
Le crowdfunding français franchit le cap des 2 milliards d’euros de collecte

Nouveau record pour le crowdfunding en France en 2022. Selon le baromètre du marché établi pour Mazard pour l’association Financement Participatif France (FPF) et dévoilé jeudi, la collecte a pour la première fois franchi le cap des 2 milliards d’euros. La soixantaine de plateformes actives (sur près de 200 qui revendiquent un agrément) ont collecté 2,3 milliards d’euros en 2022. C’est 25% de plus qu’en 2021 (1,8 milliard), qui enregistrait déjà une progression de 84% par rapport à 2020.
C’est surtout le prêt qui attire les investisseurs (2,1 milliards d’euros) suivi de l’investissement en actions (150 millions d’euros). Alors que ces deux segments sont en hausse, le don chute lourdement, passant de 197 millions d’euros en 2021 à 106,7 millions l’année dernière.
L’intermédiation et l’immobilier en hausse
Pour FPF, les hausses de l’intermédiation et de l’immobilier sont notamment à l’origine de la très forte dynamique du marché l’année dernière. Bien que la majorité de la collecte se fasse toujours en direct (66%), l’intermédiation pèse maintenant pour un quart de la collecte. «Les plateformes ont organisé leurs circuits de collecte face à l’augmentation du nombre de projets et de montants à financer», a expliqué Bertrand Desportes, associés chez Mazars, lors de la présentation du baromètre.
Plateformes et CGP semblent avoirtrouvé leur modèle. Les mains tendues se multiplient et de nouveaux produits (garantie liquidité, vente à réméré…) sont sortis l’année dernière pour séduire la clientèle patrimoniale.
Bertrand Desportes a également souligné l’imbrication «accrue du crowdfunding avec l’asset management, tant côté gestion que distribution». Quelques exemples : Homunity a intégré Tikehau Capital en 2019, Fundimmo a rejoint Atland la même année, en 2021, Baltis rejoignait le groupe Magellim et Lendosphere adoptait les couleurs de 123 IM…
En complément de la clientèle patrimoniale qui booste les collectes des plateformes, la hausse du segment immobilier explique la forte hausse du crowdfunding l’année dernière. A lui seul, il s’est arrogé les trois quarts de la collecte globale (1,6 milliard d’euros, soit +40,2% par rapport à 2021). Historiquement tourné vers les promoteurs, le marché s’appuie à présent essentiellement sur les opérations de marchands de biens (56% contre 35%, le reste étant des opérations de diverses natures comme l’aménagement urbain). Les projets durent en moyenne 21,4 mois et délivrent un TRI de 9,4%, le tout pour un ticket de près de 6.000 euros.
Les défauts et les retards devraient augmenter
Difficile d’avoir une vision claire des retards et défauts, le baromètre ne présentant pas de moyenne globale.
FPF a pourtant travaillé de concert avec ses plateformes adhérentes pour imposer des standards de place. Si ces indicateurs sont disponibles sur leur site Internet, ils n’ont pas été agrégés dans le cadre du baromètre global. «La définition harmonisée existe, la difficulté est le contrôle. Il faudrait être en mesure de vérifier et d’auditer les informations publiées. A l'échelle de FPF ce n’est pas évident» a expliqué Florence de Maupeou, sa directrice générale. « Le statut PSFP devrait obliger à plus de vigilance », a-t-elle ajouté.
Elle a été appuyée par Laurent Altmayer, créateur de Hellocrowdfunding, l’agrégateur en ligne des projets de crowdfunding immobilier : « Les défauts sont prononcés après une très longue période judiciaire. Pour l’instant, on en comptabilise moins d’une dizaine en immobilier, mais on sait que des opérateurs sont en cours de procédures de faillite ou liquidation judiciaire. Il ne fait aucun doute que les retards et défauts augmenteront», a-t-il estimé.
FPF a toutefois indiqué des fourchettes de taux de défauts pour les prêts : ils peuvent grimper jusqu’à 9,5% pour les obligations (contre 4,5% pour les prêts rémunérés). Aucune information n’a été communiquée pour les minibons.
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