Les offres publiques peinent à redémarrer en France

L’écart des primes entre le calcul du conseil de l’initiateur de l’offre et celui de l’expert de la cible pose la question de l’analyse indépendante.
Bruno de Roulhac

Encore peu d’offres publiques en France. En 2014, seules 34 opérations ont été enregistrées (contre 37 en 2013 et 54 au pic de 2011), mais la valeur totale des actions acquises – véritable indicateur du dynamisme des OPA – a presque quadruplé à 3,2 milliards d’euros (contre 758 millions en 2013), selon le sixième observatoire des offres publiques de Ricol Lasteyrie. Les offres de 2014 ont notamment participé à la concentration du secteur immobilier, et reflété la course à la taille critique dans le secteur des SSII. Comme l’an dernier, ces offres ont conduit au retrait de la cote de 16 sociétés.

Les primes médianes d’acquisition varient peu d’une année sur l’autre: +24,1% sur la valeur intrinsèque selon les banques conseils des acheteurs et +9% selon l’expert indépendant désigné par la cible. Une divergence de valorisation selon le côté défendu qui soulève une nouvelle fois la question de l’analyse indépendante. D’ailleurs, son rôle dans le dossier Club Med, avec la multiplication des analyses, a-t-il troublé ou aidé le public? Faudrait-il alors s’en tenir à une seule expertise, voire en demander une seconde en cas de contestation des minoritaires? Des débats qui devraient animer la Place dans les prochains mois.

Les deux tiers des opérations sont initiées par des actionnaires déjà au capital. «C’est une anomalie, estime Olivier Pagezy, directeur général adjoint de Ricol Lasteyrie. On devrait avoir plus de rapprochements motivés par des projets industriels et non dans une optique financière».

Cette année, Ricol Lasteyrie a élargi son observatoire aux introductions en Bourse et aux augmentations de capital. La Place parisienne a enregistré 25 introductions de sociétés française (contre 15 en 2013), dont seulement 9 sur Alternext, «un chiffre très modeste, qui n’est pas à la hauteur des ambitions d’EnterNext», souligne Sonia Bonnet-Bernard, associée-gérante de Ricol Lasteyrie.

Mais ce marché «manque de profondeur, et souffre d’une base d’investisseurs insuffisante et d’un suivi d’analystes trop limité», ajoute Olivier Pagezy. D’autant plus si on le compare aux 146 IPO de sociétés britanniques sur l’AIM, le marché londonien des valeurs moyennes. En revanche, Paris a fait légèrement mieux que Francfort en nombre de nouvelles cotations.

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