
Les étudiants de grandes écoles passent au crible le private equity

Les fonds de private equity pâtissent-il encore d’une image sulfureuse ? Aux vues des résultats de la première étude portant sur la perception des étudiants de grandes écoles sur la classe d’actifs, la question mérite de se poser. Pour près de la moitié des 626 étudiants des onze plus prestigieuses écoles de commerce et d’ingénieurs, de Sciences Po et de Dauphine, sondés par AlumnEye et Junior Essec, le capital-investissement n’est pas considéré comme un secteur intéressant pour y faire carrière. A contrario, la proportion des futures élites du pays à exprimer un réel intérêt pour le métier n’atteint que 18%. Un constat a priori sans équivoque qu’il convient de tempérer, étant donné l’hétérogénéité des réponses entre les étudiants d’école de commerce et leurs homologues ingénieurs. La part des détracteurs est de 35% chez les premiers, tandis qu’elle rejaillit à 63% chez les 217 étudiants en écoles d’ingénieurs interrogés.
Des stagiaires bichonnés
Dans l’ensemble, cette industrie fait pourtant valoir certains attraits. La rémunération figure dans le top 3 des critères chez les étudiants et les stagiaires ne bénéficient pas de conditions de travail éreintantes – aspect sur lequel Goldman Sachs a encore été récemment interpellée par ses jeunes recrues. «Certains acteurs du private equity à Paris se sont fait taper sur les doigts à plusieurs reprises par l’inspection du travail pour les horaires des stagiaires. Il n’est plus rare de voir des sociétés où les horaires sont désormais plafonnés», souligne Michael Ohana, PDG de la structure de préparation aux entretiens des métiers de la finance AlumnEye. Pause du stylo après 22 heures, absence de travail le week-end… ces critères ont été pris en compte dans le cadre de l’étude, en sondant une petite quarantaine d’anciens stagiaires en capital-investissement. Le tout a permis d’en extraire un classement des «meilleurs élèves».
A ce jeu, L Catterton ressort à la première place, suivie de Blackfin Capital Partners. A la troisième place du podium figure exæquo Advent International, Gimv, PSP et Rothschild Five Arrows. «Les fonds préservent leurs stagiaires de manière à ne pas les dégouter du métier. Cela leur permet de pouvoir plus facilement les recruter par la suite et c’est aussi et surtout bénéfique pour leur réputation», note Michael Ohana.
Levier indispensable dans la capacité à recruter les meilleurs éléments, la réputation s’avère toutefois très inégale d’un fonds à un autre. Blackstone et Ardian figurent respectivement aux première et deuxième places des fonds les plus connus par les étudiants de grandes écoles, devant Goldman Sachs Merchant Banking, Rothschild Five Arrows et Bain Capital. A l’autre bout du spectre, certains fonds souffrent d’une faible notoriété, à l’instar de Montefiore Investment. Cela en dépit de performances historiques parmi les plus élevées et constantes de l’industrie du private equity, comme le souligne régulièrement l’institut d’études Preqin. L’absence de certains investisseurs sur les salons étudiants en est l’une des principales explications. Mais les critères d’égalité femmes-hommes et d’engagement actif en matière de responsabilité sociale ne pèseraient que faiblement dans la balance. La parité n’est en effet considérée comme importante que pour 44% des étudiants, tandis que les critères RSE recueillent 57% d’opinions favorables. La jeune génération suit les tendances sociétales, mais ne semble pas les dicter.
