
Rallye étudie toutes les pistes pour garder le contrôle de Casino

Envoyé au tapis le 24 mai à la suite de sa mise en sauvegarde, Rallye a retrouvé une étonnante vigueur. Alors que l’ouverture de la procédure aurait pu décourager les actionnaires de la maison-mère de Casino, face à une possible conversion de la dette en actions hautement dilutive, le cours de l’action a, au contraire, rebondi de 145% depuis le 24 mai, dans des volumes extrêmement nourris.
«Les rappels de titres prêtés aux vendeurs à découvert ont entretenu le mouvement de hausse, qui plus est sur un marché peu liquide», avance une source financière pour expliquer le phénomène, n’excluant pas une rechute dans les prochains jours. Mais ce spectaculaire rebond tient aussi dans l’espoir que Rallye parvienne à éviter une conversion de sa dette en actions, ce qui permettrait à la holding de conserver le contrôle de Casino. Une issue à laquelle croit Jean-Charles Naouri, l’actionnaire majoritaire du groupe via Rallye et ses trois sociétés de tête (Foncière Euris, Finatis et Euris), également placées en sauvegarde. «Le groupe veut préserver l’intégrité de l’ensemble», assure à L’Agefi une source proche du dossier. Rallye ne commente pas.
Les négociations avec les créanciers, qu’ils soient détenteurs de la dette sécurisée ou des obligations, n’ont pas encore débuté. Les deux administrateurs judiciaires nommés par Rallye, Hélène Bourbouloux et Frédéric Abitbol, travaillent à la modélisation de la dette du groupe pour pouvoir, dans un second temps, élaborer un plan de remboursement. «Aujourd’hui, aucun schéma n’est privilégié. Toutes les pistes restent ouvertes», indique cette source.
L’une d’entre elles passerait par un étalement partiel ou total de la dette de Rallye et, en parallèle, par une restructuration de celle des trois holdings de tête, moins endettées que Rallye et très majoritairement détenues par Jean-Charles Naouri. Les actifs de Foncière Euris ou de Finatis pourraient également rembourser une partie de leur dette. Une dilution limitée dans les structures de tête permettrait ainsi à l’actionnaire de conserver la majorité de l’édifice. L’entrée d’un partenaire financier fait également partie des pistes étudiées, sachant que Rothschild & Co, le conseil financier de Rallye pour la sauvegarde, détient déjà 5% de Finatis.
Cette issue positive pour Jean-Charles Naouri nécessiterait que les banques, détentrices d’environ un milliard d’euros de dette sécurisée, acceptent d’effacer une partie de leurs créances, avec en contrepartie la garantie d’être remboursées dans les prochaines années. Celles qui refuseraient prendraient le risque de voir leurs créances étalées sur 10 ans, comme le permet un plan de sauvegarde. Cela nécessite une condition : que le tribunal de commerce valide cet étalement s’il juge la valeur des actifs de Rallye, à savoir la participation de 51,70% au capital de Casino, supérieure à la dette. Dans ce cas, la loi permet à une société de commencer à rembourser sa dette qu’à partir de la troisième année, à hauteur de 5% minimum. Casino, dont les dividendes constituent l’unique source de revenus de Rallye, aurait ainsi le temps d’achever son redressement avant de verser plus de dividendes.
Dans les négociations, Rallye jouera sur une corde sensible : la présence de certaines banques à plusieurs étages de l’édifice, Casino, Rallye et dans les structures de tête, avec le risque d’un effet domino si l’une d’elle tombe. Un changement de contrôle de Rallye entraînerait par exemple l’exercice des clauses de remboursement incluses dans une partie de la dette de Casino.
Autre avantage : le chiffre d’affaires des holdings et leur nombre de salariés étant inférieurs aux seuils réglementaires, Rallye, Foncière Euris, Finatis et Euris n’auront pas à constituer de comités de créanciers et pourront négocier individuellement avec chaque créancier. Avec un comité, un plan doit obtenir un vote à la majorité des deux tiers, ce qui donne plus de pouvoirs aux créditeurs. «Rallye dispose de tous les outils offerts par la sauvegarde», souligne la source proche.
La sauvegarde, procédure par nature pro débiteur, à la différence du redressement judiciaire, permet donc à Rallye de garder la main. Mais compte tenu des sommes en jeu, les négociations s’annoncent complexes. «C’est un processus à temps long qui va nécessiter de résoudre une équation unique en son genre, avec des créanciers à tous les niveaux et impliquant plusieurs sociétés cotées en Bourse», admet cette source proche. Pour limiter leurs pertes, les banques pourraient également vendre leurs créances à des fonds spécialisés. Ce qui changerait la teneur des discussions.
