Les chocs de 2022 rebattent les cartes de la communication financière

Les entreprises cotées européennes revoient leurs messages lors des semestriels : davantage de place pour les guidances et l’adaptation aux crises, moins pour l’extrafinancier.
Lionel GARNIER

Alors que la saison des résultats semestriels bat son plein de part et d’autre de l’Atlantique, les grandes entreprises cotées européennes ajustent leur communication à destination des investisseurs à la lumière des enjeux du moment. Ceux-ci sont marqués par l’accumulation des chocs, entre guerre russo-ukrainienne, flambée des prix et normalisation des politiques monétaires. La fintech Scalens s’est livrée à une analyse de la structure et de la teneur des messages délivrés au marché par les 166 premières sociétés européennes à dévoiler leurs comptes – sur les 600 qu’elle couvre dans dix pays (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Finlande, Norvège et Suède).

Premier enseignement, les grandes capitalisations étudiées restent collectivement sur une dynamique de croissance avec une hausse moyenne de 11% de leur chiffre d’affaires au 30 juin sur un an, assortie d’une excellente dynamique des résultats opérationnels qui progressent de 23%. France et Royaume-Uni se distinguent avec des chiffres d’affaires de meilleure tenue, en hausses respectives de 20% et 23%, « des rythmes expliqués par les performances des secteurs pétrole, défense et luxe pour ces deux pays », estime Bénédicte Hautefort, co-directrice générale de Scalens.

Face à la nouvelle donne de l’inflation et aux tentions parfois aiguës sur les chaînes d’approvisionnement, beaucoup d’entreprises tentent de convaincre sur leur pricing power, c’est à dire leur capacité à pouvoir augmenter leur prix, et leurs efforts de réorganisation. « 29% des entreprises ont communiqué sur un plan de réduction des coûts, une proportion inhabituellement élevée, hors période de crise », poursuit l’experte. Sans doute la volonté de prendre de l’avance sur les effets des durcissements des politiques monétaires pour la croissance économique.

Une autre tendance remarquée concerne la perte de terrain de la communication extra-financière qui paradoxalement, gagne en intensité. « Seules 27% des entreprises ont présenté un point d’étape extra-financier au cours du semestre, en fournissant des indicateurs ESG, contre 38% un an plus tôt », souligne Bénédicte Hautefort.

Davantage de guidances

Alors que 18% des entreprises étudiées ont annoncé ou renforcé des programmes de rachat d’actions, elles prennent soin de mieux répondre à l’exigence de visibilité des investisseurs : 64% offrent une guidance chiffrée pour 2022 - contre seulement 45% un an plus tôt - et, « signe d’un bon moral », la moitié de ces perspectives sont en hausse.

A l’échelle européenne, 16% offrent des prévisions sur la trajectoire du bénéfice par action, 17% sur le cash-flow, 25% sur les ventes et 29% sur la marge opérationnelle.

Si, du côté français et britannique, les entreprises dévoilent des projections sur plusieurs indicateurs - notamment 20% ont des prévisions de bénéfices par action (BPA) -, des différences sont manifestes chez les voisins européens. L’école allemande privilégie les prévisions sur le cash-flow. Pas moins de 30% des entreprises outre-Rhin y font référence, une proportion qui monte à 35% en Suède et même 45% en Belgique. A l’inverse, seules 10% des allemandes fournissent une guidance sur le BPA. En Italie ou aux Pays-Bas, l’accent est davantage mis sur les anticipations de ventes – respectivement 33% et 45% - et sur la marge opérationnelle – à 33% et 25%.

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