision qui a poussé Newgame, qui contrôle 9,6 % du capital de GAM, à demander l’ajournement de l’assemblée générale extraordinaire que le groupe d’investisseurs avait lui-même convoquée, pour évincer le conseil d’administration de la société zurichoise. GAM refuse et Newgame retire alors ses propositions, vidant de fait l’ordre du jour de l’assemblée générale, que le gestionnaire suisse se voit contraint d’annuler.
Quelques jours plus tard, Newgame propose à GAM un prêt relais de 20 millions de francs suisses en cas d’échec de l’offre de Liontrust. Ce à quoi la société suisse répond qu’elle a besoin de beaucoup plus d’argent.
A l’approche de la clôture de l’offre, la tension monte et Newgame accuse le patron de Liontrust d’avoir diffusé des informations mensongères en vue de rallier à sa cause les actionnaires de GAM et publie les échanges de mails le démontrant.
Cela ne changera pas grand-chose. Le 24 août au matin, on apprend que la société de gestion britannique est loin du compte et que son offre est un échec, comme on pouvait s’y attendre au vu des chiffres dévoilés par inadvertance pendant le mois d’août par la Bourse suisse. Dans la foulée, GAM entame des négociations avec Newgame, lequel lui accorde un prêt de 20 millions de francs suisses. Le conseil d’administration de GAM accepte de démissionner et une assemblée générale doit être convoquée fin septembre. Une nouvelle direction sera nommée. Newgame a d’ores et déjà proposé son directeur général : Randy Freeman, un homme bien connu de l’univers des hedge funds.
Des nouvelles d’Odey AM et de H2O AM
L’autre série de l’été est celle de la désintégration d’Odey Asset Management après que son fondateur a été accusé d’agression sexuelle en juin. La société continue d’organiser son démantèlement et négocie le transfert des fonds de son gérant Freddie Neave. Un fonds marchés émergents a été fermé et la société a quitté ses bureaux prestigieux de Mayfair pour un espace de co-working.
Un épisode du feuilleton H2O Asset Management, société aussi basée à Mayfair, est aussi venu égayer le mois d’août. L’Agefi a appris que le Conseil constitutionnel ne statuera pas sur l’affaire de la société de gestion de Bruno Crastes. La justice a rejeté la demande de transmission d’une question prioritaire de constitutionnalité. Le Conseil d’Etat doit encore se prononcer sur le fond concernant l’amende de 93 millions d’euros infligée par l’Autorité des marchés financiers.
Par ailleurs, dans un communiqué daté du 8 août, la société note que H2O AM Europe (entité basée à Paris) et H2O AM LLP (entité basée à Londres) ont enregistré des bénéfices respectifs de 23 millions d’euros et 35 millions de livres sterling en 2022. Concernant le bénéfice de H2O AM LLP, la firme précise qu’il s’agit du bénéfice réalisé avant provision de 65,5 millions de livres (75 millions d’euros) correspondant à la sanction record infligée fin 2022 par l’AMF au gestionnaire d’actifs.
Résultats semestriels, suite et fin
Août a aussi été marqué par les dernières publications de résultats semestriels des sociétés de gestion cotées ou appartenant à des groupes cotés.
C’est le cas d’Axa Investment Managers, qui a annoncé une décollecte de 7 milliards d’euros sur le premier semestre. Quelques jours plus tard, la société de gestion a aussi confirmé qu’elle allait supprimer 90 postes dans le cadre d’une réorganisation de ses équipes Axa IM Core et de ses équipes en charge des opérations. Une large majorité de ces suppressions d’emplois concerne la France.
Du côté de BPCE, la collecte nette en gestion d’actifs au premier semestre 2023 atteint 2,2 milliards d’euros hors assurance-vie et marché monétaire.
A l’étranger, Janus Henderson a rechuté avec une décollecte nette de 500 millions de dollars au deuxième trimestre, alors qu’elle avait enregistré sa première collecte nette trimestrielle positive depuis 2017 ! Toutefois, le montant est bien inférieur à la décollecte de 7,8 milliards de dollars enregistrés sur la période correspondante de l’an dernier.
Autre entreprise convalescente depuis sa fusion, Abrdn a vu sortir 5,2 milliards de livres au premier semestre, ne parvenant pas à enrayer la décollecte. La société quitte par ailleurs l’indice FTSE 100 regroupant les 100 plus grandes sociétés cotées à la Bourse de Londres pour être reléguée dans le FTSE 250.
Enfin, l’activité de gestion d’actifs du groupe Allianz semble retrouver quelques couleurs. La collecte s’est élevée à 3 milliards d’euros au deuxième trimestre 2023. Ce montant, qui concerne la clientèle tiers, c’est-à-dire en dehors du réseau Allianz, se décompose entre 4 milliards d’euros de souscriptions nettes positives pour la filiale américaine Pimco et une décollecte de 1 milliard d’euros pour la filiale AllianzGI. Cette dernière a par ailleurs obtenu le feu vert des autorités chinoises pour créer une société de gestion de fonds locale.
Le grand retour de Commerzbank
Parmi les autres nouvelles importantes du secteur, notons le grand retour de l’allemand Commerzbank dans la gestion d’actifs. La banque allemande a annoncé, mardi 1ᵉʳ août, la création de Yellowfin Asset Management. Cette nouvelle entité, aux encours sous gestion de plus de 10 milliards d’euros, constitue désormais l’identité de l’activité de gestion active de Commerzbank. Yellowfin, dirigé par Andreas Neumann, sera l’un des trois piliers de la gestion d’actifs de Commerzbank aux côtés de Commerzbank Vermögensverwaltung (gestion de patrimoine) et Commerz Real (gestion alternative et actifs réels).
Quelques sociétés ont aussi réorganisé leurs équipes. C’est le cas de TCW, pour les équipes de gestion, et de JO Hambro Capital Management, dont la directrice générale est partie. En Australie, Magellan a nommé Andrew Formica, l’ancien patron de Jupiter, à la présidence de Magellan.
Enfin, BlackRock et Vanguard ont profité du mois d’août pour publier leurs rapports d’engagement. On y apprend que les géants américains de la gestion ont tous les deux moins voté en faveur des résolutions d’actionnaires sur l’environnement et le social sur la saison 2022-2023 des assemblées générales. Les deux justifient cette baisse par une inflation des résolutions et leur caractère trop prescriptif. Une tendance à surveiller de près en cette rentrée…
A lire aussi: Gestion d'actifs : le récap du mois de juillet
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