L’Italie s’ouvre aux placements privés de dette

Le changement de la loi en février facilite ce type d'émissions. Mais les émetteurs appellent à la création d’un vrai marché paneuropéen.
Olivier Pinaud

Le financement désintermédié gagne du terrain en Europe. Après l’Allemagne et la France, un marché des placements privés de dette est en train de s’ébaucher en Italie. Traditionnellement, la culture obligataire dans la Botte est plus forte qu’en France par exemple, notamment auprès du grand public. Mais la législation contraignait l’accès des sociétés non cotées au marché de la dette.

A l’image du décret adopté par la France durant l’été 2013, la loi italienne de février 2014 facilite l’investissement des assureurs et des fonds de prêts dans de la dette d’entreprises de taille intermédiaire ou de PME. Elle complète les règles qui avaient été adoptées mi-2012 dans le but de réduire le coût fiscal des émissions de dettes pour une entreprise non cotée en Bourse.

L’effet de cette réforme commence à se faire sentir. Le groupe de diagnostics médicaux Bracco Imaging vient ainsi de placer 100 millions d’euros sous forme d’EuroPP. Cotés à Luxembourg, les titres ont une maturité de 7 ans et payent un taux d’intérêt de 3,17%. Quelques jours auparavant, la chaîne de magasins de cosmétiques Kiko avait levé 130 millions d’euros à 6 ans, avec un coupon de 6,5%. Cet été, Estra avait émis 50 millions d’euros à 5% (5 ans de maturité) et, en mai, Industria Macchine Automatiche avait placé en deux tranches 80 millions d’euros, à 3,875% (5 ans) et 4,375% (7 ans). «L’ouverture du marché italien des placements privés, mouvement également constaté en Espagne, se justifie car les banques de ces pays ont fortement réduit ces dernières années leur production de crédit en raison de leurs propres difficultés», indique Olivier Schatz, directeur général de la Compagnie financière Jacques Cœur.

Le développement de ce marché local des EuroPP répond aux besoins des nombreux fonds de dette du pays mais il ne semble pas satisfaire pleinement les émetteurs. Une récente étude commandée par le cabinet d’avocats Allen & Overy indique que 67% des sociétés interrogées appellent à la création d’un véritable marché pan-européen des placements privés de dette, avec les mêmes règles, les mêmes acteurs et surtout les mêmes prix. La proportion atteint même 80% pour les entreprises italiennes interrogées dans le cadre de cette étude. L’International Capital Market Association (ICMA) travaille justement depuis juin dernier à l’élargissement de la charte française des EuroPP afin d’ébaucher les contours du cadre paneuropéen.

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