
Les valorisations records des fintechs montrent un risque de surchauffe

Certains secteurs s’en sortent mieux que d’autres, en dépit de la pandémie. Selon une étude du cabinet CB Insights, les fintechs soutenues par le capital-risque ont été financées à hauteur de 30,8 millards de dollars au second trimestre, en hausse de 30% par rapport à la période précédente. Un record, selon le rapport.
«Il y a un engouement fort pour le secteur de la fintech. Cela encourage les investisseurs historiques à continuer à surfer sur cette vague et d’autres à les rejoindre. A un moment ou à un autre, il s’agira de valider la valorisation de certaines fintechs», souligne Angelo Caci, directeur de Syrtals Cards & Beyond. Durant cette période, 88 méga-tours de financement - c’est-à-dire dépassant 100 millions de dollars ont été réalisés - contre 60 à la même période l’an dernier. Les fintechs spécialisées dans le paiement, la banque et les PME ont réalisé les plus importants financements, le secteur de la gestion de patrimoine ayant à l’inverse chuté de 21% durant la même période. Le ticket moyen des transactions a par ailleurs augmenté de 28%, passant de 37 millions de dollars au premier trimestre à 47 millions de dollars.
Les fintechs européennes représentent 50% des principales opérations de capital-risque. A cet égard, on peut citer le néobroker allemand Trade Republic, qui a levé 900 millions de dollars auprès de Sequoia Capital et Peter Thiel’s Founders Fund, étant désormais valorisée 5,3 milliards. De même, le géant suédois Klarna a levé 639 millions de dollars, revendiquant une valorisation de 46 milliards de dollars. Enfin, avec sa dernière levée de fonds de 800 millions de dollars, Revolut est passée d’une valorisation de 5 milliards à… 33 milliards de dollars. A ce jour, le rapport a recensé 131 licornes (dont la valorisation dépasse un milliard de dollar, ndlr), qui sont valorisées 516 milliards de dollars au total.
19 entrées en Bourse, en projet ou réalisées
La montée en puissance de ce secteur interroge sur un risque de surchauffe. «On ne peut pas nier le fait qu’il puisse y avoir un emballement excessif. On peut donc s’interroger comment rentabiliser le modèle in fine. Si l’on prend le cas de Revolut : qui mettrait plus de 30 milliards de dollars pour les racheter ? L’une des hypothèses de sortie serait évidemment une entrée en Bourse», pointe Angelo Caci.
Le rapport souligne que 19 fintechs ont annoncé leurs plans d’introduction en Bourse via des Spac (Better.com ou encore Dave) ou ont sauté le pas au deuxième trimestre. C’est le cas par exemple de la britannique Wise, qui s’est cotée à la Bourse de Londres en juillet pour une valorisation de 9 milliards de dollars ou encore de Coinbase. «Après des phases de pic, on sait qu’il peut y avoir des retournements», rappelle Angelo Caci. En avril dernier, la plateforme d’échange Coinbase affichait une valorisation indicative de plus de 91 milliards de dollars lors de son introduction en Bourse.A ce jour, elle ne vaut plus «que» 47 milliards de dollars.
Malgré le risque de surchauffe, le secteur du capital-risque reste «très optimiste, tant qu’à investir en assumant une prise de risque», estime Angelo Caci. Ces derniers estiment que le secteur des fintechs «a encore un avenir très significatif même si on est déjà sur des niveaux de valorisation très élevés. S’ils se disent que l’envolée a minima durera 4 ou 5 ans, ils récupéreront leur mise et escomptent bien entendu réaliser des multiples de gains», conclut-il.
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