
Les actions foot retrouvent un indice

Les actions des clubs de football cotés en Bourse sont proches de trouver un second souffle. Orphelines d’indice depuis août 2020 et l’arrêt du Dow Jones Stoxx Europe Football Index – la référence pendant 28 ans – elles vont bientôt en avoir un nouveau. A ceci près que cet indice répondra à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) propres au monde du football.
L’agence de notation extra-financière britannique Standard Ethics a ainsi annoncé, lundi 19 juillet, le lancement de l’indice SE European Football. Il sera composé de dix clubs de football cotés en Bourse piochés dans une liste de 22 titres dont l’Olympique Lyonnais, l’unique équipe française cotée en bourse et la seule parmi les 22 postulantes à avoir recréé un indice temporaire basé sur celui de Stoxx dans ses rapports financiers.
L’indice de Standard Ethics sera calculé à la fermeture des marchés le 25 mars 2022 et sera actif à partir du 28 mars 2022, avec des mises à jour semestrielles en septembre et en mars. Outre la taille du marché des clubs, principal critère de sélection de l’indice, d’autres variables, formant 30% de la sélection au total, seront prises en compte. Cela inclut les stratégies ESG des clubs; le reporting extra-financier et financier; la qualité des publications mais aussi la disponibilité de documentation publique et multilingue.
Attention aux cartons
Standard Ethics précise que certaines variables seront analysées selon trois axes. Le premier axe se rapporte aux événements se déroulant sur le terrain pendant les matchs des clubs de football cotés. Cela inclut les avertissements, les expulsions, les actions anti-sportives graves, la violence ou l’incitation à la violence, le fair-play et l’honnêteté sportive.
Le deuxième axe concerne le stade et les supporters. Il comprend les déclarations anti-sportives, les troubles dans et en dehors du stade, les infractions sportives et la responsabilité sportive.
Enfin, le troisième axe se réfère à la gouvernance, au bilan des clubs selon les sous-jacents suivants : monopole, domination de marché, propriété, indépendance et autonomie des dirigeants, pactes syndicaux et contrôles occultes et durabilité et transparence.
Le poids des différents composants de l’indice découlera du Standard Ethics Rating (SER), une notation de durabilité qui mesure la conformité des entreprises évaluées vis-à-vis des directives de l’UE, de l’OCDE et de l’ONU en matière de durabilité. «L’objectif de l’Indice est, d’une part, de fournir une vue d’ensemble de la durabilité à l’intérieur du secteur et de la communauté du football et, d’autre part, de suivre les progrès que les clubs européens sont en train de faire dans ce domaine. Standard Ethics a déjà eu dans le passé des rapports avec des fédérations et associations de football et a noté que la notion de durabilité a d’amples marges de mise en œuvre», explique l’agence.
Les gérants pas fans de foot
Standard Ethics souligne que son indice peut être utilisé par les sociétés de gestion pour construire leurs portefeuilles ESG. Cependant, les actions football demeurent difficilement attractives pour les investisseurs. Le report de l’introduction en Bourse de l’équipe belge Club Bruges, qui était prévue en mars dernier, illustre entre autres ces difficultés. La direction avait d’ailleurs blâmé les conditions de marché pour le report.
Aussi Allianz Global Investors, Mandarine Gestion et Uzès Gestion ont-ils en commun de gérer un fonds sur la thématique du sport mais aucun n’est investi dans le foot. «Nous ne sommes actuellement pas positifs sur l’industrie du football, explique Arnaud Morvillez, gérant du fonds Uzès Sport à L’Agefi. Notre fonds n’investit donc pas dans les actions des clubs de football pour diverses raisons. L’environnement actuel n’est pas attractif en raison de la crise du Covid-19, du manque de diversification des revenus des clubs, de la baisse de la billetterie et des droits télévisuels et des difficultés des clubs à faire face à leur passif quand un événement survient comme le Covid en 2020. Nous voyons aussi trop d’aléas notamment sportifs (qualification pour les coupes européennes, trading de joueurs), qui forment beaucoup d’obstacles pour investir dans les actions foot.»
Le comité d’experts qui conseille le fonds estime qu’un modèle de ligue fermée comme celui de la Super ligue européenne proposée mi-avril serait plus propice pour les investisseurs professionnels. Pour Arnaud Morvillez, très peu de clubs cotés comme l’Olympique Lyonnais tentent de se diversifier dans de nouvelles activités. La majorité, dit-il, reste dépendante des droits télés, surtout en France.
Il indique néanmoins que le fonds Uzès Sport pourrait «probablement envisager» un investissement dans des clubs de football cotés évoluant en deuxième ou troisième division. «Ceux-ci sont bien structurés, moins dépendants des droits télés et des qualifications aux compétitions européennes.»
Plus de clubs doivent se coter
CF Intercity, club de quatrième division espagnole, devrait bientôt devenir la première équipe d’Espagne cotée en Bourse sur le segment Growth de la Bourse espagnole BME. Sa «dimension économique réduite» ne permettra pas son inclusion dans les postulants à l’indice, indique Standard Ethics. Pour l’agence de notation, «il serait souhaitable que d’autres parmi les plus grands clubs espagnols et européens considèrent dans l’avenir l’idée d’être cotés en Bourse.»
