
Les stablecoins traversent une période agitée

Le krach du stablecoin de Terra-Luna au début du mois de mai 2022 avait rappelé aux investisseurs la relative solidité du modèle des stablecoins dont la parité avec le dollar ne dépend pas du principe de contraction entre l’offre et la demande, dit algorithmique comme l’était Terra-Luna, mais d’une réserve qui promet d’être toujours égale aux nombres d’unité en circulation.
Ce modèle dit «centralisé» est celui des trois plus grand stablecoins du marché à savoir dans l’ordre celui de Tether, de Circle et de Binance. Mais depuis le début d’année, ces acteurs sont rattrapés par les décisions des régulateurs ou la mauvaise santé économique de certains de leurs partenaires.
Tether, coutumier du fait
Le premier d’entre eux, Tether, est en quelque sorte habitué aux secousses de par son statut de «mauvais garçon» de la crypto. Selon le Wall Street Journal, l’entreprise émettrice de l’USDT et la plateforme d’échanges de cryptomonnaies Bitfinex dont elle est historiquement proche, auraient utilisé des sociétés écrans ainsi que des documents falsifiés pour pouvoir ouvrir des comptes bancaires classiques. Le média américain affirme se baser sur des documents internes ayant fuité. Un e-mail interne révèle que l’un des cadres de Tether aurait demandé d’arrêter d’envoyer des faux, craignant ouvertement une enquête pour blanchiment d’argent.
Ces manipulations avaient pour but de permettre à Tether de rester connecté au système financier traditionnel et donc d’avoir accès au dollar auquel le cours de l’USDT, actuellement le stablecoin le plus utilisé du marché, est rattaché. Ce succès s’explique notamment par le fait que ses taux de rendements sont plus élevés dans la finance décentralisée, l’opacité entretenue autour de ses réserves faisant de lui un cryptoactif risqué mais fiable.
Tether n’a jusqu’ici jamais fait défaut au moment de rembourser ses utilisateurs. Lors de la crise Terra-Luna, son directeur technique et principale figure médiatique Paolo Ardoino s’était même vanté que son entreprise avait réussi à satisfaire le rachat de «7 milliards de dollars en 48h». Ce dernier a qualifié les affirmations du Wall Street Journal d’«erronées et inexactes» et traité les journalistes du média américain de «clowns».
A lire aussi: Stablecoins : quand l’écosystème crypto tremble
En 2021, le Bureau du procureur général de New York a condamné Tether à une amende de 18,5 millions de dollars accusant l’entreprise ainsi que Bitfinex d’avoir délibérément caché la vérité sur les réserves de l’USDT. Leurs avocats avaient alors reconnu que le stablecoin n’était garanti qu’à hauteur de 74%. Toujours selon le Wall Street Journal, Tether ferait actuellement l’objet d’une enquête du ministère de la Justice américain.
Circle tire son épingle du jeu
Depuis l’ordre donné le 9 février par le régulateur new-yorkais à Paxos, entreprise régulée qui émettait le stablecoin de Binance, le BUSD, de ne plus permettre l’émission de nouvelles unités de ce dernier, sa capitalisation de marché et donc la confiance des investisseurs ne cessent de chuter. En moins d’un mois, elle est passée de 15 milliards de dollars à un peu plus de 8 milliards de dollars. Devant cette impasse réglementaire, Binance cherche à relancer un autre stablecoin en s’appuyant notamment sur des entreprises issues de son écosystème. La plateforme d’échanges de cryptomonnaies la plus populaire au monde n’exclurait pas le lancement d’un stablecoin décentralisé. Ce type de stablecoin est de plus en plus considéré comme la solution pour permettre au marché crypto d’être plus résilient aux secousses et aux sanctions des différents régulateurs.
Ces turbulences n’épargnent pas Circle qui semble moins souffrir pour le moment que ces deux principaux concurrents. Cette fois, c’est la situation économique de Silvergate, la banque devenue depuis 2013 l’un des principaux dépositaires de l’écosystème, qui oblige l’émetteur de l’USD Coin à revoir ses plans.
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Malgré l’arrêt par Silvergate de son système de paiement qui permettait aux institutionnels cryptos de réaliser des transferts instantanés - même lorsque la Chambre de compensation des États-Unis est hors service -, Circle a précisé dans un communiqué que l’émission de son stablecoin restait «pleinement opérationnelle». Cependant, l’entreprise dirigée par Jeremy Allaire a précisé devoir transférer «le petit pourcentage» des réserves de liquidités de l’USDC détenues à la Silvergate vers d’autres de ses partenaires bancaires.
Selon le rapport annuel de l’activité de son stablecoin, près de 80% des réserves de l’USDC sont détenues en bons du Trésor américain à 3 mois et ont été totalement transférés dans le Circle Reserve Fund qui est géré par BlackRock et conservé chez Bank of New York Mellon. Les 20% restants sont des réserves détenues en espèces «réparties entre huit partenaires bancaires réglementés aux États-Unis», incluant encore il y a peu Silvergate.
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