Plus d'articles du même thème
-
Eurex lance son contrat à terme sur la dette de l’Union européenne
Ce contrat «future» sur la dette UE a coté pour la première fois mercredi 10 septembre, neuf mois après celui lancé par ICE. Il ambitionne de devenir la référence. Pour l’UE, il s’agit d’une étape supplémentaire dans la constitution d’un marché de la dette. -
Les regtechs aident les banques à se moderniser
La deuxième édition du Regtech Day a montré comment les start-up innovantes contribuent à insuffler du mouvement parmi les fonctions de contrôle interne et de conformité des grands établissements. -
Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
La plus petite des trois grandes agences de notation de crédit ouvre, ce vendredi, la séquence automnale des révisions du profil de risque de la France.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Cuba : une nouvelle panne d'électricité géante pour la cinquième fois en un an
La Havane - Une nouvelle panne générale d'électricité touche Cuba mercredi, la cinquième en moins d’un an sur l'île, qui fragilise l’activité économique du pays et met à rude épreuve la vie quotidienne des habitants. «Il y a eu une déconnexion totale du système électrique qui pourrait être liée à une panne inattendue» de la centrale électrique Antonio Guiteras, située au centre de l'île, a indiqué le ministère de l'Énergie et des Mines sur son compte X. Les autorités ont précisé par la suite que la panne, qui s’est produite aux alentours de 09H15 locales (13H15 GMT), était due à un signal erroné de surchauffe dans la chaudière de la centrale électrique, la plus importante du pays, ce qui a provoqué son arrêt et l’effondrement de l’ensemble du réseau. Le Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, a assuré sur X que le pays avait «une stratégie bien définie» pour rétablir l'électricité «dans les plus brefs délais». Depuis octobre 2024, l'île communiste de 9,7 millions d’habitants a déjà subi quatre pannes généralisées, dont certaines ont duré plusieurs jours. Dans les rues de la capitale, de rares feux de signalisation fonctionnent, récemment équipés de panneaux solaires, tandis que de nombreuses personnes ont regagné leur domicile pour tenter de se préparer à l'éventualité d’une panne prolongée. «A nouveau, une journée de perdue ! Agonie et tristesse et pour certains désespoir», déplore auprès de l’AFP Alina Gutiérrez, 62 ans, qui a appris la nouvelle de la panne alors qu’elle faisait des achats sur un marché de fruits et légumes dans un quartier central de La Havane. Elle se hâte maintenant de rentrer chez elle, pour «prendre toute l’eau possible» de réserve et «attendre pour voir combien de temps cela va durer», alors que de nombreux immeubles dans la capitale sont alimentés en eau grâce à des pompes électriques. Dimanche, cinq des quinze provinces de l'île avaient déjà été plongées plusieurs heures dans l’obscurité en raison d’une panne sur une ligne du réseau électrique. «Dépense importante» Outre les grands hôtels et certains hôpitaux, dotés de groupes électrogènes, de plus en plus de familles et de propriétaires de petits commerces privés ont acquis de petits générateurs électriques pour pallier les pannes et délestages toujours plus fréquents. Mercredi, dans les quartiers les plus aisés de La Havane, le ronronnement de générateurs est continu, mais les coupures fragilisent notamment les petits commerces privés, qui ont fleuri depuis leur autorisation en 2021. «Cela nous affecte beaucoup», explique à l’AFP Odette Leon, 34 ans, propriétaire d’une pâtisserie dans l’ouest de la capitale. «Nous avons un générateur, mais cela entraîne une dépense plus importante parce qu’il faut du carburant, qui en ce moment n’est pas très facile à trouver», explique-t-elle, en demandant à ses employés d’annuler les commandes jusqu'à nouvel ordre. Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique, avec un manque cruel de devises, et le système électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays ont presque toutes été inaugurées dans les années 1980 et 1990. Elles tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance. Deux centrales flottantes louées à une entreprise turque et des générateurs, qui complètent le réseau énergétique, sont alimentés par des combustibles que Cuba importe difficilement. L’installation récente de trente parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, sur les 52 prévus pour cette année, n’a pas permis pour l’heure de faire diminuer les coupures. Pendant l'été, alors que la consommation atteint des pics en raison des températures élevées, les délestages se sont multipliés. Selon les autorités, ces coupures programmées ont duré en moyenne près de quinze heures par jour en août et seize heures en juillet, dans tout le pays. Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies. Outre les coupures d'électricité, les habitants souffrent de pénuries en tous genres et d’une forte inflation. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l'échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962. Jordane BERTRAND © Agence France-Presse -
Au nom de la rose
Entre le PS et Macron, la guerre des nerfs
Le chef de l'Etat est en première ligne pour tenter d'obtenir un accord de non-censure avec les socialistes. Sébastien Lecornu sera à la manoeuvre, mais c'est le bien lui qui décidera ce qu'il consent à lâcher -
Tour de chauffe
« Bloquons tout » cible Macron, les syndicats en embuscade
Après la mobilisation de mercredi, les organisations syndicales font monter la pression sur Sébastien Lecornu pour leur journée d'action du 18 septembre