Les prêts à effet de levier restent une épée de Damoclès

Le Conseil de stabilité financière (FSB) a publié jeudi un nouveau rapport sur les risques liés notamment aux CLO.
Xavier Diaz et Fabrice Anselmi

Le Conseil de stabilité financière (FSB) pointe à son tour les risques accrus des prêts à effet de levier (leveraged loans) et des véhicules de titrisation de ces prêts (collateralised loan obligations, CLO). La taille de ce marché a considérablement augmenté, en particulier aux États-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe : de 750 milliards en 2008 à 1.470 milliards de dollars en 2018, sans compter 430 milliards de prêts bancaires amortissables et 400 milliards de petits prêts moins liquides. Ce fort développement se reflète dans le doublement du marché des CLO depuis 2015, à 740 milliards en 2018.

Le FSB constate que la qualité des prêts, très prisés par les investisseurs en recherche de rendement, s’est détériorée. D’abord en raison d’une protection de moins en moins forte pour les créanciers. Ensuite en raison de l’augmentation du levier financier avec une forte croissance des sociétés dont le ratio dette sur Ebitda dépasse 6 fois, de 21% en 2017 à près de 35% en 2019, tandis que la part des entreprises notées B ou moins dépasse 60%.

Complexité et opacité accrues

Le FSB relève en outre le risque de concentration des CLO sur les mêmes sous-jacents : 90% sont positionnés sur les 50 plus importants emprunteurs aux Etats-Unis, 80% sur les 5 premiers. Malgré des notations de crédit plus faibles et des structures de CLO plus solides, ces risques ne semblent pas assez pris en compte, ce qui pourrait augmenter les taux de défaut, mais aussi les problèmes de liquidité en cas de choc.

Surtout, le rapport insiste sur la diversification des investisseurs exposés, au-delà des acteurs traditionnels que sont les banques, aux investisseurs institutionnels : «Cela participe au partage du risque parmi un plus grand nombre de participants sur le marché et à l’amélioration de sa résilience mais cela peut aussi accroître sa complexité et son opacité, introduisant de nouveaux canaux de transmission», écrit le régulateur.

Le FSB note des lacunes dans les données nécessaires pour permettre une évaluation des implications liés à ces expositions : les données des superviseurs permettent d’identifier les détenteurs directs d’environ 79% des prêts et de 86% des parts de CLO, mais assez peu les expositions directes de certains investisseurs non bancaires, «notamment sur les tranches de CLO moins bien notées». Il regrette également le manque d’informations sur les liens indirects entre banques et non-banques malgré les risques liés à ces interconnexions. Le FSB examinera donc comment combler ces lacunes afin d’analyser les risques et les éventuelles implications réglementaires et prudentielles induites.

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