Les écarts financiers se creusent entre Porsche et Volkswagen

Le cash-flow libre du constructeur de voitures de sport a progressé de 13,5% sur 9 mois, contre un recul de 22,8% pour sa maison mère.
Yves-Marc Le Réour
Le logo Porsche. Photo: Bloomberg
Sur les neuf premiers mois de 2022, le bénéfice d’exploitation de Porsche AG a bondi de 40,6%.  - 

La marque Porsche a publié vendredi ses premiers états financiers en tant que société cotée en Bourse, permettant une comparaison plus fine avec les performances de sa maison mère Volkswagen qui a annoncé ses résultats le même jour. Sur les neuf premiers mois de 2022, le bénéfice d’exploitation de Porsche AG a bondi de 40,6% à 5,05 milliards d’euros en rythme annuel, pour un chiffre d’affaires en hausse de 15,7% à 26,74 milliards. Si ses livraisons n’ont augmenté que de 2% à un peu plus de 221.500 véhicules, son mix-produit et des effets de change favorables ont contribué à renforcer sa rentabilité par véhicule. Sa marge d’exploitation consolidée ressort ainsi à 18,9%, tandis que son cash-flow libre a progressé de 13,5% à 3,27 milliards d’euros d’un an sur l’autre.

«Le troisième trimestre 2022 a été assez volatil et difficile d’un point de vue politique, économique et social. Néanmoins, nous avons été en mesure de réussir l’introduction en Bourse de Porsche et de prendre un bon départ», a déclaré le directeur financier Lutz Meschke. Le constructeur de voitures de sport a confirmé ses prévisions pour l’ensemble de l’année, à savoir une rentabilité opérationnelle de 17% à 18%. Il a également maintenu son objectif d’une marge comprise entre 17% à 19% à moyen terme et de 20% à long terme. Oliver Blume, président des directoires de Porsche et de Volkswagen, a expliqué que la récente introduction en Bourse de Porsche renforcera la liberté d’action de la filiale, tout en fournissant à Volkswagen les fonds dont il a besoin pour son programme d'électrification.

Charges exceptionnelles

Le groupe de Wolfsburg a annoncé un bénéfice d’exploitation sur 9 mois en hausse de 23,3% à 17,5 milliards d’euros hors éléments exceptionnels, correspondant à une marge de 8,6%. Le cash-flow libre de sa division automobile a reculé de 22,8% en rythme annuel à 5,6 milliards. «La marge unitaire de ses marques ‘premium’ s’est élevée à 9% contre un consensus à 11,4%», relèvent les analystes de RBC Capital, ajoutant que celle de Porsche a en revanche largement dépassé le consensus qui tablait sur 15,3%.

Au troisième trimestre, la rentabilité opérationnelle de Volkswagen a été pénalisée par 1,6 milliard d’euros de charges exceptionnelles liées à la suspension de ses activités en Russie et à la mise en Bourse de Porsche. Il a également passé une dépréciation de 1,9 milliard, sans impact sur sa trésorerie, liée à sa participation dans Argo AI, une startup de conduite autonome détenue conjointement avecFord, jusqu'à ce que les deux constructeurs décident mercredi dernier de tirer un trait sur cet investissement.

Le groupe a maintenu son objectif annuel consistant à atteindre la limite supérieure d’une marge d’exploitation de 7 à 8,5%, en tirant parti de la forte reprise du marché chinois et d’une tension moindre sur son approvisionnement en semi-conducteurs. Mais le premier constructeur automobile européen s’attend désormais à ce que ses livraisons en 2022 soient «à peu près identiques à celles de l’an dernier», alors qu’il prévoyait auparavant une hausse de 5% à 10%, ce qui prouve que ses problèmes logistiques ne sont pas encore derrière lui. Entre janvier et septembre derniers, ses livraisons ont reculé de 12,9% à un peu plus de 6 millions de véhicules en rythme annuel.

A l’instar des autres grands constructeurs automobiles allemands, Volkswagen est fortement exposé à la Chine, ce qui le place en situation de vulnérabilité compte tenu des risques économiques et géopolitiques qui pèsent désormais sur ce marché.

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