
Le crowdfunding continue à ralentir et à se spécialiser
Léger coup de frein dans le crowdfunding. Les plates-formes de financement participatif ont collecté 402 millions d’euros en 2018, soit une progression de 20% par rapport à l’année dernière, selon le baromètre annuel du crowdfunding établi par KPMG et l’association Financement Participatif France (FPF), divulgué hier. Le rythme de croissance a ralenti puisqu’en2017, la collecte avait augmenté de 44%. «Nous ne sommes plus sur une croissance à trois chiffres mais à deux chiffres, plus représentative d’un marché mature en pleine structuration», explique la présidente de FPF Stéphanie Savel . Au total, 1,5 million de personnes ont financé 33.381 projets à travers 2,6 millions de souscriptions en 2018.
Dans le détail, l’equity et le don perdent du terrain par rapport au financement par la dette. Le financement par le don, qui n’a représenté que 81,5 millions d’euros en 2018, est ainsi en recul de 2% par rapport à l’année dernière. Cette stagnation est due à la maturité et au manque de profondeur du marché dominé par trois acteurs (KissKissBankBank, Ulule et Hello Asso), selon les experts de KPMG. Du côté de l’equity, la collecte est en repli de 19%, à 47,1 millions d’euros. Seuls 174 projets ont, en effet, été financés par des plates-formes de crowdequity, en 2018, pour un montant moyen d’investissement en capital par projet de 10.152 euros.
À l’inverse, les outils de financement par la dette font preuve de dynamisme. «40% de la croissance des fonds collectés sont portés essentiellement par le financement sous forme d’obligation comme le crowdfunding immobilier et celui dans les énergies renouvelables», détaille Stéphanie Savel. «Cette architecture de financement est complètement intégrée aux modes de financement traditionnels. Cela permet aux acteurs de proposer des taux attractifs aux prêteurs particuliers, de l’ordre de 9% dans l’immobilier par exemple», ajoute-t-elle. Le crowdfunding immobilier apparaît surtout moins risqué qu’un investissement dans une start-up pour les épargnants. Ce secteur témoigne aussi de la concentration du marché puisque «cinq acteurs réalisent 70% de la collecte du crowdfunding immobilier», selon Jérémie Benmoussa, cofondateur de Fundimmo et trésorier de FPF.
Dans l’ensemble, deux grandes tendances se distinguent dans le développement des plates-formes : la spécialisation thématique, «une stratégie de niche très viable mais dont l’enjeu est de parvenir à générer du flux», selon Stéphanie Savel, et la diversification des modes de financement sur les plates-formes généralistes.
Plus d'articles du même thème
-
Crowdfunding : Bricks.co obtient l’agrément PSFP
L’ancienne plateforme de royalties immobilières bascule dans le règlement européen du financement participatif. Des changements techniques sont prévus, notamment la fin du coupon à taux variable et l’exclusion du rendement variable dans ses communications. -
The Clique obtient son agrément de prestataire de services en financement participatif
La plateforme base son développement sur une vision traditionnelle du crowdfunding, orientée BtoC, avec le moins d’intermédiation possible. -
Crowdfunding : «70% de nos collectes proviennent des CGP»
La société de gestion Vatel Capital accélère la digitalisation de sa filiale de financement participatif. Entretien avec son équipe.
Sujets d'actualité
- Société Générale : le mythe têtu de la «création de valeur»
- La Société Générale dévoile des ambitions décevantes pour 2026
- Après les années Oudéa, Slawomir Krupa met la Société Générale au régime sec
- L’ancien patron de la Bred, Olivier Klein, arrive chez Lazard
- La zone euro se dirige vers la récession
Contenu de nos partenaires
-
Europe
Ukraine: pourquoi la Pologne a perdu ses nerfs
Sur fond d'élections incertaines dans trois semaines, Varsovie ouvre une crise avec Kiev en annonçant la fin des livraisons d'armes -
Exclusif
Séisme au Maroc: dans les coulisses du jour le plus long de Mohammed VI
L'Opinion a reconstitué les premières heures post sinistre du roi du Maroc pour répondre à la catastrophe naturelle la plus mortelle de son règne -
Spécial Pologne
« Les Russes veulent revenir » - la tribune d'Eryk Mistewicz
« Il y a 30 ans, le dernier soldat soviétique a quitté la Pologne. À en croire les idéologues de Poutine, les Russes aimeraient aujourd'hui retourner en Pologne et dans toute l'Europe centrale. Nous faisons tout, nous, Polonais et Ukrainiens, Français aussi, tous en Europe et aux États-Unis, pour les en empêcher », explique le président de l'Instytut Nowych Mediówryk.