La nouvelle réjouit Luis Garcia, gérant de portefeuille du fonds Mapfre Behavioral chez Mapfre AM, qui estime que cette cotation en appellera d’autres. Le gérant est investi dans trois clubs de football (Olympique Lyonnais, Ajax Amsterdam et Borussia Dortmund) et considère que les actions foot demeurent sous-valorisées.
Pour aller plus loin, un dossier spécial sur l'économie du football paraîtra dans l’Agefi Hebdo du jeudi 22 juillet.
Plus d'articles du même thème
-
Eurex lance son contrat à terme sur la dette de l’Union européenne
Ce contrat «future» sur la dette UE a coté pour la première fois mercredi 10 septembre, neuf mois après celui lancé par ICE. Il ambitionne de devenir la référence. Pour l’UE, il s’agit d’une étape supplémentaire dans la constitution d’un marché de la dette. -
Les regtechs aident les banques à se moderniser
La deuxième édition du Regtech Day a montré comment les start-up innovantes contribuent à insuffler du mouvement parmi les fonctions de contrôle interne et de conformité des grands établissements. -
Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
La plus petite des trois grandes agences de notation de crédit ouvre, ce vendredi, la séquence automnale des révisions du profil de risque de la France.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Cuba : une nouvelle panne d'électricité géante pour la cinquième fois en un an
La Havane - Une nouvelle panne générale d'électricité touche Cuba mercredi, la cinquième en moins d’un an sur l'île, qui fragilise l’activité économique du pays et met à rude épreuve la vie quotidienne des habitants. «Il y a eu une déconnexion totale du système électrique qui pourrait être liée à une panne inattendue» de la centrale électrique Antonio Guiteras, située au centre de l'île, a indiqué le ministère de l'Énergie et des Mines sur son compte X. Les autorités ont précisé par la suite que la panne, qui s’est produite aux alentours de 09H15 locales (13H15 GMT), était due à un signal erroné de surchauffe dans la chaudière de la centrale électrique, la plus importante du pays, ce qui a provoqué son arrêt et l’effondrement de l’ensemble du réseau. Le Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, a assuré sur X que le pays avait «une stratégie bien définie» pour rétablir l'électricité «dans les plus brefs délais». Depuis octobre 2024, l'île communiste de 9,7 millions d’habitants a déjà subi quatre pannes généralisées, dont certaines ont duré plusieurs jours. Dans les rues de la capitale, de rares feux de signalisation fonctionnent, récemment équipés de panneaux solaires, tandis que de nombreuses personnes ont regagné leur domicile pour tenter de se préparer à l'éventualité d’une panne prolongée. «A nouveau, une journée de perdue ! Agonie et tristesse et pour certains désespoir», déplore auprès de l’AFP Alina Gutiérrez, 62 ans, qui a appris la nouvelle de la panne alors qu’elle faisait des achats sur un marché de fruits et légumes dans un quartier central de La Havane. Elle se hâte maintenant de rentrer chez elle, pour «prendre toute l’eau possible» de réserve et «attendre pour voir combien de temps cela va durer», alors que de nombreux immeubles dans la capitale sont alimentés en eau grâce à des pompes électriques. Dimanche, cinq des quinze provinces de l'île avaient déjà été plongées plusieurs heures dans l’obscurité en raison d’une panne sur une ligne du réseau électrique. «Dépense importante» Outre les grands hôtels et certains hôpitaux, dotés de groupes électrogènes, de plus en plus de familles et de propriétaires de petits commerces privés ont acquis de petits générateurs électriques pour pallier les pannes et délestages toujours plus fréquents. Mercredi, dans les quartiers les plus aisés de La Havane, le ronronnement de générateurs est continu, mais les coupures fragilisent notamment les petits commerces privés, qui ont fleuri depuis leur autorisation en 2021. «Cela nous affecte beaucoup», explique à l’AFP Odette Leon, 34 ans, propriétaire d’une pâtisserie dans l’ouest de la capitale. «Nous avons un générateur, mais cela entraîne une dépense plus importante parce qu’il faut du carburant, qui en ce moment n’est pas très facile à trouver», explique-t-elle, en demandant à ses employés d’annuler les commandes jusqu'à nouvel ordre. Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique, avec un manque cruel de devises, et le système électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays ont presque toutes été inaugurées dans les années 1980 et 1990. Elles tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance. Deux centrales flottantes louées à une entreprise turque et des générateurs, qui complètent le réseau énergétique, sont alimentés par des combustibles que Cuba importe difficilement. L’installation récente de trente parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, sur les 52 prévus pour cette année, n’a pas permis pour l’heure de faire diminuer les coupures. Pendant l'été, alors que la consommation atteint des pics en raison des températures élevées, les délestages se sont multipliés. Selon les autorités, ces coupures programmées ont duré en moyenne près de quinze heures par jour en août et seize heures en juillet, dans tout le pays. Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies. Outre les coupures d'électricité, les habitants souffrent de pénuries en tous genres et d’une forte inflation. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l'échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962. Jordane BERTRAND © Agence France-Presse -
Au nom de la rose
Entre le PS et Macron, la guerre des nerfs
Le chef de l'Etat est en première ligne pour tenter d'obtenir un accord de non-censure avec les socialistes. Sébastien Lecornu sera à la manoeuvre, mais c'est le bien lui qui décidera ce qu'il consent à lâcher -
Tour de chauffe
« Bloquons tout » cible Macron, les syndicats en embuscade
Après la mobilisation de mercredi, les organisations syndicales font monter la pression sur Sébastien Lecornu pour leur journée d'action du 18 septembre