
Les semi-conducteurs vivent leur «super-cycle»

Les semi-conducteurs n’ont jamais connu une période aussi faste. Deuxième producteur mondial de puces, Samsung a annoncé mardi un plan d’investissement de 205 milliards de dollars (175 milliards d’euros) pour les trois prochaines années, dont une grande partie ira à sa division de semi-conducteurs, au moment où les constructeurs automobiles ou les fabricants de serveurs informatiques courent éperdument après les composants en raison d’une pénurie inédite, provoquée par le Covid.
Face aux incertitudes économiques soulevées par la pandémie, les utilisateurs de puces ont puisé dans leurs stocks en 2020. Mais depuis, face à la vigueur de la reprise économique et alors que les composants électroniques prolifèrent dans tous types d’objets, les fondeurs de ces capteurs ou autre processeurs peinent à répondre à la demande. Les grands Etats se sont également inquiétés de la dépendance de leurs industries, au point d’engager, comme les Etats-Unis, des programmes de relocalisation de la production. L’Union européenne réfléchit aussi à sa souveraineté électronique.
Rythme effréné
Mardi, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a appelé à plus de coopération internationale pour améliorer la chaîne logistique face au déficit mondial de semi-conducteurs, au cours d’une visite à Singapour, une des plaques tournantes mondiales du secteur devenu un enjeu de souveraineté industrielle. Près des trois-quarts des puces mondiales sont fondées en Asie, dont une grande partie chez le taïwanais TSMC, numéro un mondial devant Samsung Electronics.
Face à une telle demande, Samsung prévoit de faire sortir de terre de nouvelles usines aux Etats-Unis. L’américain Intel, qui a longtemps délaissé le métier de fondeur pour compte de tiers, a récemment décidé de relancer cette activité sur le sol américain, avec l’appui du gouvernement et de plusieurs grands groupes américains, comme Amazon ou Qualcomm, qui a décidé de faire fabriquer certaines de ses micro-processeurs par son ancien concurrent. En mars, Intel a annoncé un investissement de 20 milliards de dollars dans la construction de deux nouvelles usines en Arizona. Pour aller plus vite, Intel étudie la possibilité d’acquérir GlobalFoundries pour environ 30 milliards de dollars. Car la course se joue sur un rythme effréné : TSMC a lancé au printemps un programme d’investissement de 100 milliards de dollars sur trois, destiné à générer un taux de croissance annuel moyen de 15%.
Selon les dernières prévisions du cabinet Gartner, les investissements du secteur des semi-conducteurs devraient croître de 28,4% cette année pour atteindre 141,9 milliards de dollars. «Ces investissements sont vus comme un signal de confiance de l’industrie et dans ses perspectives de croissance à moyen terme», indique Alexandre Zilliox, qui gère le fonds AI and Robotics de Thematics AM, une des sociétés de gestion dédiée aux stratégies actions thématiques de Natixis IM.
Longue pénurie
Selon les prédictions des industriels et des analystes, cette situation favorable pour le secteur pourrait durer encore quelques trimestres, voire années. «La création d’une usine (fab) pour les technologies les plus avancées prend entre deux et trois ans. Les pénuries pour certains composants risquent donc de durer, potentiellement jusqu’en 2023, même si cela dépend également de l’évolution de la demande sur cette période mais aussi de l’innovation», estime Alexandre Zilliox. Les barrières à l’entrée, technologiques et financières (une ligne de production nécessite environ 20 millions d’euros d’investissement), empêchent également l’émergence de nouveaux acteurs.
Ce super-cycle peut-il se transformer en bulle sectorielle, à l’image de celle de la fin des années 2000 ? «La valorisation de l’indice sectoriel Sox est d’un peu plus de 15% supérieure à sa moyenne des cinq dernières années, avec un ratio cours sur bénéfice de 19 fois contre 16 fois. Mais ce niveau reste proche de celui observé avant le Covid et la revalorisation de ces derniers mois s’expliquent par les perspectives de croissance et d’amélioration des marges du secteur», relativise Alexandre Zilliox. En 2000, les valorisations étaient supérieures et les composants n’avaient pas autant envahi notre quotidien.
