
L’exposition du SBF 120 à la crise ukrainienne secoue la cote parisienne

A Paris, le CAC 40 et le SBF 120 ont abandonné respectivement 3,8% et 3,7% jeudi, les analystes tentant d'évaluer les impacts directs et indirects de l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour les principales valeurs de la cote. Revue des entreprises non financières du SBF 120 les plus exposées à cette crise.
-Renault (-9%): Le constructeur automobile est fortement exposé à la Russie via sa filiale Avtovaz, premier acteur du marché local. Cette entreprise a dégagé en 2021 des revenus de 2,9 milliards d’euros, soit plus de 6% du chiffre d’affaires du groupe au losange, ainsi qu’une marge opérationnelle de 247 millions d’euros. La Russie constitue par ailleurs, en termes de volumes, le deuxième pays de Renault après la France, avec plus de 482.000 véhicules vendus l’an passé. « Le marché redoute que le conflit et les sanctions occidentales pénalisent lourdement les activités du constructeur en Russie », souligne un analyste parisien.
Toutefois, 90% de la production d’Avtovaz sert son marché domestique, et les 10% restants des pays limitrophes, comme la Biélorussie. « Pour Renault, le risque opérationnel pourrait in fine rester limité, les activités d’Avtovaz étant très localisées », souligne un intermédiaire financier basé à Londres. En outre, 80% des composants nécessaires à la production d’Avtovaz proviennent de Russie. Le principal risque pour le groupe porterait sur l’approvisionnement des 20% de pièces importées, avait indiqué la semaine dernière son directeur général, Luca de Meo.
-Stellantis (-6%): Son directeur général, Carlos Tavares, a déclaré mercredi que le constructeur automobile était prêt à délocaliser ou limiter sa production en Russie, sur l’usine de Kaluga, si ses approvisionnements venaient à être perturbés par les sanctions occidentales. Ce site a produit 11.000 véhicules utilitaires légers en 2021.
-Airbus (-4,4%) et Safran (-3,8%): Le conflit en Ukraine soulève des inquiétudes sur l’approvisionnement en titane, un métal critique pour l’ensemble de l’industrie aéronautique, et dont la société russe VSMPO-Avisma est le plus important producteur au monde. Le directeur général de Safran, Olivier Andriès, a indiqué jeudi que son groupe avait augmenté ses stocks ces dernières semaines et « accélérerait » son approvisionnement auprès d’autres sources. Airbus, de son côté, a assuré être « protégé à court et moyen terme ». « Les risques géopolitiques sont intégrés dans nos politiques d’approvisionnement en titane », a ajouté le groupe européen dans une déclaration transmise à l’agence Agefi-Dow Jones. L’entreprise russe « fournit environ 50% des besoins d’Airbus en titane et 30% de ceux de Boeing », estime un analyste.
-Danone (-4,7%) est l’un des groupes de produits de grande consommation les plus présents en Ukraine et en Russie, à travers ses marques de produits laitiers. Cependant la part des deux pays dans ses ventes a diminué depuis le début du conflit en 2014. La Russie ne représente plus qu’environ 5% du chiffre d’affaires du groupe contre plus de 10% en 2013, tandis que l’Ukraine pèse moins de 1%. « Dans ces deux pays, nous opérons principalement dans la catégorie EDP [produits laitiers et d’origine végétale, ndlr], avec un modèle principalement local, de la collecte de lait à la production et à la distribution », a indiqué un porte-parole du groupe à l’agence Agefi-Dow Jones. « Nos équipes locales suivent évidemment de près la situation et mettent en place toutes les actions nécessaires pour assurer la sécurité de nos salariés, ainsi que la continuité de nos activités », a-t-il ajouté.
-Tourisme et transport aérien : Déjà fortement affecté par la crise sanitaire, le secteur du tourisme pourrait pâtir d’un conflit armé aux portes de l’Europe. Le transporteur Air France-KLM (-6,6%) et l’hôtelier Accor (-5,6%) figuraient parmi les plus fortes baisses jeudi à la Bourse de Paris. Accor, qui exploite sept hôtels en Ukraine et 55 en Russie, sur un portefeuille de 5.600 hôtels dans le monde, travaille à la mise en sécurité de ses salariés en Ukraine. « Notre exposition directe est très limitée », a indiqué le directeur financier du groupe, Jean-Jacques Morin, jeudi lors d’une conférence téléphonique.
-ArcelorMittal (-6,5%) a annoncé jeudi sur Twitter qu’il allait réduire au « minimum technique » la production de son aciérie de Kryviy Rih, l’une des plus importantes du pays, et qu’il suspendait ses activités minières dans le pays. Le groupe avait précédemment indiqué avoir mis en place des plans d’urgence en cas d’escalade du conflit. ArcelorMittal compte quelque 29.000 salariés et sous-traitants en Ukraine et a prévu en 2021 d’y investir un milliard d’euros sur trois ans.
-Engie (-4,7%) a participé au financement du gazoduc controversé Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne. Mardi, Berlin a décidé de suspendre les travaux de certification de ce gazoduc. Selon ses comptes consolidés de 2021, publiés le 15 février, l’exposition d’Engie liée au projet s'élève au total à 987 millions d’euros, représentant le prêt octroyé ainsi que les intérêts capitalisés. Suite à l’annonce faite par l’Allemagne, Engie a indiqué « suivre de près la situation et les conséquences potentielles à venir ».
-TotalEnergies (-3,9%) ne sortirait pas forcément perdant de la crise. Les hausses des prix du gaz et du pétrole ont traditionnellement un effet positif sur les résultats du producteur d'énergies, comme l’avait souligné son PDG, Patrick Pouyanné, au début février. La Russie représente « 3% à 5% des revenus de TotalEnergies », a précisé jeudi le dirigeant, selon des propos rapportés par l’AFP. En 2020, le pays représentait 16,6% de la production d’hydrocarbures du groupe, selon son dernier document d’enregistrement universel.
-Solvay (-7,1%) et Arkema (-7,6%): Les tensions sur les prix du pétrole et de l'énergie pourraient toucher les groupes de chimie, tant leurs activités sont gourmandes en ressources fossiles. UBS estime que l'énergie compte pour 10% des coûts des produits vendus par Solvay. « Arkema et Solvay tenteront de réduire ces risques en poursuivant leurs hausses tarifaires », estime un gérant parisien.
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