Yandex nourrit le débat d’une bulle internet

Après celle de LinkedIn, l’introduction en bourse du russe a rencontré une forte demande
Olivier Pinaud
Le site de Yandex. Photo: PHB/Agefi
Le site de Yandex. Photo: PHB/Agefi  - 

Alors que les dirigeants des plus grands groupes mondiaux de l’internet sont réunis jusqu’à aujourd’hui à Paris dans le cadre du premier «e-G8», le russe Yandex démontre une nouvelle fois l’emballement que suscite l’économie numérique. Son introduction en bourse sur le Nasdaq a été souscrite plus de 17 fois, permettant au Google russe d’afficher une capitalisation de 8 milliards de dollars, soit 18 fois le montant de son chiffre d’affaires 2010. Cela même avant le bond de 55% du cours hier à l’occasion de sa première journée de cotation.

L’introduction en Bourse de Yandex, la plus importante à New York dans l’internet depuis Google en 2004, intervient après celles de LinkedIn ou du chinois RenRen. Compte tenu des succès obtenus et des niveaux de valorisation, d’autres sont déja annoncées. Twitter, Groupon et surtout Facebook, dont la capitalisation théorique dépasserait les 70 milliards de dollars, entendent entrer en Bourse cette année ou en 2012.

Cet afflux de nouveaux entrants pourrait permettre au marché de trouver ses marques. Car malgré l’existence de comparables, comme Google, eBay ou Amazon, rescapés de la bulle des années 2000, les investisseurs ont du mal à apprécier justement la valeur des sites de nouvelle génération, comme l’indiquait Jean-Florent Rérolle, le président de l’International Valuation Professional Board, dans l’Agefi Hebdo du 19 mai. Pour son premier jour de cotation, le cours de LinkedIn a ainsi doublé, preuve d’un manque flagrant de repères sur la valorisation. Le réseau social capitalise actuellement environ 30 fois son chiffre d’affaires annuel. La valeur d’introduction en Bourse de Yandex représente pour sa part 23 fois la prévision de bénéfice annuel 2011, soit quasiment le double de Google. «Il n’y a aucun moyen de justifier une telle valorisation», s’exclamait récemment un gérant américain auprès de Bloomberg après avoir vendu ses actions LinkedIn dès le premier jour de cotation.

Ces valorisations ne sont par pour autant la preuve de la formation d’une nouvelle bulle à proprement parler. D’une part, ces sites bénéficient d’un effet de rareté. LinkedIn est le premier réseau social à entrer en bourse, ce qui a pu gonfler la demande de titres. Or, compte tenu de la taille de l’opération (405 millions de dollars), l’offre de papier était restreinte. Conséquence, plus de 30 millions d’actions LinkedIn ont changé de mains le premier jour de cotation, soit quasiment quatre fois le montant émis sur le marché. Jamais, selon Bloomberg, une introduction en Bourse n’avait connu un tel écart entre offre et demande depuis plus de cinq ans. D’autre part, à la différence du début des années 2000, la flambée des valorisations ne profite qu’au secteur de l’internet et ne se répand pas à l’ensemble du marché (voir graphique).

En revanche, un début de surchauffe n’est pas exclu. Autant à la fin des années 90, les sociétés internet devaient lever d’importants capitaux propres pour couvrir leurs dépenses mensuelles, autant aujourd’hui le modèle économique dans l’internet a fait ses preuves. Yandex ou LinkedIn autofinancent déjà leurs dépenses. Les introductions actuelles permettent donc surtout aux fonds de capital risque de réaliser leurs investissements. Un peu plus des deux tiers des actions mises sur le marché par Yandex proviennent ainsi de cessions des actionnaires historiques entrés pour certains au milieu des années 2000 à des conditions valorisant le site à peine 20 millions de dollars, 400 fois moins qu’aujourd’hui.

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