Salariés et investisseurs poussent pour un remplacement en interne de Jean-Bernard Lévy

Le départ soudain du PDG fait craindre l’ouverture d’une nouvelle période d’instabilité. Avec le risque d’un coup d’arrêt dans la stratégie.
Olivier Pinaud

Les investisseurs et les salariés de Thales partagent la même inquiétude. Le départ précipité de Jean-Bernard Lévy de la présidence du groupe pour rejoindre EDF fait craindre une nouvelle période d’instabilité comme celle que le fabricant d’équipements militaires et aéronautiques a l’habitude de régulièrement traverser. Sans compter le risque de lutte interne entre les différents dirigeants actuels susceptibles de briguer la place de PDG.

Jean-Bernard Lévy «avait eu le temps de pacifier le groupe et de remotiver les cadres mais pas encore de véritablement mettre en place sa stratégie (cap vers le civil et les pays émergents)», regrettent les analystes d’Oddo. «Une rupture avec l’actuelle dynamique, initiée dans le cadre du plan Ambition 10, ne pourrait être que contreproductive et de nature à amoindrir ou reporter le niveau de performance attendu», redoute pour sa part l’association du personnel actionnaire de Thales (Apat). Avec 3.000 adhérents, elle est majoritaire au conseil de surveillance du FCPE actionnariat salarié de Thales. Au total, les 26.000 salariés de Thales détiennent 3% du capital du groupe.

Selon les salariés, le départ soudain de Jean-Bernard Lévy tombe au plus mauvais moment «dans un contexte de restriction budgétaire mais également de grandes manœuvres au sein de l’industrie de la défense». L’Apat en «appelle ainsi aux actionnaires de référence du groupe pour qu’une candidature interne émerge». «Si son successeur ne vient pas de l’entreprise, nous pensons qu’une inévitable période d’incertitude s’ouvrira», appuie Oddo.

La solution interne a également la préférence de Jean-Bernard Lévy. Patrice Caine, directeur général des opérations et de la performance de Thales, pourrait ainsi avoir le bon profil pour poursuivre la stratégie engagée par l’ancien PDG. Candidate malheureuse déjà à deux reprises, Pascale Sourisse risque une nouvelle fois de se retrouver confrontée à l’opposition des Dassault. Avec 25,5% du capital, le groupe familial a son mot à dire face aux 26,6% détenus par l’Etat, même si celui-ci est également son premier client.

Cette structure de gouvernance, à l’origine de nombreux conflits d’intérêts, a déjà montré par le passé les difficultés qu’elle pouvait engendrer dans la gestion du groupe.

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