
S&P envoie Casino à un nouveau plus bas historique

Nouveau coup dur pour Casino. S&P Global a réduit vendredi 7 octobre de deux crans la note de crédit du groupe de distribution de «B» à «CCC+». Avec une sanction boursière immédiate : lundi, le groupe de distribution a touché un nouveau plus bas historique, à 7,32 euros, en perdant en cours de séance jusqu’à 11,5%. En clôture, les pertes ont été réduites, avec un recul final de 3,1%. La défiance du marché envers le titre Casino s’entretient avec un plongeon de 65% en 2022 et une action divisée par 12 en huit ans.
Avec cet abaissement, Casino qui était déjà rangé en catégorie spéculative, voit désormais son profil de crédit être considéré comme un risque substantiel. En fait, S&P qui a également réduit sa notation sur la dette sécurisée senior de Casino de «B+» à «B-», sa dette «unsecured» de «B» à «CCC+» et ses instruments hybrides de «CCC» à «CC» explique avoir pris cette décision alors que la capacité du distributeur à rembourser «sa dette dépend de conditions commerciales, financières et économiques favorables». En clair, le groupe présidé par Jean-Charles Naouri n’a plus guère d’atouts en mains pour faire face à ses engagements vis-à-vis de ses créanciers.
Cette dégradation intervient sur fond de regain de craintes sur la capacité du distributeur à faire face à ses grands rendez-vous obligataires. «Nous nous attendons à ce qu’en 2022 le ratio dette sur excédent brut d’exploitation ajusté des activités françaises de Casino ressorte autour de 8 et que le flux de trésorerie opérationnel du groupe reste négatif», souligne l’agence qui estime que Casino dispose d’une «faible marge de manœuvre» en matière de respect de ses engagements bancaires.
La crainte du mur
Si, a priori, la fin de l’exercice 2022 ne présente pas d’obstacles à franchir en termes de dettes, les millésimes 2023 et, surtout, 2024 s’annoncent autrement plus délicats à traverser.
Autant de craintes que Casino s’emploie à désamorcer. «Le groupe Casino n’a aucune échéance bancaire ou obligataire à court terme. L’obligation de maturité 2023 est déjà couverte, et les maturités 2024 sont déjà partiellement adressées par la cession de GreenYellow», estime un porte-parole du groupe. Après la cession de cet énergéticien alternatif pour 600 millions, il reste à Casino 400 millions supplémentaires d’actifs à vendre - en incluant la récente annonce de la cession de CChezVous à Geoposte pour 64 millions – afin de respecter son plan de désengagement. Circulez, il n’y a rien à voir ? Pas sûr. Car la couverture de telles échéances de dette nécessite que Casino ne brûle plus de cash. Une véritable gageure en cette période d’inflation où la défense des parts de marché face à des concurrents plus agressifs dans l’Hexagone nécessite des marges de manœuvre financières dont le groupe paraît cruellement dépourvu.
Pas de clause sur la notation
Autre argument, les obligations du groupe ne sont pas assorties de clauses relatives au niveau de notation des agences, souligne Casino. «Cette annonce par S&P n’a donc pas d’impact pour le groupe à court terme», veut-il croire. Le groupe insiste sur le déroulement de son plan de marche qui, outre la volonté réaffirmée de réduction de la dette, passe par le développement des activités dans l’Hexagone, «avec 800 magasins ouverts en franchise cette année», la finalisation du «plan de cession d’actifs non stratégiques» et la valorisation des activités en Amérique latine. Leur cotation sous la forme de trois actifs distincts doit faciliter les arbitrages. Et alimenter la mécanique qui pourrait conduire à un démantèlement.
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Journée de mobilisation du 18 septembre : "La France n'a pas été bloquée", se félicite Bruno Retailleau
Paris - «La France n’a pas été bloquée» jeudi lors de la journée de mobilisation sociale, qui a rassemblé 506.000 personnes dans le pays, dont 55.000 à Paris, s’est félicité le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Le ministre a annoncé, peu après 20H00, 309 interpellations et 134 gardes à vue à la suite des actions et manifestations, où étaient présents «7.300 individus radicalisés, dangereux, black blocs». «Ils ont tenté, on l’a bien vu à travers les images, de troubler, de gâcher des cortèges et des manifestations mais heureusement nos forces de l’ordre» les ont «systématiquement» «contrés», a-t-il précisé lors d’un point de presse en sortant de la cellule interministérielle de crise relative à la journée de mobilisation nationale. Selon le ministre démissionnaire, 26 policiers et gendarmes ont été blessés. «Moi, je ne m’y habitue pas. Là encore, ça n’est pas normal». A Paris, le parquet a annoncé, à ce stade, 29 personnes en garde à vue, dont sept mineurs, «pour la très grande majorité, pour les infractions de participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et port d’arme de catégorie D, cette catégorie désignant indifféremment gazeuse, couteau, etc». «On a compté à 19H00 700 actions de voie publique», c’est-à-dire «des tentatives de blocage, de filtrage ou des cortèges», a précisé Bruno Retailleau, et «140 actions de déblocages ont eu lieu, dont 18 à Paris». «Dans la quasi-totalité des cas», les manifestations se sont déroulées «dans de bonnes conditions en province, à Paris également», a-t-il encore dit. «Globalement, il y a moins de participation dans les grandes agglomérations» mais davantage «dans les plus petites agglomérations, dans des villes de province», avec «dans les cortèges beaucoup de présence syndicale et beaucoup moins (...) de présence de lycéens», a détaillé M. Retailleau. «C'étaient deux journées en une, il y avait le mouvement Bloquons tout le matin et ensuite les cortèges en fin de matinée et pendant l’après-midi», a-t-il relaté. «Les forces de l’ordre ont été très, très réactives et nous avons débloqué systématiquement celles et ceux qui prétendaient bloquer un certain nombre d’infrastructures, de lycées ou autres» et «ces interventions précisément ont permis d’assurer la libre circulation (...) sur l’ensemble des grands axes de circulation», a-t-il souligné, rappelant que 80.000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés. © Agence France-Presse