
Binance poursuit son opération séduction en France

Binance poursuit son opération séduction en France. Changpeng Zhao, le patron de la plus grande Bourse de cryptomonnaies au monde, est actuellement en visite en Paris, où il a fait une série d’annonces mercredi.
L’ambition de Changpeng Zhao, alias CZ, est claire : s’imposer comme « le leader de l’adoption des cryptomonnaies en France », et « construire et soutenir un écosystème solide autour de la blockchain », a-t-il résumé mercredi après-midi, lors d’une interview sur BFM Business.
Le matin, il annonçait l’ouverture de son propre espace d’incubation au sein de Station F, l’incubateur XXL de start-up implanté dans le 13e arrondissement parisien. Avec un investissement global de 100 millions d’euros, Binance accompagnera donc des start-up tricolores au sein de Station F. « Nous allons aider les entreprises du Web.3, avec un hébergement gratuit [dans Station F] pendant la période d’incubation, un soutien personnalisé, jusqu’ à une éventuelle introduction en Bourse. Nous pourrons aussi assurer la passerelle avec les régulateurs », a détaillé Changpeng Zhao.
Paris pour base européenne
Mais il compte aussi gagner en respectabilité, et s’imposer en France. Symbole révélateur, une banderole « We love Binance » flotte actuellement sur l’édifice du Palais Brongniart, où se tient cette semaine le Paris Blockchain Week Summit. Changpeng Zhao a aussi loué à l’envi la réglementation « très pro-crypto et très juste » du gouvernement français envers le secteur largement non réglementé de la cryptomonnaie, « à la fois stricte et progressiste ». Il dit avoir rencontré le président Emmanuel Macron en novembre dernier.
Alors que Binance a inauguré récemment dans l’Hexagone une entité locale, dirigée par David Prinçay, Paris « sera sûrement notre siège régional pour l’Europe », a révélé Changpeng Zhao. Et de préciser : « cet été, je serai basé à Paris ».
Surtout, « CZ » tente de faire enregistrer Binance auprès de l’AMF, l’autorité française de régulation des marchés, en tant que « prestataire de services sur actifs numériques » (PSAN). « Nous voulons cette licence, nous avons fait la demande d’autorisation », a-t-il confirmé sur BFM Business.
La plateforme a déclaré le mois dernier qu’elle avait obtenu une licence pour mener certaines opérations à Dubaï, d’où elle prévoit de mener des activités régionales. Entretemps, la banque centrale de Bahreïn lui a également accordé une licence de fournisseur de services de cryptoactifs.
Avertissements de régulateurs
De fait, malgré ses efforts, Binance continue d’avoir une odeur de soufre. L’année dernière, plus d’une dizaine de régulateurs nationaux, dont ceux d’Allemagne, d’Italie et de Grande-Bretagne, ont émis des avertissements à propos de Binance. Certains ont dit qu’il fonctionnait sans licence dans leur juridiction. D’autres ont mis en garde contre l’utilisation de ses services.
Interrogé à ce sujet, Changpeng Zhao a déclaré qu’il se félicitait de la réglementation et qu’il travaillait en étroite collaboration avec les autorités du monde entier. Face aux règles européennes, notamment le règlement MiCA, « cela va prendre du temps, voire des années, mais on peut travailler avec les régulateurs pour trouver un bon équilibre », a-t-il assuré. Pour être à la page, « nous avons embauché des anciens du Trésor, de anciens régulateurs, des anciens des agences de tutelle ». Il est vrai qu’il avait déjà été prié de renforcer ses contrôles contre le blanchiment d’argent.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse