
Safran lorgne des pépites tricolores de la défense

Sur le front des acquisitions, Safran s’est fait plutôt discret au cours des dernières années. Le dernier rapprochement d’ampleur du fleuron français de l’aéronautique et de la défense remonte à 2017, avecZodiac Aerospace. Une opération suivie un an après par le rachat des activités ElectroMechanical Systems (actionneurs de commandes de vol et d’équipements de cockpit) auprès de l’américain Collins Aerospace. En «stand-by» depuis le début de la crise sanitaire, la direction du groupe n’a cependant pas désarmé et porte aujourd’hui son regard sur certaines pépites tricolores réputées pour leurs technologies.
Selon nos informations, le groupe participe à la vente d’Orolia, une entreprise spécialisée dans la fiabilisation des signaux de type GPS et affichant 25 millions d’euros d’Ebitda. L’enchère organisée par Evercore et Rothschild & Co avait été révélée par L’Agefi le mois dernier. La remise des offres a eu lieu vendredi et le verdict est donc attendu dans les prochains jours.
Un partenariat signé en 2019
Pourquoi Safran s’intéresse-t-il tant à cette entreprise actuellement dans le portefeuille d’Eurazeo ? Car elle a développé des horloges atomiques à même de mesurer le temps au milliardième de seconde. Cette technologie équipe notamment certains satellites pour leur permettre de se localiser avec une très haute précision. Elle est d’ailleurs utilisée par Safran depuis 2019 pour améliorer ses solutions de positionnement, de navigation et de temps. En début d’année, Orolia a aussi fait parler d’elle en remportant un contrat de 70 millions d’euros pour équiper les constellations Galileo, le concurrent européen du GPS.
Pour l’emporter, Safran va devoir se montrer plus généreux que les fonds positionnés dans le processus de cession, à l’instar d’Astorg. Mais le fonds et l’industriel pourraient aussi chercher à se distinguer dans une autre enchère de place : celle de iXblue.
iXblue, l’autre pépite
Inconnue du grand public, iXblue est reconnue mondialement pour la conception et la fabrication d’équipements de haute technologie destinés aux domaines de la navigation, du positionnement et de l’imagerie sous-marine, ainsi que de la construction navale et de la photonique. Le gyromètre à fibre optique qu’elle développe équipe notamment le gyrocompas de secours des sous-marins nucléaires d’attaque français et est installé dans plusieurs satellites scientifiques et de télécommunications.
iXblue (30 millions d’euros d’Ebitda environ) est dirigée par son fondateur Hervé Arditty, qui a confié un mandat de cession à Crédit Agricole CIB. «La banque d’affaires est allée présenter la liste des potentiels acquéreurs à la Direction générale de l’armement. Le message est clair : un rachat par acquéreur stratégique étranger est banni», note une source proche du dossier. Une précaution d’autant plus importante que certaines transactions avaient été bloquées par l’exécutif dans un passé récent, comme celle de Photonis à l’américain Teledyne. Le fabricant français de systèmes de vision nocturne avait finalement été racheté en début d’année par la société d’investissement HLD – également intéressée pour acquérir iXblue. Les stigmates de la perte du «contrat du siècle» sont aussi dans toutes les têtes.
Sur le dossier iXblue, Safran pourrait aussi batailler contre des groupes du calibre de Naval Group, qui a intégré les solutions de la pépite technologique pour assurer la navigation des futurs bâtiments ravitailleurs de forces de la Marine nationale. «S’il y a des opportunités d’acquisitions pour renforcer au fil de l’eau nos activités dans la défense, nous les regarderons. La crise démontre l’intérêt de le faire en termes de résilience. Il faut toutefois que cela fasse sens en termes technologique et économique», a expliqué le directeur général du groupe, Olivier Andriès, lors d’une interview accordée en mai dernier à L’Usine Nouvelle. Contacté, Safran n’a pas souhaité commenter.
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Les trois pays, réunis sous l’acronyme E3, «ont réitéré l’offre d’extension» du délai avant un rétablissement des sanctions (dit «snapback»), «proposée il y a près de deux mois», a expliqué à l’AFP une source diplomatique française. «Il revient à l’Iran de s’en saisir au plus vite en faisant les gestes concrets nécessaires», a-t-elle ajouté. «L’Iran est prêt à trouver une solution juste et équilibrée qui garantisse les intérêts mutuels», a déclaré de son côté Abbas Araghchi tout en prévenant que «pour atteindre cet objectif», les E3 devaient adopter «une approche responsable et indépendante» et «s’abstenir de se laisser influencer par d’autres acteurs», ciblant sans les nommer les Etats-Unis et Israël. «A ce stade, les mesures prises par l’Iran n’ont pas été suffisantes», avait regretté plus tôt un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères en référence notamment à l’accord trouvé le 9 septembre entre l’Iran et l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur un nouveau cadre de coopération. Cet accord ne s’est pas traduit par une reprise immédiate des inspections suspendues par Téhéran après les frappes israéliennes et américaines menées en juin durant la guerre des 12 jours. Conditions Le dernier échange entre les chefs de la diplomatie remontait à fin août lorsque les Européens ont notifié Téhéran le déclenchement du mécanisme du «snapback» permettant de rétablir dans un délai de 30 jours les sanctions de l’ONU contre la République islamique, en vertu de l’accord international sur le contrôle du programme nucléaire iranien de juillet 2015 et endossé à l'époque par une résolution du Conseil de sécurité. Pour éviter ce scénario, qui affaiblirait davantage l'économie iranienne, les pays de l’E3 ont émis plusieurs conditions, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales, à commencer par le plein accès par l’AIEA aux sites iraniens. Pour l’heure, l’accès aux installations nucléaires iraniennes ne peut se faire qu’avec l’approbation du Conseil suprême de sécurité nationale, la plus haute instance de sécurité de l’Iran. En outre, inspecter les sites les plus sensibles endommagés par les frappes israéliennes et américaines est particulièrement «compliqué» en raison de «préoccupations environnementales et de sécurité», a mis en avant Téhéran. Discussions incertaines avec Washington Le programme nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l’Iran avec les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête et Israël, ennemi juré de l’Iran, qui soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique. Ce que l’Iran dément vigoureusement, défendant son droit au nucléaire pour des besoins civils. Début septembre, un rapport confidentiel de l’AIEA, consulté par l’AFP, faisait néanmoins apparaître que l’Iran avait accéléré, avant la guerre de juin, le rythme de production de ses réserves d’uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire. La semaine dernière, le chef de la diplomatie iranienne a affirmé que «l’ensemble» de la matière nucléaire enrichie demeurait «sous les décombres» d’installations endommagées par les bombardements en juin, une déclaration susceptible de satisfaire les Européens qui souhaitaient avoir une déclaration sur le statut de ses matières enrichies. Outre la reprise immédiate des inspections des sites par l’AIEA, Berlin, Londres et Paris exhortent l’Iran à reprendre les négociations avec les Etats-Unis. Téhéran et Washington avaient engagé en avril des pourparlers, brutalement interrompus par les frappes d’Israël et des Etats-Unis en Iran. 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