
Fintech, une forme d’urgence à recruter

« Le Covid-19 a eu un léger impact sur notre politique de recrutement et n’a fait que retarder légèrement notre planning d’intégration de nouveaux collaborateurs. Depuis le mois de janvier, nous avons embauché 35 collaborateurs et une dizaine devrait encore nous rejoindre d’ici à la fin de l’année. » DRH de Lemonway, la start-up spécialisée dans les solutions de paiement BtoB qui emploie aujourd’hui 94 salariés, Audrey Toussaint résume le sentiment général : la crise sanitaire ne semble pas avoir freiné les ambitions de croissance des fintech tricolores.
Il faut dire que dans cet écosystème, les stratégies de recrutement sont davantage dirigées par les levées de fonds que par la conjoncture économique ou sanitaire. Le néo-assureur Luko a ainsi pu financer le doublement de ses effectifs grâce aux 20 millions d’euros collectés en novembre 2019. Tous ces recrutements visent à structurer les équipes et à accompagner une croissance du business. « Chaque mois, notre activité progresse de 15 % à 20 %, note sa DRH Stella Walter. Il y a donc pour nous une forme d’urgence à recruter afin de pouvoir absorber le flux des nouveaux clients. » Ces derniers mois, l’entreprise, qui comptera plus de 85 collaborateurs à la fin de l’année, s’est donc renforcée sur trois grands postes opérationnels : la relation client, la gestion des sinistres et les développeurs.
Dans les fintech ayant déjà bouclé plusieurs levées de fonds, les plans de recrutement ont aussi vocation à soutenir le développement à l’international. « Même si c’est surtout en France et aux Etats-Unis que nous avons le plus de besoins, nous embauchons aussi dans tous les pays où nous sommes présents : Mexique, Brésil, Royaume-Uni, Espagne, Allemagne, Singapour et Japon », confirme Nathalie Parent, DRH de Shift Technology. Cet éditeur de solutions de détection de fraude par l’IA (intelligence artificielle)a enregistré pas moins de 150 nouvelles recrues en 2019, après avoir levé 53 millions d’euros en mars de la même année.
Les apports en capitaux permettent enfin d’étoffer les équipes dirigeantes. Lemonway a ainsi attiré dans ses filets Romain Milecki, 32 ans, nommé head of operational excellence en janvier dernier. « J’étais rattaché au directeur général de N26 France à Berlin comme ‘strategy & operations manager’ lorsque Jérémy Ricordeau, CFO* et COO* de Lemonway, avec qui j’avais travaillé sur un projet de partenariat, m’a contacté, raconte ce diplômé de Supelec et de l’Imperial College Business School de Londres. La perspective de rentrer à Paris et de contribuer à la croissance d’une des fintech tricolores les plus prometteuses m’a convaincu d’accepter. »
Disruptif et multiculturel
Pour tirer leur épingle du jeu sur un marché de l’emploi où elles sont concurrencées par les entreprises de la tech et de la finance, ces jeunes pousses pratiquent nativement le multicanal. Pour Audrey Pedro, 32 ans, qui officie depuis deux ans comme product lead chez Shift Technology, la connexion s’est faite suite à un « like » sur un article rédigé par Marcel Gordon, VP product de Shift Technology, sur le métier de product manager. « Deux jours plus tard, il m’a envoyé un message m’expliquant qu’il était en train de monter une équipe et qu’il souhaitait me rencontrer, se souvient cette ingénieur de Télécom Bretagne. J’avoue que la perspective de rejoindre une équipe dirigée par quelqu’un qui a travaillé pendant dix ans chez Google a pesé dans la balance. »
Pour attirer les candidats, les fintech misent sur leur ADN. « Ce que nous leur vendons, c’est la possibilité d’intégrer une entreprise disruptive et multiculturelle, avec un environnement hautement collaboratif qui leur permettra d’apprendre vite et d’avoir un réel impact », note Tamara Lora, DRH de Kantox, éditeur de logiciels spécialisés dans la gestion du risque de change. Des arguments qui ont fait mouche auprès de Thibaud Fusade, 28 ans, qui a rejoint le bureau de Barcelone comme senior FX specialist en juillet 2019, après avoir travaillé dans un cabinet d’analyse et de valorisation d’actifs. « Chez Kantox, j’ai la chance de pouvoir faire le job d’un ‘partner’, assure-t-il. Après avoir effectué la prospection, l’analyse financière et le ‘pricing’, je pilote la mise en œuvre de la solution la plus adaptée. Je reste également le contact privilégié du client tout au long de la vie du contrat. Si j’avais rejoint une banque d’affaires, j’aurais été cantonné à des tâches d’analystes sans jamais voir un client. »
