L’immobilisation des Boeing 737 Max pénalise Southwest

La compagnie américaine à bas coût est confrontée à une hausse de ses charges, combinée à une moindre progression de son revenu par siège.
Yves-Marc Le Réour

Southwest Airlines a chiffré hier l’impact sur ses comptes des problèmes rencontrés par le Boeing 737 Max. La compagnie américaine à bas coût, qui exploite à l’heure actuelle 34 appareils de ce type, s’était immédiatement conformée aux injonctions de l’agence fédérale de l’aviation (FAA) qui avait le 13 mars suspendu les autorisations de vol de l’ensemble des 737 Max après deux catastrophes ayant fait 346 victimes en moins de cinq mois. L’un des 737 Max de Southwest a de surcroît rencontré mardi un problème de moteur l’obligeant à atterrir d’urgence à Orlando en Floride. Aucun voyageur n'était à bord de cet appareil qui devait être convoyé à Victorville, en Californie, pour y être entreposé.

Cette version du Boeing 737, entrée en service voici moins de deux ans, assure moins de 5% des vols quotidiens de la compagnie qui détient au total plus de 750 exemplaires de cette famille d’avions moyen-courrier. Southwest estime néanmoins que «ces immobilisations forcées, une météo peu clémente, des opérations de maintenance non prévues et une demande moins dynamique de la part de la clientèle de tourisme amputeront d’environ 150 millions de dollars supplémentaires le chiffre d’affaires du premier trimestre 2019». Ces facteurs entraîneront l’annulation de près de 9.400 vols sur le trimestre en cours, dont un peu moins de 30% en raison de l’interdiction de vol du 737 Max, d’où une hausse de sa capacité de transport ramenée d’environ 3,5% à seulement 1%.

Ces 150 millions de dollars s’ajoutent à l’effet négatif de 60 millions déjà annoncé par Southwest en février suite à la paralysie temporaire d’une partie de l’administration fédérale américaine pour des raisons budgétaires. En conséquence, elle table désormais sur «une progression de son revenu par siège disponible comprise entre 2 et 3% en rythme annuel au premier trimestre, à comparer à une fourchette de 3 à 4% précédemment attendue». Hors dépenses de carburant, ses coûts unitaires par passager devraient en parallèle augmenter de 10% sur la période, contre une hausse de 6% auparavant anticipée.

La compagnie, qui n’est pas en mesure d’estimer l’impact financier des immobilisations forcées de ses 737 Max au-delà du 31 mars, attend toujours la livraison de 41 avions supplémentaires de ce type en 2019 et elle maintient également sa prévision de 221 commandes fermes plus 115 options livrables au cours des prochains exercices. Selon David Vernon, analyste chez Sanford Bernstein, l’immobilisation du Boeing 737 Max, qui concerne également American Airlines et United Continental, «réduira d’environ 1,8% la capacité journalière par siège-passager des transporteurs aériens aux Etats-Unis».

Boeing est de son côté lancé dans une course contre la montre pour obtenir une nouvelle autorisation de faire voler cet avion. Des essais en vol pour tester une version corrigée du système anti-décrochage (MCAS) se sont déroulés lundi après des tests sur simulateurs de vol effectués le week-end dernier par des pilotes d’American Airlines et de Southwest. Le MCAS, qui met l’avion en piqué quand cela est nécessaire pour lui permettre de reprendre de la vitesse et l'éloigner du risque de décrochage fatal, avait été développé spécialement pour cette version du biréacteur dont les moteurs sont plus lourds que ceux de la génération précédente (737 NG).

L’avionneur n’a toutefois pas encore transmis la version corrigée du système à la FAA, censée le certifier avant de lever la suspension de vol. Alors que des dirigeants de l’agence fédérale ont été auditionnés hier par le Congrès américain, le Boeing 737 Max ne devrait pas reprendre les airs tant que toutes les données techniques et l’analyse des événements ne démontreront pas une sécurité totale de l’appareil.

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