
Lectra s’offre un couronnement boursier mérité mais tardif


Lectra joue désormais dans la cour des grands. Le numéro un mondial de la découpe de matériaux souples pour les secteurs de la mode, de l’automobile et de l’ameublement a intégré lundi l’indice SBF 120, signe de reconnaissance du changement de dimension opéré par la société, qui traverse pourtant une zone de turbulences.
En s’offrant début 2021, en pleine crise sanitaire, son principal concurrent, l’américain Gerber pour 300 millions d’euros, la société bordelaise, qui fête ses 50 ans cette année, a prouvé qu’elle avait l'étoffe d’un leader. «Avec Gerber, Lectra a opéré une impressionnante montée en puissance qui a considérablement renforcé sa présence mondiale», commente un analyste parisien.
L’opération a augmenté le chiffre d’affaires du groupe d’environ 60%, lui permettant d’atteindre une taille critique et de devenir incontournable aux Etats-Unis, son deuxième marché, juste derrière l’Asie.
Fort de ce changement de dimension, Lectra a présenté en février une nouvelle feuille de route stratégique et ses objectifs financiers pour la période 2023-2025. Portée par le dynamisme de ses activités récurrentes, la société vise pour 2025 un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros, contre 521,9 millions d’euros en 2022, et une marge d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) courante de plus de 20%, à comparer à 18,8% en 2022.
Les activités récurrentes de Lectra comprennent la maintenance, les consommables et surtout sa plateforme SaaS («Software as a Service», ou logiciel en tant que service), tandis que ses activités non récurrentes consistent en la vente de nouveaux équipements et de logiciels.
Conscient de la trop grande cyclicité des revenus non récurrents et soucieux de sécuriser son modèle, Lectra, à l’image du fabricant d'étiquettes électroniques SES-imagotag, pousse les feux depuis plusieurs années sur ses activités récurrentes, plus défensives et plus rentables. En 2022, les revenus récurrents ont représenté 60% du chiffre d’affaires de Lectra, qui compte accroître ce pourcentage dans les années à venir grâce à l’essor du Saas, qui devrait représenter 70 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit 10% du total, en 2025, contre 21 millions d’euros en 2022.
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Trou d’air
En attendant, l’entrée de Lectra au SBF 120 intervient dans une conjoncture difficile. Deux mois à peine après la présentation de ses nouveaux objectifs, la société a vu les commandes pour ses activités non récurrentes chuter et a lancé en avril un avertissement sur l’exercice 2023 dans le sillage de résultats du premier trimestre en net repli.
Fin juillet, les résultats du deuxième trimestre ont confirmé cette mauvaise passe et encouragé les investisseurs à se tenir à distance du titre, qui accuse une baisse de 24,7% depuis le début de l’année, en attendant des signes de reprise. Les résultats du troisième trimestre de Lectra, prévus le 25 octobre, pourraient permettre d’en savoir plus sur ce point.
A cette occasion, «je serai très attentif aux signaux laissant augurer un rebond des revenus non récurrents», indique l’analyste parisien, qui rappelle que les trous d’air de Lectra ne durent traditionnellement que trois à quatre trimestres.
Selon lui, l’espoir est permis pour les mois d'été. Si les commandes non récurrentes ont chuté de 27% sur un an au deuxième trimestre, elles ont progressé de 11% par rapport au premier trimestre 2023, grâce à une amélioration en juin, souligne l’analyste.
Une nouvelle embellie entre juillet et septembre pourrait amener le titre Lectra à se rapprocher de l’objectif de cours moyen des analystes, qui se situe selon FactSet à 31,25 euros. Soit un potentiel de hausse d’environ 15,2%.
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