
Les créateurs de Famoco inventent le terminal de paiement polyvalent

Tout a commencé en Chine. C’est là que se sont rencontrés Nicolas Berbigier et Lionel Baraban. Le premier a fondé Xanadu, une société de tourisme pour les Chinois, le second en est devenu le directeur marketing. Entrepreneurs dans l’âme, ils testent ensemble des idées, des technologies et finissent par s’associer en 2010 en créant Famoco pour développer la carte sans contact multiapplicative dotée d’un écran. Le concept est rapidement acheté par Google qui déploie l’objet au Kenya auprès des commerçants pour recharger des titres de transport, et par Edenred qui en équipe des femmes de ménage en Belgique afin d’attester du travail réalisé. Cela leur permet de financer trois ans de R&D et de transformer une première intuition de marché en un produit répondant à un besoin bien identifié. « Nous avons compris que pour un usage professionnel, les téléphones mobiles n’étaient ni assez solides, ni assez sécurisés, raconte Nicolas Berbigier, c’est pourquoi nous avons créé un terminal mobile tournant sur Android, donc ouvert, mais adapté exclusivement aux usages B2B. » « Un terminal qui sert à valider toutes sortes de transactions digitales, du paiement au contrôle d’accès, à la gestion du personnel en mobilité en passant par le ticket de transport ou par l’identification d’une personne », complète Lionel Baraban. Ces deux-là forment un authentique binôme : Nicolas Berbigier remplit le rôle de l’ingénieur ingénieux qui maîtrise la technologie et en appréhende les multiples possibilités, tandis que Lionel Baraban, véritable geek également, parcourt le monde pour démontrer la pertinence des solutions Famoco.
Chaînon manquant
Leur génie est d’avoir créé un terminal solide, utilisable en zone de guerre, de sécheresse ou d’inondation, sur un operating system ouvert, Android, sur lequel toute entreprise peut faire tourner sa propre application, mais très sécurisé car les données de transaction retournent au gestionnaire du service et à lui seul. « Nos terminaux sont présents dans les zones les plus difficiles où sévissent la guerre et la famine, tout comme dans les boutiques de luxe des Champs Elysées, souligne Lionel Baraban, c’est le même appareil avec la même technologie ! » Famoco a été retenu par le programme alimentaire de l’ONU pour équiper ONG et commerçants qui fournissent les 19 produits de première nécessité aux réfugiés identifiés et dotés d’une carte de paiement permettant d’acheter ces produits-là, dans un périmètre restreint. La société fournit également les terminaux qui permettent aux magasins touristiques d’encaisser les paiements des Chinois Alipay et WeChatPay. Autres usages : la validation des titres de transport à Orléans ou la vente des tickets de la Mission Patrimoine de la FDJ, mais aussi le paiement de l’eau de puits en Afrique ou les programmes scolaires au Vietnam, où un enfant scolarisé régulièrement donne droit à une aide. « Et on trouve un nouveau cas d’usage chaque jour, renchérit Nicolas Berbigier, parce que nos terminaux constituent le chaînon manquant entre le monde physique et le monde digital. »
Installée en plein cœur du Marais où elle loue des bureaux au Crédit Municipal de Paris, et à Rennes où elle a un centre de développement, Famoco compte également six bureaux dans le monde en Inde, en Chine, à Singapour et en Afrique. Depuis 2013 et les premières ventes, la société est passée de quatre personnes à plus de cent collaborateurs. Outre des ingénieurs et des développeurs qui portent l’innovation technologique, l’accent est mis sur le développement des ventes et sur le service clients. Clémence Barret est commerciale sur les marchés retail et solutions de paiement : « C’est l’un des marchés les plus anciens pour Famoco, il comprend les solution d’encaissement sur les festivals, mais aussi l’accompagnement des commerçants dans l’acceptation des nouveaux modes de paiement comme LyfPay ou Lydia et dans la digitalisation de leurs offres (coupons, promotions). Une de nos forces est de proposer une solution qui s’adapte à des besoins très divers. » Et pour les grands comptes, Famoco a désigné des customer success managers : « nous accompagnons tout le processus de vente, y compris les appels d’offres pour faire le lien entre les besoins du client et nos équipes techniques, afin d’envoyer le bon produit avec la bonne version du bon logiciel, explique Alexandre Crouan, l’un d’entre eux. Et en cas de problème, nous cherchons une solution rapide pour contourner la difficulté avant de pouvoir le résoudre parfaitement. » D’ailleurs, preuve qu’une start-up se remet en question et suit un perpétuel mouvement, Famoco accueille depuis peu un UX designer (expérience utilisateur), Romain Monnot, chargé de rendre l’utilisation des terminaux et de la plate-forme informatique qui soit la plus simple et intuitive possible : « mon rôle est d’apporter un surcroît de qualité aux produits Famoco en identifiant tous les points qui rendent l’usage parfois compliqué ou peu compréhensible, et de proposer des évolutions pour fluidifier et simplifier la prise en main des produits. » Ce qui va bien au-delà du simple design des parcours et peut aussi induire un changement physique sur les terminaux. Une démarche qualité qui donne à Famoco une force supplémentaire pour s’imposer partout dans le monde.
Le parcours de Nicolas Berbigier
Polytechnique, ENSAE, London School of Economics.
1997 : consultant chez AT Kearney.
2001 : directeur des opérations Karavel.
2006 : fondateur et CEO de Xanadu (tourisme en Chine).
2010 : cofondateur et président de Famoco.
Le parcours de Lionel Baraban
Autodidacte.
1998 : fondateur d’Entopia (analyse sémantique).
2009 : directeur marketing de Xanadu (tourisme en Chine).
2010 : cofondateur et CEO de Famoco.
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