
Yandex nourrit le débat d’une bulle internet

Alors que les dirigeants des plus grands groupes mondiaux de l’internet sont réunis jusqu’à aujourd’hui à Paris dans le cadre du premier «e-G8», le russe Yandex démontre une nouvelle fois l’emballement que suscite l’économie numérique. Son introduction en bourse sur le Nasdaq a été souscrite plus de 17 fois, permettant au Google russe d’afficher une capitalisation de 8 milliards de dollars, soit 18 fois le montant de son chiffre d’affaires 2010. Cela même avant le bond de 55% du cours hier à l’occasion de sa première journée de cotation.
L’introduction en Bourse de Yandex, la plus importante à New York dans l’internet depuis Google en 2004, intervient après celles de LinkedIn ou du chinois RenRen. Compte tenu des succès obtenus et des niveaux de valorisation, d’autres sont déja annoncées. Twitter, Groupon et surtout Facebook, dont la capitalisation théorique dépasserait les 70 milliards de dollars, entendent entrer en Bourse cette année ou en 2012.
Cet afflux de nouveaux entrants pourrait permettre au marché de trouver ses marques. Car malgré l’existence de comparables, comme Google, eBay ou Amazon, rescapés de la bulle des années 2000, les investisseurs ont du mal à apprécier justement la valeur des sites de nouvelle génération, comme l’indiquait Jean-Florent Rérolle, le président de l’International Valuation Professional Board, dans l’Agefi Hebdo du 19 mai. Pour son premier jour de cotation, le cours de LinkedIn a ainsi doublé, preuve d’un manque flagrant de repères sur la valorisation. Le réseau social capitalise actuellement environ 30 fois son chiffre d’affaires annuel. La valeur d’introduction en Bourse de Yandex représente pour sa part 23 fois la prévision de bénéfice annuel 2011, soit quasiment le double de Google. «Il n’y a aucun moyen de justifier une telle valorisation», s’exclamait récemment un gérant américain auprès de Bloomberg après avoir vendu ses actions LinkedIn dès le premier jour de cotation.
Ces valorisations ne sont par pour autant la preuve de la formation d’une nouvelle bulle à proprement parler. D’une part, ces sites bénéficient d’un effet de rareté. LinkedIn est le premier réseau social à entrer en bourse, ce qui a pu gonfler la demande de titres. Or, compte tenu de la taille de l’opération (405 millions de dollars), l’offre de papier était restreinte. Conséquence, plus de 30 millions d’actions LinkedIn ont changé de mains le premier jour de cotation, soit quasiment quatre fois le montant émis sur le marché. Jamais, selon Bloomberg, une introduction en Bourse n’avait connu un tel écart entre offre et demande depuis plus de cinq ans. D’autre part, à la différence du début des années 2000, la flambée des valorisations ne profite qu’au secteur de l’internet et ne se répand pas à l’ensemble du marché (voir graphique).
En revanche, un début de surchauffe n’est pas exclu. Autant à la fin des années 90, les sociétés internet devaient lever d’importants capitaux propres pour couvrir leurs dépenses mensuelles, autant aujourd’hui le modèle économique dans l’internet a fait ses preuves. Yandex ou LinkedIn autofinancent déjà leurs dépenses. Les introductions actuelles permettent donc surtout aux fonds de capital risque de réaliser leurs investissements. Un peu plus des deux tiers des actions mises sur le marché par Yandex proviennent ainsi de cessions des actionnaires historiques entrés pour certains au milieu des années 2000 à des conditions valorisant le site à peine 20 millions de dollars, 400 fois moins qu’aujourd’hui.
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Tensions Macron-Attal : la brouille qui secoue Renaissance face à la crise politique
Paris - Rien ne va plus entre Emmanuel Macron, président en difficulté ne pouvant se représenter, et Gabriel Attal, prétendant à la succession exfiltré de Matignon par la dissolution. Une mésentente au sommet, sur fond de crise politique et d’incertitude sur l’issue du quinquennat. Juillet 2025. Devant les Jeunes avec Macron, Gabriel Attal fait un pas vers la présidentielle. Quelques minutes plus tard, le président débarque, rabroue ceux qui «ne pens(ent) qu'à 2027" et électrise les jeunes militants en lançant avoir besoin d’eux «pour les cinq», «dix ans qui viennent». Mines crispées des attalistes et du premier d’entre eux. Un député s'étonne de «la manière dont le président a humilié Attal». Et ajoute: «il passe son temps à buter tous ceux qui veulent lui succéder». Un classique français ? La Ve République regorge de luttes entre présidents et successeurs potentiels. Surtout issus du même camp. De Gaulle-Pompidou, Giscard-Chirac, Chirac-Sarkozy... Nicolas Sarkozy, source d’inspiration pour Gabriel Attal, certes issu du PS mais dont une partie de l’entourage a fait ses classes à l’UMP, comme son bras droit Maxime Cordier. «Quand Attal a pris le parti après Matignon, il m’a dit: +je vais faire Sarko 2004, avec une grosse convention d’investiture+", relate un député PS. Il s'était déjà emparé du groupe macroniste à l’Assemblée contre la volonté de l’Elysée. Quelques semaines après la dissolution, point d’orgue d’une mésentente qui a débuté quasiment dès son arrivée à Matignon. La nomination du plus jeune Premier ministre de l’histoire était pourtant un coup personnel du président, contre l’avis de nombreux proches. Mais «deux semaines après, son entourage ne fait que nous savonner la planche», affirme un proche de M. Macron. En pleine crise, l’accueil de M. Macron au Salon de l’Agriculture est dantesque. Celui du Premier ministre plus apaisé. «Il lui sabote le Salon car il n’a pas géré la crise», «ça a été le moment où le président a été physiquement le plus en danger du quinquennat», fulmine cette source pour qui, dès lors, «la confiance est rompue». Front républicain L'épisode de la dissolution a été maintes fois raconté: un Gabriel Attal hors de la confidence, informé au dernier moment. Cloîtré vingt-quatre heures durant dans la résidence primo-ministérielle de Souzy-la-Briche (Essonne). Avant de prendre en main la campagne législative. Les premières sorties du président, qui entendait s’en occuper personnellement, sont jugées catastrophiques jusque dans son camp. En coulisses se noue un désaccord profond: le «front républicain» face à l’extrême-droite aux portes de Matignon. «La vérité, c’est que la dissolution était faite pour que (Jordan) Bardella gagne», «pour qu’ils se grillent et qu’on les vire deux ans après». 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