
Les airbags défectueux de Takata empoisonnent l’industrie automobile
C’est l’une des conséquences de la mondialisation et de la sous-traitance. L’affaire des airbags défectueux du fabricant Takata est en train polluer l’ensemble de l’industrie automobile.
Une dernière série de mésaventures s’est produite la semaine dernière. Jeudi, Honda, le premier client de Takata, a indiqué qu’il rappelait 4,89 millions de véhicules supplémentaires. Cette annonce porte à 19,6 millions le nombre d’unités affectées de ce seul constructeur depuis le début de l’affaire en 2008 – qui a déjà coûté son poste à son directeur général Takanobu Ito. Un jour plus tôt, Toyota rappelait 5 millions de véhicules, sa filiale Daihatsu 260.000 et Nissan 1,56 million.
Avec ce dernier round, les rappels relatifs aux airbags ont dépassé les 36 millions. L’affaire mobilise également les régulateurs. La NHTSA, la direction américaine de la sécurité routière, a déclaré qu’elle annoncerait bientôt de «nouvelles mesures importantes» visant à accélérer le rappel de véhicules équipés d’airbags Takata.
Si l’affaire est inédite par son ampleur, les rappels massifs se multiplient dans l’industrie automobile. L’année dernière, General Motors avait effectué pas moins de 74 rappels, représentant 30 millions de véhicules, pour diverses anomalies (direction assistée, système d’allumage...); Ford a connu deux années difficiles (2013 et 2014), tandis que Toyota a vécu une période noire aux Etats-Unis en 2009 et 2010 qui lui a coûté plus de 1,1 milliard de dollars d’indemnisations, sans compter l’effet sur les ventes.
Perçus par le public comme un sens des responsabilités jusqu’au début de la décennie 2000, en particulier aux Etats-Unis, les rappels menacent aujourd’hui les constructeurs et leurs équipementiers par les risques juridiques qu’ils font peser sur eux –en particulier si les défauts incriminés ont provoqué des dommages corporels. Takata est ainsi visé par plusieurs actions judiciaires en nom collectif (class actions) aux Etats-Unis et au Canada.
L’ampleur prise par les rappels au fil des ans s’explique par l’évolution de la conception des véhicules. Elaborés en plate-forme (une stratégie encore balbutiante à la fin des années 1990), les modèles partagent un nombre croissant de composants qui, en outre, sont confiés à un nombre plus restreint d’équipementiers à travers le monde. Ce qui alimente également la concentration du secteur. Takata fournit ainsi dix constructeurs. La probabilité qu’une défaillance se répercute à travers le monde s’accroît.
Plus d'articles du même thème
-
Les agences de crédit affichent leur optimisme pour la Péninsule ibérique
S&P Global a relevé vendredi d’un cran à «A+» la note de l’Espagne, tandis que Fitch a aussi rehaussé d’un cran à «A» celle du Portugal, avec une perspective stable dans les deux cas. -
Boeing échoue encore à faire cesser la grève dans son pôle défense
Le conflit, qui touche trois usines américaines, va se poursuivre après le rejet vendredi de la dernière proposition de convention collective présentée par l’avionneur. -
«L’or demeure l’une de nos convictions fortes»
Nicolas Laroche, Global Head of Advisory & Asset Allocation, UBP
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
Contenu de nos partenaires
-
C'est non !
L’appel de la tech française contre la taxe Zucman
Start-uppers et investisseurs affirment que la taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros est non seulement « contre-productive » mais aussi « inopérante ». Et détourne de l'essentiel : le risque de décrochage -
Editorial
L'imposture des hausses d'impôts comme compromis budgétaire
Le compromis, pardon : cette compromission fiscale sur le dos des entreprises est une impasse -
Tribune libre
Appel des entrepreneurs de la tech contre la taxe Zucman : « Ne cassons pas l’élan entrepreneurial français ! »
« Pour nous, entrepreneurs et investisseurs français, la proposition de Zucman est non seulement inopérante, mais elle nous détourne du principal enjeu de notre pays : le risque d’un décrochage économique et technologique par rapport au reste du monde, dans un contexte international de plus en plus dangereux et fragmenté »