L’industrie du LBO échappe à l’encadrement des dividendes

Seules les entreprises françaises de plus de 5.000 salariés ou affichant un chiffre d’affaires consolidé de plus de 1,5 milliard d’euros sont concernées.
Aroun Benhaddou

Le private equity tricolore peut souffler. Une note du gouvernement datée du 2 avril a désamorcé l’inquiétude grandissante de la profession au sujet d’un possible encadrement des versements de dividendes. Tout d’abord en précisant que seules les grandes entreprises ayant pris la décision de procéder à un versement après le 27 mars sont concernées. Les groupes revendiquant au moins 5.000 salariés ou un chiffre d’affaires consolidé supérieur à 1,5 milliard d’euros en France au cours du dernier exercice clos sont donc ciblés, contrairement à l’écrasante majorité des entreprises françaises sous LBO, de tailles plus modestes.

Pour la poignée de sociétés détenues par des fonds entrant toutefois dans la catégorie «grandes entreprises», au nombre de 80, celles-ci vont pouvoir passer entre les gouttes si les versements réalisés prennent la forme de dividendes intragroupes servant à «soutenir financièrement une société française». Cela dans l’optique de lui permettre de respecter ses engagements contractuels vis-à-vis de ses créanciers, et donc de faire face aux remboursements liés à la dette structurée pour la mise en place du LBO. «Les distributions réalisées par les entités étrangères du groupe au profit des entités françaises de celui-ci ne remettent pas en cause les aides demandées par ces dernières», détaille aussi le gouvernement.

Toutes les entreprises détenues par des fonds d’investissement vont donc pouvoir bénéficier des aides de l’Etat, et en premier lieu du report d’échéances fiscales et sociales et du prêt garanti par l’Etat. Un soulagement après la déclaration de Bruno Le Maire, qui invitait il y a une semaine «toutes les entreprises, et en particulier les plus grandes de France, à faire preuve de civisme, de responsabilité», ajoutant que «si elles font appel à l’aide de l’Etat, elles ne doivent pas, elles ne peuvent pas verser de dividendes

En France, près de 8.000 entreprises sont accompagnées par des fonds, dont une part significative en LBO. Autant de groupes qui n’auront donc pas à choisir entre le respect de leurs engagements vis-à-vis de leurs partenaires bancaires et les aides d’Etat. «La situation est déjà assez complexe à gérer pour nombre d’entre elles, estime un avocat d’affaires. Nous nous attendons à une multiplication des bris de covenant dans les prochaines semaines, avec la nécessité de recalibrer ou d’allonger la maturité des dettes.»

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