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"Soit il y a rupture, soit il y aura censure" annonce Jordan Bardella, après l'élection de Sébastien Lecornu
Strasbourg - Le Rassemblement national ne veut pas censurer immédiatement le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, mais attend une «rupture» avec la politique menée jusqu’ici, a expliqué son président Jordan Bardella mercredi à Strasbourg. Le parti d’extrême droite ne compte pas censurer «a priori» mais d’abord «écouter le discours de politique générale» de M. Lecornu, a déclaré M. Bardella lors d’un point presse en marge d’une session plénière du Parlement européen. «Soit il y a rupture, soit il y aura censure», a-t-il résumé. Le Rassemblement national réclame notamment un durcissement de la politique migratoire et s’oppose à toute hausse de la fiscalité pour la «France qui travaille», a-t-il souligné. Jordan Bardella a aussi réclamé que parmi les premières mesures de Sébastien Lecornu soit actée l’opposition de la France au traité de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur. Après la chute de François Bayrou lundi lors d’un vote de confiance des députés, puis son remplacement à Matignon au bout de 24 heures par M. Lecornu, le chef du RN n’a toutefois «aucune illusion» et juge le bail du nouveau chef du gouvernement «très précaire». © Agence France-Presse -
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Paris - Au coeur du jeu politique, le Parti socialiste met la pression sur Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, et pose de strictes conditions pour ne pas le censurer, alors que La France insoumise l’accuse déjà de jouer les supplétifs de la macronie. Le patron des socialistes Olivier Faure sait que le nouveau Premier ministre a besoin de sa mansuétude pour ne pas être rapidement renversé, d’autant que le Rassemblement national a choisi de faire de la dissolution de l’Assemblée son nouveau cheval de bataille. Alors qu’Emmanuel Macron a lui-même enjoint aux chefs de sa coalition gouvernementale de «travailler avec les socialistes», le patron du PS a déjà refusé de participer à un gouvernement avec le bloc central et Les Républicains. Hors de question également pour les socialistes de rejouer les «petits ajustements» de février dernier, lorsque le parti avait négocié avec François Bayrou sur le budget 2025, s’attirant les foudres du reste de la gauche. Première condition mise sur la table: que le nouveau chef du gouvernement s’engage à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer «que la méthode change» et faire des compromis. Une exigence qui sera difficile à tenir pour le nouveau locataire de Matignon, aucun budget n’ayant pu être adopté sans 49.3 depuis 2022, faute de majorité. Le PS espère aussi obtenir de Sébastien Lecornu qu’il intègre dans le budget une partie des propositions socialistes présentées fin août, pour réorienter la politique économique du gouvernement vers plus de justice fiscale. Le Parti socialiste propose notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux marqueurs de gauche vus comme des lignes rouges par le bloc central. Pour le député Laurent Baumel, Sébastien Lecornu doit clairement montrer «qu’il a compris et qu'à travers lui le Président de la République a compris qu’il n’y a plus de totem, plus de tabou sur le bilan du macronisme». De quoi laisser pessimistes de nombreux socialistes. Certains plaident d’ailleurs pour une censure directe, sans aucune négociation. Cette fois «un accord avec nous sera super cher. Nous ferons payer 1.000 balles les billets de 10 balles», promet le député (PS) de l’Eure Philippe Brun. «Humiliés» En février, le texte sur la table sortait de la commission mixte paritaire députés/sénateurs. «On ne pouvait par rajouter des mesures, mais juste enlever» les plus irritantes. «Là on part d’une copie blanche», explique-t-il. «La dernière fois on a été humilié, bafoué», se remémore Luc Broussy, président du conseil national du PS. Avec la «provocation» des propositions budgétaires de François Bayrou le 15 juillet, évoquant 44 milliards d’efforts budgétaires et la suppression de deux jours fériés, puis la nomination de Sébastien Lecornu, «ils ont eux-mêmes monté notre niveau d’exigence», résume-t-il. Un autre député suggère de «ne pas se précipiter pour aller négocier» et d’attendre que les mouvements sociaux de septembre fassent «bouger les choses». Le nouveau Premier ministre a promis mercredi «des ruptures sur le fond», lors de la passation de pouvoir à Matignon. Mais «sans justice fiscale, sociale, écologique, sans mesure pour le pouvoir d’achat, sans mise à contribution des très gros patrimoines, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets», à savoir la censure, a prévenu le patron des députés socialistes Boris Vallaud sur RTL. Cette censure entraînerait probablement une dissolution, que le PS «ne souhaite pas» mais «ne redoute pas», a-t-il affirmé. Le PS sait qu’il joue gros face à ses autres partenaires de gauche, encore moins enclins qu’eux à laisser une chance à un troisième Premier ministre du socle commun en un an. «A partir du moment où c’est Lecornu qui est nommé, on n’a pas confiance», explique une écologiste. La France insoumise, qui a déjà fait aux socialistes un procès en traîtrise lors des négociations avec François Bayrou, les a aussitôt accusés d’avoir «pavé de roses le chemin de Lecornu vers Matignon». Le parti de Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il déposerait une motion de censure à l’Assemblée dès le premier jour de la rentrée parlementaire. Et ils sommeront les socialistes de la voter. Cécile AZZARO © Agence France-Presse