4% seulement du chiffre d’affaires du Stoxx 600 est aligné sur les ODD

L’étude d’Impak Analytics constate que les entreprises de l’indice ne sont que 15% à générer une ou plusieurs contributions positives aux objectifs de développement durable.
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Le secteur financier est particulièrement efficace avec 6% des contributions négatives non atténuées, contre 21% pour les télécoms  - 

ODD, où en sont les entreprises européennes ? Sur la base des rapports de développement durable des sociétés du Stoxx 600, la fintech franco-canadienne de solutions d’impact, Impak Analytics s’est penchée sur leur alignement avec les objectifs de développement durable (ODD). Une exigence qui devrait monter dans les années à venir. Or, en fonction des secteurs, des efforts sont attendus. Notamment de la part des plus émetteurs de gaz à effet de serre, comme l’acier ou la chimie ; des moins respectueux des droits de l’homme, comme les chaînes d’approvisionnement textile ; ou encore du manque d’éthique dans les pratiques commerciales bancaires.

Impak Analytics s’appuie sur une double grille de matérialité propriétaire, pour mesurer les contributions positives et négatives d’une entreprise aux ODD, en analysant les revenus estimés d’activités contribuant à un ODD. En fonction des secteurs, ces revenus peuvent provenir d’actifs, d’investissements ou de cessions.

Selon l’étude dévoilée jeudi, si 4% du chiffre d’affaires total du Stoxx 600 participe aux ODD, seules 15% des entreprises de l’indice génèrent une ou plusieurs contributions positives ; et uniquement 29% des revenus de ces dernières s’alignent sur les ODD. Seulement un quart de ces entreprises ont plus de 50% de leurs revenus qui contribuent positivement aux ODD. Les autres revenus ont une contribution neutre ou négative.

Pour parvenir à une contribution positive, «il faut une volonté explicite, un leadership fort, afin d’intégrer les ODD dans le modèle d’affaires, explique Boris Couteaux, chef de la stratégie et indices chez Impak Analytics. L’énergéticien danois Orsted et l’équipementier électrique français Schneider Electric font partie des sociétés qui ont opéré un changement radical ces dernières années. Les autres essaient d’abord de respecter leurs obligations règlementaires, en commençant par atténuer les contributions négatives. »

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Energie et santé sont en tête des contributions positives

Ces contributions positives se concentrent sur quelques objectifs : l’énergie propre et abordable (39% des entreprises y participent), la santé et le bien-être (25%), le climat (16%). Bien que les entreprises mettent l’accent sur ces trois ODD, ils sont encore loin d’être intégrés dans les modèles d’affaires. Selon Impak Analytics, 24% des revenus totaux des entreprises contribuent à l’ODD numéro 7 sur l’énergie propre et abordable. Toutefois, c’est insuffisant, selon l’étude. Les entreprises ciblent-elles les bonnes parties prenantes et orientent-elles leurs efforts liés aux ODD là où le retard est le plus important ? «Les entreprises n’ont pas toujours la compréhension des impacts positifs qu’elles génèrent, constate Velina Serafimov, cheffe de l’impact chez Impak Analytics Des informations qui restent anecdotiques dans leur rapport annuel, mais prometteuses !»

Par ailleurs, la biodiversité, la qualité de l’éducation, l’égalité des sexes restent négligés par ces grandes entreprises. La biodiversité reste un sujet très complexe sur lequel les entreprises manifestent encore peu d’engagements. «La biodiversité pâtit du manque de sollicitation d’experts. Elle est difficile à mesurer en l’absence d’indicateurs universels, même si la TNFD [Taskforce on Nature-related Financial Disclosures] travaille à l’élaboration d’un cadre commun, explique Velina Serafimov. En outre, la plupart des impacts concernent la chaîne d’approvisionnement (scope 3) sur laquelle l’entreprise ne peut pas agir directement».

