
Les écarts financiers se creusent entre Porsche et Volkswagen

La marque Porsche a publié vendredi ses premiers états financiers en tant que société cotée en Bourse, permettant une comparaison plus fine avec les performances de sa maison mère Volkswagen qui a annoncé ses résultats le même jour. Sur les neuf premiers mois de 2022, le bénéfice d’exploitation de Porsche AG a bondi de 40,6% à 5,05 milliards d’euros en rythme annuel, pour un chiffre d’affaires en hausse de 15,7% à 26,74 milliards. Si ses livraisons n’ont augmenté que de 2% à un peu plus de 221.500 véhicules, son mix-produit et des effets de change favorables ont contribué à renforcer sa rentabilité par véhicule. Sa marge d’exploitation consolidée ressort ainsi à 18,9%, tandis que son cash-flow libre a progressé de 13,5% à 3,27 milliards d’euros d’un an sur l’autre.
«Le troisième trimestre 2022 a été assez volatil et difficile d’un point de vue politique, économique et social. Néanmoins, nous avons été en mesure de réussir l’introduction en Bourse de Porsche et de prendre un bon départ», a déclaré le directeur financier Lutz Meschke. Le constructeur de voitures de sport a confirmé ses prévisions pour l’ensemble de l’année, à savoir une rentabilité opérationnelle de 17% à 18%. Il a également maintenu son objectif d’une marge comprise entre 17% à 19% à moyen terme et de 20% à long terme. Oliver Blume, président des directoires de Porsche et de Volkswagen, a expliqué que la récente introduction en Bourse de Porsche renforcera la liberté d’action de la filiale, tout en fournissant à Volkswagen les fonds dont il a besoin pour son programme d'électrification.
Charges exceptionnelles
Le groupe de Wolfsburg a annoncé un bénéfice d’exploitation sur 9 mois en hausse de 23,3% à 17,5 milliards d’euros hors éléments exceptionnels, correspondant à une marge de 8,6%. Le cash-flow libre de sa division automobile a reculé de 22,8% en rythme annuel à 5,6 milliards. «La marge unitaire de ses marques ‘premium’ s’est élevée à 9% contre un consensus à 11,4%», relèvent les analystes de RBC Capital, ajoutant que celle de Porsche a en revanche largement dépassé le consensus qui tablait sur 15,3%.
Au troisième trimestre, la rentabilité opérationnelle de Volkswagen a été pénalisée par 1,6 milliard d’euros de charges exceptionnelles liées à la suspension de ses activités en Russie et à la mise en Bourse de Porsche. Il a également passé une dépréciation de 1,9 milliard, sans impact sur sa trésorerie, liée à sa participation dans Argo AI, une startup de conduite autonome détenue conjointement avecFord, jusqu'à ce que les deux constructeurs décident mercredi dernier de tirer un trait sur cet investissement.
Le groupe a maintenu son objectif annuel consistant à atteindre la limite supérieure d’une marge d’exploitation de 7 à 8,5%, en tirant parti de la forte reprise du marché chinois et d’une tension moindre sur son approvisionnement en semi-conducteurs. Mais le premier constructeur automobile européen s’attend désormais à ce que ses livraisons en 2022 soient «à peu près identiques à celles de l’an dernier», alors qu’il prévoyait auparavant une hausse de 5% à 10%, ce qui prouve que ses problèmes logistiques ne sont pas encore derrière lui. Entre janvier et septembre derniers, ses livraisons ont reculé de 12,9% à un peu plus de 6 millions de véhicules en rythme annuel.
A l’instar des autres grands constructeurs automobiles allemands, Volkswagen est fortement exposé à la Chine, ce qui le place en situation de vulnérabilité compte tenu des risques économiques et géopolitiques qui pèsent désormais sur ce marché.
Plus d'articles du même thème
-
ALD plonge en Bourse après l'annonce de ses objectifs
La filiale de la Société Générale spécialisée dans le financement automobile a présenté son plan «PowerUp 2026». Son action chute de plus de 10% à la Bourse de Paris lundi. -
L’appétit d’ogre de BYD, prêt à croquer le marché automobile européen
Les constructeurs chinois ne cachent plus leurs ambitions en Europe. Une concurrence prise très au sérieux par les acteurs continentaux et par Bruxelles. -
L'automobile américaine se met en grève
Les salariés de trois grandes usines situées dans le Michigan, le Missouri et l'Ohio ont entamé une grève ciblée dont l'impact devrait pour le moment rester limité.
Sujets d'actualité
- Société Générale : le mythe têtu de la «création de valeur»
- La Société Générale dévoile des ambitions décevantes pour 2026
- Après les années Oudéa, Slawomir Krupa met la Société Générale au régime sec
- L’ancien patron de la Bred, Olivier Klein, arrive chez Lazard
- La zone euro se dirige vers la récession
Contenu de nos partenaires
-
Exclusif
Séisme au Maroc: dans les coulisses du jour le plus long de Mohammed VI
L'Opinion a reconstitué les premières heures post sinistre du roi du Maroc pour répondre à la catastrophe naturelle la plus mortelle de son règne -
Spécial Pologne
« Les Russes veulent revenir » - la tribune d'Eryk Mistewicz
« Il y a 30 ans, le dernier soldat soviétique a quitté la Pologne. À en croire les idéologues de Poutine, les Russes aimeraient aujourd'hui retourner en Pologne et dans toute l'Europe centrale. Nous faisons tout, nous, Polonais et Ukrainiens, Français aussi, tous en Europe et aux États-Unis, pour les en empêcher », explique le président de l'Instytut Nowych Mediówryk. -
Editorial
Antonio Guterres, le prophète de malheur qui ne fait peur à personne
Le Secrétaire Général de l’Onu va crescendo dans les prévisions apocalyptiques