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L'armée israélienne appelle à l’évacuation de la ville de Gaza avant un assaut terrestre d’ampleur
Gaza - L’armée israélienne a appelé samedi matin les habitants de la ville de Gaza à l'évacuer vers une zone déclarée «humanitaire» plus au sud, en prévision d’un assaut au sol sur cette agglomération, la plus grande du territoire palestinien dévasté par près de 23 mois de guerre. Le colonel Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée, a lancé cet appel sur les réseaux sociaux alors que l’ONU, qui estime à environ un million les résidents de la région, a averti d’un «désastre» à venir en cas d’expansion de l’offensive sur Gaza-ville. L’armée israélienne, qui dit contrôler environ 75% de la bande de Gaza et 40% de cette agglomération, affirme vouloir s’en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages qu’il retient encore. L’appel à évacuer intervient après que le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi que les Etats-Unis étaient «en négociation approfondie avec le Hamas», dont l’attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre. «Nous leur disons: +Libérez-les (otages NDLR) tous immédiatement», sinon «ça va être terrible», a-t-il dit. M. Trump a également avancé que certains des otages pourraient être «morts récemment». L’armée israélienne estime à ce stade que 25 des 47 captifs restants à Gaza - sur 251 enlevés le 7-Octobre - sont morts. Le mouvement islamiste palestinien avait donné son accord en août à une proposition de trêve et libération des otages présentée par les médiateurs (Egypte, Etats-Unis et Qatar). Le gouvernement de Benjamin Netanyahu exige qu’il rende les armes et dit vouloir prendre le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza. «L’armée ment» Dans son message, le colonel Adraee précise que pour «faciliter le départ des habitants» de la ville de Gaza, le secteur côtier d’Al-Mawasi, dans le sud du territoire, est déclaré «zone humanitaire». Selon l’armée, cette zone comprend des «infrastructures humanitaires essentielles», et est approvisionnée «en nourriture, tentes, médicaments et équipements médicaux». Depuis le début de la guerre, qui a ravagé la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l’ONU, l’armée a souvent bombardé des zones déclarées «humanitaires» et «sûres», affirmant y viser des combattants du Hamas. «L’armée ment aux gens, quand nous allons chercher de l’aide (...) ils ouvrent le feu», s’indigne Abdelnasser Muchtaha, 48 ans, déplacé à l’ouest de la ville de Gaza après avoir quitté son quartier pilonné de Zeitoun. Il affirme vouloir «pour l’instant» rester sur place. Déja déplacé à Al-Mawasi, avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, assène que la zone n’est «ni humanitaire ni sûre». «C’est là qu’il y a chaque jour le plus de martyrs, il n’y a pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d’eau, pas d’assainissement, pas d’aide alimentaire», dit-il. Vendredi, l’armée israélienne a encore intensifié ses opérations dans la ville de Gaza bombardant, après un appel à évacuer, une tour d’immeuble dans le centre, qui s’est écroulée comme un château de cartes. Selon l’armée, le Hamas y avait installé «des infrastructures» pour «préparer et mener des attaques» la visant. Elle avait auparavant prévenu qu’elle ciblerait «dans les jours qui viennent» des «infrastructures terroristes», en particulier dans des tours d’immeubles. Le Hamas a rejeté comme «des prétextes fallacieux et des mensonges éhontés» les affirmations d’Israël selon lesquelles il utilisait ces bâtiments. «Propagande diabolique» La Défense civile du territoire palestinien, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a fait état de 42 personnes tuées vendredi par des tirs ou bombardements israéliens, dont la moitié dans la ville de Gaza. Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile. Le Hamas a dans le même temps diffusé une vidéo montrant deux otages - Guy Gilboa-Dalal et Alon Ohel - au moment où les proches et soutiens de ces captifs se mobilisaient à travers Israël pour marquer leurs 700 jours de détention et réclamer leur retour. La séquence montre M. Gilboa-Dalal demandant à M. Netanyahu de ne pas mener d’offensive dans la ville de Gaza. «Aucune vidéo de propagande diabolique ne nous affaiblira ni n'émoussera notre détermination», a réagi le Premier ministre israélien, après s'être entretenu avec les parents des deux hommes, selon son bureau. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.300 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Equipe de l’AFP dans la bande de Gaza © Agence France-Presse -
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