Trade In évalue la solvabilité d’une entreprise en temps réel

Fondée par des professionnels de l’assurance-crédit, cette fintech s’appuie sur sa technologie brevetée et ambitionne de transformer la relation banques-entreprises.
Alexandra Oubrier
Trade In
L’équipe de Trade In, qui compte six mille entreprises utilisatrices.  - 

Prédire en temps réel le comportement de paiement des entreprises, c’est la promesse de Trade In. Cette fintech a été fondée en juillet 2018 par Jean-Cédric Bekale et Jack-Hermann Ntoko, deux professionnels de l’assurance-crédit bardés de diplômes, qui sont aussi passés par divers métiers dans la finance ou l’entrepreneuriat. L’idée de Jean-Cédric Bekale consiste à travailler sur les données afin d’apporter aux petites entreprises une solution pour réduire les risques d’impayés, cause fréquente de faillite pour cette catégorie de sociétés. Avec Jack-Hermann Ntoko qui le rejoint rapidement, ils conçoivent et développent ensemble une plateforme capable de traiter de grandes masses de données afin de mettre à la portée des PME-TPE une solution performante et accessible de gestion des risques clients et fournisseurs.

La matière première utilisée, ce sont les données financières habituelles des fournisseurs de données (de type Dun & Bradstreet…), ainsi que les données ouvertes disponibles sur le web ou dans les médias et, surtout, les données comptables de l’entreprise cliente collectées grâce à la connexion sur ses comptes bancaires via l’open banking. Ce sont celles qui indiquent les états de paiement de ses propres clients. Grâce à un algorithme maison breveté, Trade In fournit une évaluation du risque d’impayé quelle que soit la taille de l’entreprise ou son secteur d’activité. Et ce en temps réel.

Après une incubation chez Euratechnologies à Lille, un programme d’accélération à l’université Stanford et avec l’accompagnement de Zebox, l’incubateur-accélérateur de CMA-CGM spécialisé dans le domaine de la logistique notamment, le duo se fait connaître et sa solution est vite repérée. « Aujourd’hui, la demande est forte pour le scoring des TPE et pour le niveau d’encours qu’on peut financer, explique Jean-Cédric Bekale. C’est là que nous apportons de l’innovation. Mais notre objectif est beaucoup plus large, nous voulons proposer un ‘credit manager digital’ en automatisant le traitement des retards de paiement et la stratégie de recouvrement. » L’affacturage, l’assurance-crédit, le financement de trésorerie sont autant d’activités qui gagneraient à utiliser le moteur de traitement de données de la jeune pousse.

Un rôle d’intermédiaire

L’ambition de Trade In est rendue possible grâce à la connexion au compte bancaire de l’entreprise qui permet de connaître les flux de paiement entrants et sortants instantanément, d’actualiser les comportements de paiement et ainsi de prédire les besoins de financement de l’entreprise. Trois ans plus tard, six mille sociétés utilisent déjà la plateforme. Jean-Cédric Bekale touche aussi un point crucial : « Nous nous plaçons en intermédiaire entre l’entreprise et sa banque parce que nous sommes capables d’apporter à la banque une pré-évaluation du dossier de financement, indique-t-il. Or, justement, les banques n’apportent que 12 % du financement des entreprises, elles cherchent des solutions innovantes pour retenir les clients et pour rénover la relation client afin d’être là quand les entreprises ont besoin de trésorerie. » Les banques ont vu l’intérêt du dispositif : trois d’entre elles se sont montrées intéressées par la solution qu’elles pourraient utiliser pour leurs propres besoins d’analyse ou pour proposer le service à leurs clients entreprises.

Directeur de l’innovation du CIC Nord Ouest, Jean-Louis Basquin a connu Trade In lorsque la start-up était incubée chez EuraTechnologies à Lille, il y a deux ans. Il a rapidement identifié son potentiel : « La puissance de Trade In repose sur l’échange de data vivante grâce à la connexion par API (interface de programmation d’application, NDLR) aux systèmes comptables, et non sur des bilans remontant à plusieurs mois, mais aussi sur la dimension collaborative qui permet de partager la connaissance du comportement de paiement des clients des entreprises. » L’établissement régional a décidé de tester la solution, les premiers résultats sont prometteurs.

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