
Les entreprises de catégorie high yield optimisent leurs bilans

Les sociétés high yield poursuivent le travail de gestion de leur mur de dette, dont une partie importante arrive en 2024 et surtout 2025. L’un des moyens à leur disposition est de se livrer à des extensions de maturité (amend-and-extend) sur le marché des prêts (loans). Ces opérations se sont multipliées au cours des derniers mois dans un contexte de marché difficile, où la hausse des coûts de financement et le risque d’un ralentissement, voire d’une récession, pourraient mettre à mal les entreprises les plus endettées. D’où leur empressement à profiter de la moindre fenêtre de marché favorable. C’est le cas depuis début mai.
Idemia, l’ancien Oberthur Technologies rebaptisé en 2017après le rachat de Morpho, profite de ces marchés porteurs. La société cherche à étendre la maturité de son term loan B en euro et en dollar d’un montant de 2,1 milliards équivalent euros, deux ans après un premier amend-and-extend sur cette même facilité. L’opération est présentée comme une politique financière prudente ; elle intervient deux mois après l’abandon par Advent International, l’actionnaire d’Idemia, du projet de cession pour 4 milliards d’euros de la société française spécialisée dans la biométrie, en raison d’offres insuffisantes.
Les deux tranches de prêts, de 1,45 milliard d’euros et 642 millions de dollars, ont déjà fait l’objet en avril 2021 d’une extension de maturité jusqu’à 2026, sur la base d’une marge au-dessus du taux Euribor et du taux Libor relevée à 450 points de base (pb). «L’allongement des échéances est largement neutre pour le profil de crédit, car nous ne considérons pas que le risque de refinancement est aussi élevé pour Idemia, la majeure partie de sa dette étant due en 2024, avaient affirmé les analystes de Fitch Ratings à l’époque. Dans le même temps, l’allongement se fait au prix d’une augmentation de la charge d’intérêt et des frais de transaction, ce qui mettrait sous pression le ‘free cash flow’ en 2021.» Ces deux loans ont été mis en place fin 2016 lors de l’acquisition par Oberthur Technologies de Morpho, l’ex Safran Security and Identity.
Ce deuxième amend-and-extend entraîne une nouvelle hausse des frais financiers puisque l’extension des prêts à septembre 2028 est proposée sur la base d’une marge comprise entre 475 pb et 500 pb au-dessus de l’Euribor et du Libor et d’un prix à 98% (les titres cotaient 99% avant l’annonce de la transaction). Cela ferait ressortir un rendement compris entre 9% et 9,3% en euro et de 10,9% à 11,2% en dollar. Les investisseurs ont jusqu’au 29 juin pour répondre à la proposition.
Résultats solides
La société profite également de la solidité de ses résultats 2022 avec notamment la génération d’un cash flow libre positif. Moody’s a relevé à positive la perspective de sa note de crédit B3 sur le groupe français dans leur sillage. «La perspective positive s’explique par la bonne performance en 2022 qui a conduit à une amélioration des métriques de crédit à des niveaux correspondant à une note plus élevée, avec des incertitudes concernant la soutenabilité à moyen terme des données de 2022», déclaraient les analystes de Moody’s en mars dernier. Fitch avait déjà relevé à stable la perspective de sa note B en novembre dernier pour prendre en compte l’amélioration des résultats. S&P a rehaussé sa note à B en décembre 2022.
En 2021, la société a mis en œuvre un plan d’efficacité opérationnelle. Elle a bénéficié en 2022 d’un contexte porteur avec la pénurie de puces électroniques, d’un mix d’activité plus rentable et d’un effet de changes favorable. Le chiffre d’affaires a bondi de près de 20%, à 2,6 milliards d’euros (+12% à changes constants), tandis que la marge brute d’exploitation (Ebitda) a atteint 21% (contre 16,5% à 18% entre 2018 et 2021). Le levier d’endettement est passé sous 5 fois (contre près de 8 fois fin 2021) tandis que la société disposait de 366 millions d’euros de liquidités fin 2022 avec une facilité non tirée de 300 millions. Le cash flow libre pourrait se maintenir à 100 millions en 2023 et 2024, mais les analystes de Moody’s, comme de Fitch, s’interrogent sur la soutenabilité de tels niveaux de marges, surtout dans un contexte de ralentissement et de hausse des coûts salariaux.
BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, HSBC, JPMorgan et Société Générale CIB sont teneurs de livre sur la tranche euro et JPMorgan sur la tranche dollar.
A lire aussi: Le marché primaire corporate euro confirme sa reprise
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