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Distinguer atténuation des impacts négatifs et création d’impacts positifs

Les efforts pour générer de l’impact positif débutent souvent par des actions de philanthropie puis évoluent vers une plus grande intégration au modèle d’affaires. Progressivement, les entreprises «font preuve d’une meilleure compréhension entre l’atténuation des impacts négatifs et la création d’impacts positifs, souligne Velina Serafimov. La directive européenne CSRD sur le reporting extra-financier va les aider à préciser ces définitions.» Par exemple, «installer des panneaux solaires permet de réduire les impacts négatifs, explique Boris Couteaux. En revanche, vendre cette électricité verte constituerait un impact positif». Mais attention, «bien qu’offrir un produit indispensable à une population vulnérable pourrait avoir un impact positif, ce ne serait pas le cas si, par ailleurs, sa production génère des externalités négatives sur les ODD», prévient Velina Serafimov.

Les pratiques de corruption et le manque de transparence sur la chaîne d’approvisionnement représentent un risque matériel pour 98% des entreprises. Entraver les progrès en matière d’action climatique est un risque matériel pour 83% d’entre elles, alors que le rejet massif de déchets et l’exposition du personnel à des risques pour la santé et des violations des droits humains dans la chaîne d’approvisionnement représentent un risque matériel pour respectivement 71% et 70% des entreprises.

Du fait de son activité, le secteur tertiaire contribue moins négativement aux ODD que le secteur primaire. Ainsi, le secteur financier a «seulement» cinq impacts négatifs, contre neuf pour l’industrie des matériaux de base. Cependant, «la réalisation des ODD d’ici à 2030 ne dépend pas uniquement de la quantité d’ODD affectés négativement par les industries. La clé réside plutôt dans la manière dont les entreprises identifient et atténuent ensuite leurs contributions négatives», résume l’étude, se focalisant sur les résultats des efforts faits par les entreprises.

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40% du Stoxx 600 atténuent leurs contributions négatives

Dans son modèle, impak Analytics constate que près de 40% des groupes du Stoxx 600 atténuent presque toutes leurs contributions négatives. Plus en retard, les autres entreprises ont néanmoins pris conscience des risques pour la planète. Pour 39% de l’indice, seules 20% des contributions négatives ne sont pas encore neutralisées. Un signe encourageant pour Impak Analytics. La majorité des entreprises ont mis l’accent sur la réduction des inégalités, l’action climatique, le travail décent et l’égalité des sexes.

En revanche, elles ont tendance à négliger les ODD sur la sécurité alimentaire et sur l’accès à l’eau potable pour tous, pour lesquels 40% des entreprises ne prennent pas de mesure d’atténuation. Et un tiers n’agit pas sur les ODD concernant la bonne santé et la ville durable.

Le secteur financier est particulièrement efficace avec 6% des contributions négatives non atténuées, contre 21% pour les télécoms qui ont du mal à relever ces défis de manière proactive. Impak Analytics souhaite de ces derniers des améliorations en matière de cybersécurité, de culture d’entreprise, et de transparence sur les risques climatiques. Toutefois, une analyse par secteur a besoin d’être contextualisée. «Certains secteurs sont exposés à plus de risques, mais ne sont pas pour autant les plus avancés, poursuit Velina Serafimov. Avec notre grille d’analyse, nous mesurons leur contribution aux ODD. Ensuite, au sein de chaque secteur, nous pouvons comparer les pairs.» Par exemple, dans le cadre de l’ODD sur la lutte contre la faim dans le monde, «nous constatons qu’aucune entreprise de l’agroalimentaire n’a un impact positif, contrairement à celles du secteur de la santé », précise Velina Serafimov.

Le respect des ODD pourrait tirer la performance financière

Pourquoi les entreprises ne parviennent-elles pas à remédier à leurs contributions négatives ? Impak Analytics explique ce retard par un manque de sensibilisation – qui devrait changer avec la «sacralisation» de la notion de double matérialité par l’Union européenne –, par une chaîne d’approvisionnement complexe, et par une sélectivité des entreprises, qui choisissent les ODD prioritaires, convenant «à leur zone de confort et à leurs objectifs de profit immédiats».

Par ailleurs, le respect des ODD pourrait aussi tirer la performance financière des entreprises. «Des premières indications montrent un impact positif sur le cours de Bourse, se félicite Boris Couteaux. Les ODD représentent un marché considérable. Si les entreprises arrivent à aligner leur modèle économique à ce marché futur, l’engouement pour les produits ESG devrait soutenir la rentabilité financière de ces entreprises.»

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