
Les financiers confirment leur grand intérêt pour les «security tokens»

Les professionnels des marchés (Amafi), de la gestion (AFG, Aspim) et de la blockchain (FD2A) ont affirmé leur intérêt pour les «security tokens» au travers de 148 réponses à une enquête de place. A 79%, ils ont jugé pertinente la définition actuelle de ces «instruments financiers enregistrés sur une blockchain», ainsi que la distinction entre ceux directement émis via une blockchain («native») et les autres («non-native»), «dont la digitalisation doit pouvoir apporter une meilleure liquidité», a rappelé Matthieu Lucchesi, avocat du cabinet Gide 255, qui relayait l’enquête avec Woorton, ConsenSys et PwC.
Les répondants ont identifié de nombreux avantages potentiels des «security tokens» : une automatisation du respect des exigences réglementaires et de la gestion des événements au cours de la vie des titres, une réduction des coûts, l’optimisation du règlement-livraison, la capacité à identifier les porteurs des jetons et à mettre le registre à jour instantanément. Et donc la capacité à toucher de nouvelles catégories d’investisseurs et réciproquement la diversification de ces derniers sur de nouveaux actifs.
Le recours à une «blockchain» publique serait privilégié pour des questions d’interopérabilité avec d’autres acteurs et d’indépendance de la tenue de registre par rapport à l’émetteur, malgré des questions autour de la protection des données. Les professionnels laissent entrevoir une distribution plutôt orientée vers les investisseurs professionnels que vers le grand public. Un des enjeux restera la conservation des jetons et plus particulièrement des clés d’accès, plutôt via un tiers conservateur que par les porteurs eux-mêmes, dans tous les cas avec des outils «non connectés» («cold storage»), une gouvernance multisignature et la possibilité de régénération des clés privées en cas de perte.
Les préoccupations réglementaires et juridiques (82%) ont confirmé le besoin d’une analyse de l’existant : «L’article 26 de la loi Pacte a été introduit afin de répondre à l’absence de réglementation autour des émissions (ICO) et des échanges de jetons numériques qui n’étaient pas des instruments financiers. Avec les ‘security tokens’, nous retombons sur des instruments financiers dont nous analysons actuellement les réglementations en vigueur pour voir si elles doivent être adaptées ou si elles pourraient suffire», a expliqué Anne Maréchal, directrice des affaires juridiques de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse -
Philippines: à Pugad, les habitants luttent contre la montée des eaux et l’affaissement de leur île
Bulacan - Chaque matin, Maria Tamayo prend soin de se réveiller avant ses petits enfants et s’empare d’une pelle en plastique, pour tenter de retirer l’eau de mer qui s’infiltre dans sa maison du nord des Philippines. C’est devenu une routine depuis que les marées de la baie de Manille ont commencé à engloutir les rues de son village sur l'île de Pugad, un îlot de sept hectares qui risque d'être submergé complètement. «Ecoper l’eau prend beaucoup de temps. C’est pourquoi mes pieds ont commencé à me faire mal», déplore Mme Tamayo, qui dit consacrer jusqu'à trois heures par jour à cette tâche. La femme de 65 ans est l’un des 2.500 habitants du seul village de Pugad, dans la province de Bulacan, qui s’enfonce de quelque 11 centimètres par an, le rythme le plus rapide de tout le pays, selon une étude dirigée par le géologue Mahar Lagmay. L’affaissement du terrain, connu sous le nom de subsidence, est un phénomène «alarmant» causé par l’exploitation excessive des eaux souterraines, et aggravé par l'élévation du niveau de la mer induit par le réchauffement climatique, explique M. Lagmay. «Le taux de subsidence (à Pugad) est assez élevé», soutient-il, ajoutant qu’aucune étude n’a été menée concernant la petite île en particulier, mais que les données existantes sur les zones environnantes sont révélatrices. Avec des marées hautes inondant les rues au moins trois fois par semaine, la mer impose déjà son rythme sur la vie quotidienne des habitants de Pugad. A l'école, les horaires des cours sont ajustés en fonction des marées pour éviter que les enfants ne contractent des maladies transmises par les inondations. Des maisons ont été élevées sur pilotis, tandis que les petits commerçants utilisent désormais des tables plus hautes pour garder leurs marchandises au-dessus des eaux troubles qui peuvent monter jusqu'à 1,5 mètre lors des jours de fortes inondations. Impossible retour à la normale «Je pense déjà qu’il est impossible que nos vies redeviennent normales», observe Jaime Gregorio, chef du village de Pugad. Si la moyenne mondiale de la montée des eaux est de 3,6 millimètres par an, les Philippines voient la mer monter trois fois plus vite, le Département de l’Environnement et des Ressources naturelles (DENR) estimant même que cela pourrait atteindre 13 millimètres par an. Karlo Queano, le chef de ce département, prévient que certaines zones côtières du pays pourraient disparaître complètement si rien n’est fait. Une étude gouvernementale comportant des préconisations est en cours, mais n’est pas attendue avant 2028, rapporte M. Queano. M. Gregorio assure que les routes sont surélevées tous les trois ans pour que la communauté puisse maintenir une vie normale, mais reconnaît que les projets à long terme pour combattre les inondations ne sont pas mis en place de façon consistante, à cause des changements politiques. Mme Tamayo, vendeuse de snacks, a vécu sur l'île toute sa vie, mais l’adaptation aux marées a épuisé le peu d’argent que sa famille avait réussi à économiser. Chaque année depuis trois ans, sa famille fait des travaux pour surélever sa maison avec du gravier et du béton. «J’aime cette île... Mais parfois je pense à partir», soupire-t-elle. Son mari, Rodolfo, qui gagne sa vie avec son bateau, estime que rester est une question de survie: «On ne peut pas partir, nous n’avons aucune chance de trouver du travail là-bas, on va être affamés». M. Lagmay, le géologue, soutient que l’affaissement des sols pourrait être réversible grâce à des politiques efficaces contre le creusement de puits trop profonds. Cependant, combattre l'élévation du niveau de la mer sera impossible sans un effort concerté des pays les plus industrialisés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, souligne-t-il. Pam CASTRO © Agence France-Presse