Les fintech investissent enfin dans des politiques RH innovantes. « Chez nous, 15 % des effectifs étaient déjà en télétravail bien avant la pandémie, note Stella Walter. Nous offrons également des options d’achats d’actions gratuites à l’ensemble des salariés, avec des montants réellement significatifs. » La jeune pousse est également en train de tester un dispositif de congés illimités et a été parmi les premières à déployer le congé paternité d’un mois. « Nous sommes en outre très engagés sur les questions sociétales, environnementales et éthiques, ajoute Stella Walter. Nous avons obtenu l’an dernier le label Bcorp, et reversons une partie de nos bénéfices à des associations choisies par nos souscripteurs. Cet engagement est un levier de fidélisation très puissant pour nos collaborateurs. »
*CFO : ‘chief financial officer’ ; COO : ‘chief operating officer’.
Plus d'articles du même thème
-
Klarna et la crypto réveillent les introductions à Wall Street
Le succès de la cotation du spécialiste du paiement fractionné, associé à l’engouement provoqué par les projets d’introduction en Bourse de plusieurs acteurs des cryptoactifs, illustre l’intérêt des investisseurs pour les valeurs financières de nouvelle génération. -
Les regtechs aident les banques à se moderniser
La deuxième édition du Regtech Day a montré comment les start-up innovantes contribuent à insuffler du mouvement parmi les fonctions de contrôle interne et de conformité des grands établissements. -
La fraude par manipulation reste sous contrôle
L’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement montre que les mesures prises par les banques et la collaboration avec les opérateurs télécom portent leurs fruits.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street termine sans direction claire, prudente avant les prix à la consommation
Washington - La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, les investisseurs se montrant attentistes avant la publication jeudi d’un nouvel indicateur d’inflation côté consommateurs aux Etats-Unis, susceptible de donner de nouveaux indices sur la trajectoire privilégiée par la banque centrale américaine (Fed). L’indice élargi S&P 500 (+0,30%) et l’indice Nasdaq (+0,03%) ont tous les deux grappillé de nouveaux records, respectivement à 6.532,04 points et 21.886,06 points. Le Dow Jones a, pour sa part, perdu 0,48%. «Le marché connaît quelques ventes avant la publication demain (jeudi) de l’indice CPI» des prix à la consommation américains, a commenté auprès de l’AFP Peter Cardillo, analyste de Spartan Capital Securities. Mercredi, les investisseurs ont finalement peu réagi à l’annonce d’un recul surprise des prix à la production en août aux Etats-Unis (-0,1%), après une forte augmentation un mois plus tôt (+0,7% en juillet). «C’est une bonne nouvelle, mais cet indicateur ne porte que sur un seul mois, et n’indique donc pas de véritables changements vis-à-vis de l’inflation, qui reste tenace», a expliqué M. Cardillo. En rythme annuel, l’indice a ralenti en août à +2,6%. En revanche, hors prix volatils de l’alimentation et de l'énergie, il a accéléré à +2,8%. La publication jeudi de l’indice des prix à la consommation (CPI) avant l’ouverture de Wall Street sera plus «significative», a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers, car elle viendra affiner les attentes des investisseurs concernant les perspectives de baisses des taux de la Réserve fédérale (Fed). Selon l’outil de veille FedWatch de CME, la grande majorité des acteurs du marché estiment que l’institution baissera ses taux d’un quart de point lors de sa prochaine réunion prévue les 16 et 17 septembre. «Mais si le CPI est inférieur aux prévisions (...) cela pourrait ouvrir la voie à une baisse d’un demi-point la semaine prochaine», a estimé M. Cardillo. