
Les paiements se digitalisent aussi dans le cash management

Les paiements sont en pleine transformation digitale. C’est ce que confirme le World Payments Report 2023 de Capgemini qui estime que les paiements non cash atteindront 1.300 milliards d’opérations dès cette année et dépasseront les 2.300 milliards en 2027, soit un rythme de progression de plus de 16% par an. Une masse tirée par l’Asie, mais aussi par l’Europe qui est en avance sur l’adoption des moyens de paiement innovants par rapport aux Etats-Unis.
Cette accélération résulte de l’application de la DSP2 (directive services de paiement révisée) qui encadre l’open banking et le paiement de compte à compte, et de l’intégration du paiement instantané. «Cette accélération pourrait d’ailleurs être renforcée avec l’arrivée prochaine d’EPI, celle de la DSP3 et de l’open finance, et celle de l’identité numérique poussée par le législateur européen, signale Elias Ghanem, directeur monde de l’Institut de recherche pour les services financiers de Capgemini. Les nouveaux moyens de paiement, qui représentaient 20% des transactions en 2021, devraient atteindre 30% en 2027, stimulés par le paiement instantané et par les wallets. Ce qui explique pourquoi les grandes banques sont en train de prendre des positions stratégiques, à l’instar de Crédit Agricole qui crée une joint-venture avec Worldline, par exemple. D’autres mouvements sont à prévoir. »
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Les entreprises en attente
Par ailleurs, le WPR 2023 traite le sujet des attentes des grands corporates en matière d’accompagnement pour pouvoir réaliser des paiements plus rapides, plus fluides et moins chers. Le rapport montre d’abord que 56% de la valeur tirée du paiement vient des transactions d’entreprises, et non plus des paiements de détail.
De plus, ils devraient continuer à croître au rythme de plus de 11% par an. 74% des responsables paiement dans les entreprises ont bien identifié les nouveaux acteurs du paiement (Stripe, Adyen, etc) comme des facteurs de croissance des volumes de transactions. Et 63% demandent à leurs banques de leur fournir une expérience digne de celle des paiements de détail.
Autrement dit, «tout est progressivement digitalisé, explique Elias Ghanem, y compris les paiements transfrontaliers. Que ce soit pour régler les fournisseurs ou pour encaisser les paiements des clients. Ces deux flux de paiement ne sont pas assez intégrés, ce qui pèse sur la trésorerie des entreprises. L’enjeu, désormais, pour le cash management et de fluidifier le passage de l’argent dans les canaux de l’entreprise, et de le rendre beaucoup plus rapide.» Et côté banques aussi, il est temps d’accélérer : les dix plus grandes banques en cash management ont vu leurs revenus issus de cette activité multipliés par trois entre 2017 et 2022. Le métier redevient stratégique pour elles aussi.
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Vue agrégée
Les processus de traitement de l’argent restent très handicapés par des frictions liées à la mauvaise gestion de nombreuses étapes d’une transaction. La connectivité avec les banques n’est pas simple, l’intégration dans les logiciels de gestion non plus, idem pour la validation des transactions, leur réconciliation est encore souvent faite à la main, la gestion de trésorerie est plutôt inefficace…
Toute cette complexité ralentit les flux alors que la situation économique, le contexte de taux élevés et le désordre géopolitique poussent au contraire à changer de rythme. Et en plus, «les grands corporates ont en moyenne 26 relations bancaires à gérer, ajoute Elias Ghanem. Il leur faut un tableau de bord qui agrège toutes ces données.» Ce qui nécessite d’importants investissements en technologies, en compétences et l’adoption d’un standard mondial, comme ISO 20.022 qui facilitera les échanges globaux.
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