
Les offres publiques à Paris devraient se stabiliser autour de trente par an

En dépit des soubresauts de l’inédit millésime 2020, la dynamique des offres publiques est restée stable l’an dernier. Avec 29 opérations – contre 30 l’année précédente – dont 58% sur le seul quatrième trimestre, constate le douzième Observatoire des offres publiques d’EY. «Si le premier trimestre est toujours calme, l’annonce du confinement présageait d’un manque de visibilité, peu propice à une activité soutenue, précise Damien Anzel, associé EY. Pourtant, les transactions, publiques comme privées, ont opéré un rattrapage spectaculaire au second semestre. La panique boursière de mars a créé des poches d’opportunité et un catalyseur pour des opérations regardées de longue date, que ce soit par des acquéreurs externes ou par les actionnaires de référence».
Le montant des actions acquises lors des offres publiques de 2020 a atteint 11,7 milliards d’euros, contre moins de 1 milliard en 2019. Toutefois le rachat d’Ingenico par Worldline pèse pour 63% du total. Si l’on ajoute les dossiers Altran et Iliad (lancés en 2019 mais finalisés en 2020), les trois premières opérations ont représenté 89% du total. En effet, près d’un tiers des cibles étaient cotées sur Euronext Growth, contre moins de 20% les deux années précédentes. «Chaque année, nous n’enregistrons que deux ou trois grandes opérations, mais progressivement s’installe une vraie tendance sur les mid et small caps», poursuit Damien Anzel.
Toutes amicales, les offres sont principalement initiées par un tiers, tandis que 41% sont des offres publiques de rachat d’actions (OPRA) ou des offres de l’actionnaire de référence. Plus d’une opération sur trois a été initiée par un fonds de capital-investissement. Le secteur technologique (informatique et biotech/medtech) représente désormais plus d’une opération sur deux, tandis que la part du secteur immobilier tombe de 20% à 3%.
La prime offerte progresse
La prime offerte sur le dernier cours progresse chaque année depuis quatre ans, passant de 19,8% en 2017 à 27,9% en 2020. «Elle reflète parfois un cours fortement décoté, mais aussi la solidité des fondamentaux de la société», explique Julie Madjour, associée EY. «La prime est toujours difficile à apprécier pour une valeur moyenne, dont le titre est plus volatil et moins couvert par les analystes, poursuit Damien Anzel. En outre, la montée en puissance de l’activisme actionnarial en France, y compris sur les plus petites valeurs, pousse les initiateurs à proposer des prix attrayants.» La prime sur la valeur d’expertise indépendante reste à deux chiffres (12,5%) mais recule par rapport au bond de 2019 à 16,9%.
Avec seulement sept introductions en Bourse l’an dernier, dont une seule sur le marché réglementé, la Place parisienne stagne et reste loin des 17 opérations de 2018. «Avec des fonds privés dont les exigences de rentabilité se sont réduites et qui offrent des positions longues, l’arbitrage se fait en leur faveur et non en celle de la Bourse, où la pression pour communiquer à outrance pour faire bouger le cours de l’action force au court-termisme», constate Damien Anzel.
Les retraits de la cote restent élevés avec 26 sorties, dont 20 à la suite d’une offre publique. Désormais plus d’une offre sur deux conduit à un retrait. «Avec l’évolution de la courbe des taux, la Bourse pourrait retrouver des attraits, anticipe Damien Anzel. Des grands groupes réfléchissent à la recomposition de leur portefeuille d’actifs et pourraient envisager des sorties par cotation.»
Rares augmentations de capital
2020 n’a pas été propice aux augmentations de capital par offres publiques, avec seulement 14 opérations (24 en 2019) pour 4,8 milliards d’euros (2,5 milliards en 2019). Alstom représente à lui seul 42% de ce montant. Ces augmentations de capital de 2020 «étaient motivées par des recompositions actionnariales (Iliad) ou par des situations stressée (Solocal et Technicolor) et non par des opérations classiques de financement de la croissance», constate Damien Anzel. «En 2020, les sociétés se sont concentrées sur leur gestion courante et ont peut-être préféré repousser des levées de fonds sur les marchés, compte tenu du contexte incertain», indique Julie Madjour. «D’autant que de plus en plus de fonds spécialisés offrent des crédits à des prix imbattables», poursuit Damien Anzel
«Nous anticipons les mêmes tendances en 2021, avec un nombre d’opérations similaire, et les mêmes secteurs de prédilection autour de la technologie (IT, santé, énergie verte), confie Damien Anzel. L’attrition de la cote parisienne devrait se poursuivre, avec plus de retraits que d’introductions». Depuis le début 2021, «une dizaine de dossiers sont déjà à l’AMF, conclut Julie Madjour. Le private equity, qui a toujours beaucoup de liquidités à investir, pourrait profiter des prix actuellement raisonnables en Bourse pour acquérir des actifs solides et en bonne santé, et ainsi réaliser de belles créations de valeur».
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