
L’introduction en Bourse d’Aena se fait au prix fort

A l’approche des élections législatives de l’automne 2015, le gouvernement espagnol a fait du succès de l’introduction en Bourse d’Aena un argument politique. «C’est l’année du décollage de l’économie», a lancé hier Ana Pastor, la ministre espagnole des travaux publics, confortée par la demande suscitée par l’opérateur d’aéroports. L’offre aux institutionnels a été souscrite 5,1 fois.
Un appétit qui a permis de fixer le prix d’introduction à 58 euros par action, au plus haut de la fourchette dont les bornes initiales avaient été relevées la semaine dernière. L’Etat espagnol est sûr d’empocher 3,9 milliards d’euros par la vente de 44,6% du capital mais son gain final devrait être supérieur avec le probable exercice de la clause de surallocation qui permet de vendre jusqu’à 49%.
Conséquence de cette bousculade, l’entrée en Bourse se fait au prix fort. A 58 euros, Aena capitalise 8,7 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 10 milliards de dette nette, soit une valeur d’entreprise représentant un peu plus de dix fois la prévision d’Ebitda pour 2015, autant que le multiple d’ADP. Face à ce prix, Ferrovial et Alba, deux investisseurs qui s'étaient engagés en amont à souscrire à l’IPO, ont préféré renoncer à leurs ordres. TCI, qui avait pourtant fixé un prix limite à 51,6 euros, a finalement accepté de souscrire et aura un administrateur au conseil.
Si la reprise de l’économie espagnole a pu jouer, le profil d’Aena correspond parfaitement aux actifs actuellement recherchés par les investisseurs, avec des cash-flows récurrents et un rendement attractif offert par le dividende, annoncé autour de 4% pour 2015. Numéro un mondial des gestionnaires d’aéroports, le groupe gère 46 plates-formes en Espagne, dont Adolfo Suarez à Madrid. L’an dernier, un peu plus de 195 millions de passagers ont transité dans ses aéroports espagnols, 4,5% de plus qu’en 2013. Le groupe, dont le principal client est Ryanair, profite notamment de l’afflux de touristes. Aena opère également 15 aéroports à l’étranger: 12 au Mexique, 2 en Colombie et 1 en Grande-Bretagne via les 51% détenus au capital de la plate-forme de Luton.
La première cotation est prévue pour mercredi. La mise en Bourse d’Aena est la deuxième plus importante en Espagne, hors secteur financier, depuis celle d’Iberdrola Renovables en 2007. L’IPO était dirigée par BofA Merrill Lynch, BBVA, Morgan Stanley, Santander, HSBC et JPMorgan.
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