
Un poids lourd des NFT encombre Ethereum

C’était un évènement attendu avec impatience par la communauté réunie autour de l’univers de la collection des Bored Ape Yacht Club représentant des singes et dont l’authenticité est certifiée par des jetons non fongibles (NFT)sur une blockchain : la vente des premières parcelles de terrain de son métavers «Otherside» samedi 30 avril. Le studio Yuga Labs, créateur de la collection, mettait en vente 55.000 terrains au prix unique de 305 ApeCoins, la cryptomonnaie des Bored Ape Yacht Club, soit environ 5.800 dollars au moment de la vente. Résultat ? En trois heures, toutes les unités avaient trouvé preneur et Yuga Labs empochait près de 319 millions de dollars, un record.
Mais dans le même temps, un autre record était battu : celui des frais de transaction pour réaliser une opération sur le réseauEthereum. Pendant la vente, ils étaient entre 100 et 200 fois supérieurs à la normale. L’un des outils d’analyse les plus populaires, Etherscan, a même partiellement «buggé». Ce phénomène se produit lorsque le nombre d’utilisateurs voulant réaliser une transaction augmente soudainement. Ce mécanisme a pour but d’empêcher un engorgement du réseau trop important. Ainsi, pour acquérir une parcelle à 5.800 dollars l’unité, il fallait parfois dépenser jusqu’à 14.000 dollars. Certains utilisateurs ont même payé des frais… sans même que la transaction aboutisse. Sans encore préciser comment, le studio a assuré que les utilisateurs lésés seraient remboursés.
Entretenir la tendance
Suite à cet embouteillage, de nombreux participants se sont plaints et certains développeurs engagés dans l’écosystème ont critiqué la méthode employée par Yuga Labs, en indiquant qu’avec des mesures techniques « simples », une très grande partie des frais de transactions aurait pu être évitée. « Le smart contract (protocole informatique déterminant les paramètres de la vente) pouvait clairement être mieux codé. Certains paramètres sont assez étonnants en termes d’optimisation. En tout cas, leur priorité n’était clairement pas d’éviter une congestion du réseau », assure le hacker éthique Frédéric Ocana. Dans un communiqué, Yuga Labs a renvoyé la faute sur Ethereum, suggérant même que la meilleure solution pour le futur serait d’avoir sa « propre blockchain », après s’être félicité que « la demande ait largement dépassé les attentes les plus folles ».
Yuga Labs est actuellement le studio de développement le plus à la mode au sein de l’univers des NFT et ne cesse de faire parler de lui. En mars dernier, il avait racheté la collection CryptoPunks, concurrent historique des Bored Ape Yacht Club. A titre de comparaison, c’est un peu comme si Nike rachetait Adidas. Au même moment, le lancement de sa cryptomonnaie ApeCoin avait provoqué un mouvement de foule et fortement agité le marché. En avril, le géant américain Coinbase, annonçait la sortie prochaine d’une trilogie de films mettant en scène les fameux singes blasés. La collection est aussi très appréciée par des stars de la pop culture comme l’ancien basketteur Michael Jordan, le footballeur brésilien Neymar ou encore le quarterback récemment retraité Tom Brady, tous propriétaire d’un NFT Bored Ape Yacht Club.
« La vente des premières places dans leur métavers a provoqué une levée de bouclier chez les puristes, mais c’est un parfait coup de communication à destination d’un public plus mainstream, analyse Frédéric Ocana. Dans l’actualité des cryptos, si tu ne fais pas régulièrement parler de toi, on t’oublie. Je ne pense pas que faire exploser les frais de transaction soit fait exprès, mais le résultat est qu’une nouvelle fois, on parle d’eux. Ce type d’évènement permet de mesurer l’attrait d’une communauté autour d’un projet. Dans le cas de Yuga Labs, l’opération a été réussie ».
Yuga Labs doit son succès à une communication et un marketing qui a pour le moment très bien fonctionné. Pour preuve, à son lancement en avril 2021, un NFT de la collection Bored Ape Yacht Club coûtait environ 200 dollars. Aujourd’hui, il ne s’échange pas à moins de 250.000 dollars. La vente des premières parcelles n’échappe pas à la règle, même si aucune indication n’a pour le moment été donnée par le studio sur les avantages que les acheteurs pourraient en retirer.
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