Chypre se dirige vers un programme d’aide plus large que prévu

L’audit de Pimco sur les banques, attendu le 3 décembre, permettra de chiffrer les besoins du pays, qui pourraient atteindre 17,5 milliards sur 2013-2016
Alexandre Garabedian

Chypre deviendra dans quelques jours le quatrième pays de la zone euro sous programme d’aide – après la Grèce, l’Irlande et le Portugal, et en attendant l’Espagne. Attendue vendredi, l’annonce officielle d’un accord a été reportée jusqu’à ce que les bailleurs de fonds internationaux aient une idée nette des besoins en capitaux du système bancaire local.

«Les premiers résultats d’une due diligence bancaire, attendus dans les prochaines semaines, alimenteront les discussions entre les prêteurs officiels et Chypre sur des solutions de financement compatibles avec la soutenabilité de la dette», ont indiqué le FMI, la Commission européenne et la BCE dans un communiqué. Ces résultats sont attendus le 3 décembre. Pimco est chargé d’évaluer le secteur.

Le ministre des Finances chypriote, Vassos Chiarly, avait estimé le 22 novembre que les besoins du pays pourraient atteindre 17,5 milliards d’euros sur la période 2013-2016, soit près de 100% du PIB annuel. Sur ce total, 6 milliards serviraient à refinancer la dette, 1,5 milliard les déficits, et 10 milliards à renflouer un secteur bancaire qui paie sa croissance échevelée des années 2000.

«Entre 1995 et 2012, le poids de la valeur ajoutée brute des services d’intermédiation financière a été presque multiplié par deux (9% au T2 2012), soit un ratio comparable à celui observé aujourd’hui au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, relève Alan Lemangnen, économiste chez Natixis, dans une récente note. L’actif total des banques chypriotes atteint plus de 750% du PIB au deuxième trimestre 2012», un niveau proche de l’Irlande. Gros détenteur de dette grecque, le secteur a été ruiné par la restructuration de dette du début 2012, avec 4,1 milliards d’euros de pertes pour les deux premiers prêteurs du pays, Bank of Cyprus et Popular Bank.

Si le montant de 17,5 milliards se confirme, «le paquet sera plus élevé qu’attendu, sans doute en raison des besoins en capitaux des banques», note Citigroup.

Quoique relativement faible par rapport aux autres programmes d’aide, celui-ci fera aussi grincer des dents car Nicosie est jugé peu regardant sur l’origine des fonds que les banques collectent. Le pays a connu à partir de 2006 des entrées massives de capitaux provenant de Russie et d’Asie centrale, et lorsque Chypre a été exclu des marchés de dette l’an dernier, Moscou lui a prêté 2,5 milliards d’euros pour couvrir ses besoins.

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