
Le liquidateur de FTX attaque Grayscale en justice

Nouveau rebondissement dans le feuilleton judiciaire FTX. «Nous continuerons à utiliser tous les moyens dont nous disposons pour maximiser les recouvrements pour les clients et les créanciers de FTX», a déclaré le PDG de la plateforme John J. Ray III. Dans un communiqué paru en fin de journée le 6 mars, le liquidateur chargé de gérer la faillite de l’empire de Samuel Bankman-Fried (SBF) a annoncé poursuivre en justice Grayscale qui se trouve dans le giron de Digital Currency group, détenu par le milliardaire Barry Silbert.
Plus exactement, c’est Alameda Research qui intente l’action en justice. Avant la faillite, la société de trading était en quelque sorte le bras armé de SBF en matière d’investissements. Plus officieusement, elle aurait permis aux équipes de l’ex-milliardaire de détourner plusieurs milliards de dollars de fonds de clients de FTX pour réaliser des investissements qui se sont avérés douteux ou pour s’enrichir personnellement.
Des frais de gestion «exorbitants»
Le fonctionnement des fonds bitcoin et ethereum de Grayscale est au cœur du litige. Ces produits permettent aux investisseurs de s’exposer passivement au bitcoin et à l’ether, la cryptomonnaie native du réseau Ethereum, en achetant des actions, émises par les fonds, dont la valeur suit celle des deux cryptoactifs. En retour, Grayscale promet de détenir proportionnellement du bitcoin et de l’ether. Les deux fonds disposeraient de 14 milliards de dollars de bitcoins et de 5 milliards de dollars d’ethers.
La première critique réside dans le fait que les investisseurs n’ont d’autre moyen pour récupérer leur mise que de revendre leurs actions via le marché secondaire. Pendant une grande partie de leur existence, les actions de ces deux fonds étaient tellement demandées, notamment par une clientèle de particuliers, qu’elles s’échangeaient à une valeur supérieure au cours du bitcoin et de l’ether, explique la plainte. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Les cours des actions subissent une décote importante depuis l’historique mois de novembre 2021 pour les cours crypto : plus de 80% pour le fonds éther et près de 75% pour le fonds bitcoin.
La plainte affirme que Grayscale disposait de leviers juridiques pour «éliminer cette décote» en autorisant les investisseurs à échanger leurs actions contre leur participation correspondante et donc favoriser des opérations d’arbitrage. Grayscale aurait choisi de ne pas le faire pour «protéger ses frais de gestion» avec lesquels il se rémunère.
La plainte déposée par le liquidateur reproche ainsi à Grayscale d’avoir «soutiré plus de 1,3 milliard de dollars en frais de gestion exorbitants, en violation des contrats de fiducie» au cours des deux dernières années, et en se cachant «derrière des excuses inventées pour empêcher les actionnaires de racheter leurs actions». Ces frais s’établissent à 2% pour le fonds bitcoin et 2,5% pour ethereum. Sans ces frais jugés excessifs ainsi que l’impossibilité de récupérer sa mise, la plainte estime que les actions du groupe FTX vaudraient «au moins 550 millions de dollars, soit environ 90% de plus que la valeur actuelle».
A ce jour, la Securities and Exchange Commission (SEC) a toujours refusé d’approuver la conversion du fonds bitcoin en ETF. Il n’existe pas de législation encadrant les risques de manipulations de marché concernant le bitcoin. C’est le principal argument évoqué par le gendarme boursier américain. En février, Grayscale a décidé de plaider sa cause devant les tribunaux.
A lire aussi: La bataille des chiffres fait rage entre SBF et les autorités
Une dette de 9,3 milliards
Le 2 mars, ses équipes ont présenté un premier bilan de «l’ampleur des déficits» de FTX.com, l’entité internationale de la plateforme, et FTX.US, l’entité régulée aux Etats-Unis. Un tableau encore imprécis en raison des registres de comptes «incomplets et, dans de nombreux cas, totalement absents». Il en ressort que FTX.com dispose de 2,2 milliards de dollars d’actifs (2,08 milliards d’euros) dont seulement 694 millions de dollars considérés de catégorie A, c’est-à-dire liquides, comme le bitcoin, l’ether, les stablecoins ou les monnaies traditionnelles. La dette d’Alamada Research envers FTX s’élève désormais à 9,3 milliards de dollars.
FTX.US, dont les comptes devaient être entièrement séparés du reste de l’empire de SBF, présente une dette nette de 107 millions de dollars envers Alameda Research. La plateforme a aussi 283 millions de dollars de créances à payer à différentes parties prenantes et doit 335 millions à ses clients. En face, le liquidateur a identifié 191 millions de dollars d’actifs dans les comptes ainsi que 28 millions de créances clients. Différentes parties prenantes lui doivent 155 millions de dollars.
En plus de ces montants, le liquidateur avait déclaré le 17 janvier avoir déjà identifié 6,1 milliards de dollars «d’actifs liquides».
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