
Le vaccin antiCovid de Valneva doit encore lever des doutes

Est-il moins important que le vaccin de Valneva contre le Covid-19 soit sûr et efficace que de disposer d’un contrat pour le commercialiser ? La lecture du cours de Bourse pourrait le laisser penser. Les choses ne sont pas aussi simples.
Le titre de la société de biotechnologie avait chuté de 19,9 euros à 11,6 euros à la mi-septembre à l’annonce de la résiliation par le Royaume-Uni d’un contrat pour la fourniture de 100 millions de doses de vaccin. Lundi, il a flambé de 32,8% - ne récupérant qu’une partie du terrain perdu - pour clôturer à 15,9 euros. Valneva a fait état de résultats cliniques de phase 3 montrant que son vaccin avait généré davantage d’anticorps comparé à celui du laboratoire britannique Astrazeneca, avec moins d’effet indésirables.
« Les premiers résultats de cet essai sont clairement prometteurs avec des critères biologiques supérieurs au vaccin d’Astrazeneca et une sécurité d’emploi très bonne », note Oddo BHF.
Enthousiasme mesuré
Pourquoi les investisseurs ne font-ils pas preuve de plus d’enthousiasme ? « L'étude de Valneva est la première menée en vue d’une homologation en comparaison d’un autre vaccin, ce qui soulève quelques questions quant à son efficacité absolue », remarque Jamila El Bougrini, analyste chez Invest Securities.
Habituellement, les résultats d’efficacité des vaccins sont donnés en pourcentage d’efficacité, mesuré à partir du nombre de cas ayant développé le Covid-19 tout en étant vaccinés.
Valneva détient des données comparatives sur ce plan par rapport au vaccin d’Astrazeneca mais ne les a pas révélées à ce stade, indiquant seulement que la fréquence des cas de Covid était semblable dans les deux groupes vaccinés. D’autre part, la sécurité de l’emploi montrée dans l'étude ne présage pas d’un meilleur profil du vaccin de Valneva sur une plus longue période. Les rares cas de thromboses survenus chez des patients vaccinées avec Astrazeneca avait été décelés après coup. L'étude clinique du laboratoire britannique qui portait pourtant sur une population d’une taille dix fois supérieure à celle de Valneva, n’avait pas permis de les identifier, rappelle également Jamila El Bougrini.
En dépit de la résiliation de son contrat au Royaume-Uni, le groupe a commencé la soumission progressive du dossier de demande d’autorisation auprès de l’agence de santé britannique (MHRA). Sauf hypothétique revirement de Londres, l’enjeu commercial d’une telle démarche paraît limité.
La société de biotechnologie se prépare en parallèle à débuter une soumission progressive auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA), souhaitant obtenir une autorisation de mise sur le marché conditionnelle. Cette procédure est spécifiquement conçue pour permettre les autorisations de mise sur le marché le plus rapidement possible, dès que des données suffisantes sont disponibles.
Rappels et marchés émergents, deux débouchés potentiels
L’homologation par les agences sanitaires est bienvenue mais Valneva devra surtout obtenir des contrats. Sans contrat avec un Etat, l’homologation d’un vaccin antiCovid ne crée pas de valeur.
La technologie classique dite à «virus inactivé» développée par Valneva pour son vaccin le positionne d’emblée comme un bon candidat à la vaccination de rappel dans les pays occidentaux. D’abord parce que les vaccins inactivés ont démontré par le passé être particulièrement appropriés pour ce genre de vaccination. Ensuite parce que cette approche traditionnelle pourrait plus facilement convaincre les réticents aux vaccins à ARN messager.
Potentiellement, grâce un prix de vente plus adapté et une meilleure facilité de conservation, le vaccin de Valneva pourrait aussi trouver des débouchés dans les pays émergents, loin d'être la priorité des laboratoires américains Pfizer et Moderna. Le préalable sera cependant de s’y faire homologuer.
Si ce n’est en Europe, l’histoire du vaccin de Valneva a donc bien de bonnes chances de pouvoir s'écrire. Toutefois, son parcours d’obstacle est loin d'être terminé.
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