
Malgré le krach, l’écosystème crypto garde le moral

Les difficultés financières d’acteurs comme Celsius Network ou Three Arrows Capital auraient pu signer la fin de l’engouement autour des cryptomonnaies, déjà mis à mal par la chute aussi brutale que spectaculaire du stablecoin de l’écosystème Terra début mai. Mais même avec un bitcoin touchant ses plus bas depuis décembre 2020 ou un ether revenu à ses niveaux de début 2021, l’enthousiasme autour des cryptomonnaies ne s’estompe pas.
Les rockstars de VivaTech
En plus des nombreux fonds qui se sont lancés en mai pour espérer trouver la prochaine pépite du Web 3, le salon VivaTech qui s’est tenu à Paris du 15 au 18 juin a été la démonstration de l’engouement médiatique qui ne faiblit pas autour de l’univers des cryptomonnaies. Au stand de la plateforme d’échanges Binance, la plus populaire du monde qui revendique aujourd’hui 120 millions d’utilisateurs, il y avait foule au moment de l’apparition de son PDG star Changpeng Zhao, qui se fait surnommer CZ. «On est là pour voir le boss!», a clamé l’assistance.
La démonstration la plus impressionnante de cette popularité dont bénéficie le cryptomilliardaire se fera au moment de son intervention sur la scène principale du salon. Quarante minutes avant la conférence, impossible de trouver une place. On se presse sur les estrades des cameramen, on s’assoit dans les allées, entre les chaises. On n’hésite pas non plus à rester debout, juste pour l’apercevoir. Ce dernier est d’ailleurs accueilli comme une star, sous les applaudissements et les cris en compagnie de Vitalik Buterin, le co-fondateur d’Ethereum, qui participera à distance à la conversation menée par le patron de Publicis Maurice Lévy. Et lorsque l’intervention se termine, les trois quarts de l’assistance se lèvent sans prêter attention à la suivante à laquelle participe l’actuel directeur IA de Meta et Yann Le Cun, considéré comme l’un des inventeurs du deep learning, autrefois adulé. «Je vous vois partir, restez !», est même obligée de lancer d’un ton amusé mais désespéré la speakerine.
Mieux préparé qu’en 2018
Le marché crypto avait également connu un épisode sanglant en 2018 pendant lequel les cours s’étaient aussi effondrés. Une longue traversée du désert avait suivi, surnommé «l’hiver crypto», qui aura duré jusqu’à la remontée du cours du bitcoin et par effet domino des autres cryptomonnaies, à partir de décembre 2020. Mais cette fois, Benjamin Dean, directeur des actifs numérique chez WisdomTree, l’un des principaux fournisseurs d’ETF aux Etats-Unis, estime qu’il n’y a jamais eu «autant de projets entièrement financés dans les actifs numériques. Lors du premier trimestre 2022, 10 milliards de dollars supplémentaires ont été investis en capital-risque».
Contrairement à 2018, il n’est aujourd’hui plus question de savoir si les cryptoactifs vont disparaître, mais plutôt comment le marché va continuer de se structurer avec les régulations et quels acteurs en profiteront. «En 2018, le marché n’avait pas autant d’opportunités de développement, la finance décentralisée n’était pas grand-chose, les NFT étaient balbutiants, Ethereum n’était pas aussi scalable (extensible, ndlr). Aujourd’hui, nous avons tout ça. Je ne suis pas inquiet», a déclaré sur Twitter le fondateur du média Bankless Ryan Seans Adams. «La violente baisse que nous vivons va éloigner de nombreux particuliers qui étaient rentrés récemment, pour longtemps. Mais aujourd’hui, les acteurs traditionnels sont engagés dans la partie et réfléchissent à des stratégie de long terme à destination des entreprises, mais aussi des particuliers», assure Laurent Ovion, directeur de l’innovation chez DLPK & Nortia.
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RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse -
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