
La percée des fintechs dans les paiements impose aux banques de réagir

Les fintechs et le paiement ont une longue histoire commune. Désormais, la majorité des banques estime que 10% des volumes de transactions sont entre les mains de ces concurrentes innovantes, selon une enquête de Finastra/Aite-Novarica Group réalisée fin 2022 et début 2023 auprès de 108 responsables mondiaux des paiements bancaires.
Les clients apprécient de pouvoir payer de façon plus simple, plus fluide, plus digitale… leurs exigences ne font que grandir sur ce point. Pour les banques, il est donc urgent de se mettre à niveau, 94% d’entre elles prévoient ainsi de continuer à investir dans les paiements durant les deux ou trois prochaines années.
La modernisation des infrastructures est désormais l’un des principaux défis pour celles qui veulent rester dans la course. Selon cette étude, elle passe par quatre sujets techniques.
Temps réel
Premier thème, les paiements en temps réel font l’objet d’un investissement important dans de nombreux pays ou zones. 72% des banques déclarent avoir un projet dans ce domaine, mais la mise en œuvre pratique est loin d’être simple. Si bien que 76% des établissements considèrent que leurs systèmes d’information historiques constituent un obstacle majeur à l’intégration des paiements instantanés. Tandis que pour 30% la difficulté majeure est le coût de l’intégration. Mais la demande est bien là, notamment du côté de la clientèle entreprises qui en attend une amélioration de l’efficacité opérationnelle, des services à valeur ajoutée et notamment la possibilité de payer en urgence, y compris à l’international. Plus étonnant, la gestion de trésorerie plus rapide semble moins attendue.
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Deuxième sujet, les paiements transfrontaliers devraient rattraper les améliorations réalisées dans les paiements domestiques. Mais pour les banques, cette activité reste coûteuse et elles s’appuient sur le principal fournisseur dans ce domaine, Swift avec son offre GPI. D’autres rails peuvent être utilisés chez Mastercard ou Visa, voire Ripple, et des rapprochements sont en cours entre chambres de compensation, par exemple entre The Clearing House, EBA Clearing et Swift pour accélérer les paiements transatlantiques.
Mais les principales difficultés sont les faibles volumes à traiter et le coût élevé par transaction, sans oublier les préoccupations liées à la conformité, à la gestion des banques correspondantes ou à la lenteur des transferts de fonds. Investir dans ce domaine, c’est d’abord réduire les coûts et accéder à des marchés difficiles, mais le jeu peut en valoir la chandelle si cela permet de gagner ou de fidéliser une clientèle d’entreprises qui en a absolument besoin.
S’appuyer sur le cloud
Le troisième thème comprend la migration vers le cloud ou le choix du «payment as a service» (PaaS) : 23% des banques interrogées ont déjà migré le traitement des paiements dans le cloud et 17% ont un projet en cours, la plupart sont de grands établissements. Les autres étudient la question. Recourir à un prestataire de «payment as a service» apparaît comme une solution plus facile et plus rapide à intégrer, surtout si elle permet d’offrir des paiements en temps réel, des capacités de reporting, du routage intelligent ou des outils d’automatisation des transactions. 77% des banques y voient un moyen de réduire le coût total de possession (total cost of ownership) et autant un moyen de réduire la complexité des opérations, et 73% misent sur PaaS pour lancer plus vite de nouveaux services.
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Dernier sujet d’adoption : les monnaies digitales. Seulement 16% des banques participent à un projet pilote, 40% restent dans une position d’observation et 23% indiquent ne pas avoir prévu de lancer un service dans les deux années à venir. La demande n’est pas là et il n’y a pas vraiment d’incitation à se lancer pour les banques traditionnelles, d’autant plus que la fraude et les sujets de conformité leur font toujours peur. Et pourtant, Block (ex-Square) ou Revolut ont gagné beaucoup d’argent grâce aux cryptos…
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