
Nexus, le paiement instantané entre l’Europe et l’Asie

Plus de 60 systèmes de paiement instantané existent actuellement dans le monde, mais pour l’heure ils sont rarement connectés entre eux. Les paiements transfrontaliers sont donc très peu opérés en temps réel. Le projet Nexus mené par l’Innovation Hub de Singapour de la Banque des règlements internationaux a réussi à interconnecter plusieurs systèmes de paiement instantané : TIPS (Target Instant Payment Settlement) pour l’Europe, RPP (Real Time Retail Payments Platform) pour la Malaisie et FAST (Fast and Secure Transfers) pour Singapour. Pour cela, il a obtenu le concours de la Banque d’Italie pour le compte de l’Eurosystème, de la Banque centrale de Malaisie et de l’Autorité monétaire de Singapour, ainsi que de deux opérateurs de systèmes de paiement : PayNet et BCS (Banking Computer Services).
Standards communs
Ce prototype avait pour objectif de réaliser non seulement les liaisons techniques entre systèmes, mais aussi de proposer une grande simplicité d’usage en permettant de faire des transactions sur mobile, en utilisant le numéro de téléphone comme identifiant. Pour cela, le projet s’est appuyé sur trois briques : d’abord, un cadre technique détaillé incluant les spécifications techniques d’API (interfaces de programmation) ainsi que les messages à base du standard ISO 20.022 ; ensuite, un set de règles concernant les aspects non pris en charge par les systèmes de paiement domestique et fixant les obligations et responsabilités des participants ; et enfin, un logiciel développé entièrement à partir de composants open source permettant de connecter les systèmes entre eux avec une table de correspondance entre les identifiants (systèmes de proxy) de chacun d’eux.
Première leçon tirée de cette expérimentation : les différences de fonctionnement entre systèmes sont multiples, inutile donc d’imaginer les rendre homogènes pour réaliser des échanges standardisés. Mieux vaut trouver des accommodements grâce à des supports techniques permettant l’interopérabilité, comme le standard ISO 20.022 ou l’usage d’API. Plutôt que de développer des intégrations entre chaque système de paiement et tous les autres, Nexus se veut une plateforme intermédiaire à laquelle chacun se branche, réduisant ainsi les travaux d’intégration, et permettant d’améliorer les coûts, la vitesse et la transparence des paiements transfrontaliers.
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Gérer les risques
L’une des difficultés du paiement instantané international est le filtrage des transactions à travers les listes de sanctions, qui nécessite un partage de données vérifiées tout en respectant la protection des données. Nexus a travaillé sur des solutions pour réduire ce partage au minimum ainsi que les interventions manuelles, ou encore pour différer légèrement la transaction laissant une heure ou deux au prestataire de paiement destinataire pour effectuer les contrôles adéquats. Même si de nombreux faux positifs sont probables dans un premier temps, leur nombre devrait baisser au fur et à mesure que les banques modernisent leurs systèmes grâce à des outils à base de machine learning. Nexus a également développé des dispositifs de gestion des risques de crédit et des risques de règlement. En revanche, les risques de change, marginaux puisque les transactions sont instantanées, devront être gérés par les participants de façon bilatérale.
Après le succès de ce prototype, Nexus pourrait s’étendre à d’autres pays comme l’Indonésie, les Philippines et la Thaïlande, qui ont déjà construit des passerelles bilatérales entre leurs systèmes de paiement instantané et la collaboration pourrait même s’étendre aux banques centrales des membres de l’Asean.
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