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se détendait par rapport à la clôture mardi, à 4,04% vers 20H20 GMT contre 4,09%. A la cote, Oracle a été catapulté (+36,07% à 328,62 dollars) après avoir annoncé que le chiffre d’affaires de ses infrastructures «cloud» (informatique dématérialisée) devrait atteindre 144 milliards de dollars d’ici 2030, profitant de l’engouement autour de l’intelligence artificielle (IA). A l’occasion de la publication mardi de ses résultats trimestriels, le groupe a annoncé dans un communiqué anticiper une croissance de 77% du chiffre d’affaires d’Oracle Cloud Infrastructure, «pour atteindre 18 milliards de dollars cette année fiscale». Selon le Wall Street Journal, le groupe aurait par ailleurs signé un contrat d’environ 300 milliards de dollars avec OpenAI, l’un des leaders de l’IA générative. Le spécialiste suédois du paiement fractionné Klarna a reçu un accueil mitigé pour son premier jour de cotation à la Bourse de New York. L’entreprise a fait son entrée avec un titre vendu au prix de 40 dollars l’unité. L’action a terminé à 46,33 dollars (+15,8%). La chaîne de sandwicheries Potbelly s’est envolée (+31,32% à 16,98 dollars) après que la société a annoncé qu’elle avait accepté d'être rachetée par RaceTrac, entreprise de stations-services et de magasins de proximité aux Etats-Unis, dans le cadre d’une transaction évaluée à environ 566 millions de dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
La Bourse de New York termine sans direction claire
Washington - La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, les investisseurs se montrant attentistes avant la publication jeudi d’un nouvel indicateur d’inflation côté consommateur aux Etats-Unis, susceptible de donner de nouveaux indices sur la trajectoire privilégiée par la banque centrale américaine (Fed). L’indice élargi S&P 500 (+0,30%) et l’indice Nasdaq (+0,03%) ont tous les deux grappillé de nouveaux records, respectivement à 6.532,04 points et 21.886,06 points. Le Dow Jones a, pour sa part, perdu 0,48%. Nasdaq © Agence France-Presse -
Yémen : 35 morts et 131 blessés dans des raids israéliens sur les Houthis
Sanaa - L’armée de l’air israélienne a bombardé mercredi des sites des Houthis au Yémen, faisant 35 morts et 131 blessés, ont indiqué ces rebelles, qui contrôlent de larges pans du pays y compris la capitale Sanaa. «Le nombre de martyrs et de blessés parmi les citoyens victimes du crime sioniste perfide est passé à 35 martyrs et 131 blessés», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, sur X, en précisant que ce décompte n'était pas définitif. Il avait dans un premier temps fait état de neuf morts et 118 blessés, et de recherches dans les décombres pour retrouver des disparus. Les raids ont ciblé la capitale Sanaa et la province de Jawf (nord), où Israël a indiqué avoir frappé des «cibles militaires» des Houthis. «Nous continuerons à frapper. Quiconque nous attaque, nous l’atteindrons», a déclaré après ces raids le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La télévision Al-Massirah, organe des Houthis, a fait état de «martyrs, blessés et plusieurs maisons endommagées dans l’attaque israélienne contre le quartier général de l’Orientation morale», du nom donné aux services de communication des forces rebelles dans la capitale. Un grand panache de fumée grise s’est élevé au-dessus de Sanaa après les frappes, dont le bruit a résonné dans toute la ville, régulièrement attaquée par Israël, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Nos défenses aériennes affrontent actuellement des avions israéliens qui lancent une agression contre notre pays», a déclaré dans l’après-midi le porte-parole militaire houthi, Yahya Saree. Tirs vers Israël Selon deux journalistes de l’AFP à Sanaa, un bâtiment utilisé par les forces armées houthies a été touché. Al-Massirah a également fait état de frappes israéliennes contre des bâtiments gouvernementaux à Jawf. L’armée israélienne, qui avait annoncé la veille avoir intercepté un missile tiré du Yémen, a dit avoir frappé des «camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant». Sa nouvelle attaque survient trois jours après qu’un tir de drone, revendiqué par les Houthis depuis le Yémen, a blessé un homme en tombant sur l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël. Le mois dernier, des bombardements israéliens ont tué le Premier ministre et 11 responsables houthis, dans la plus importante opération israélienne contre ces rebelles proches de l’Iran. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l’aéroport international de Sanaa. © Agence France-Presse